XVII. AUTO-CONSOMMATION ET COMMERCE AGRICOLE

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Achat de graines et de plants

Il est habituel de signaler qu'autrefois, dans certains cas, et pour quelques plantes également aujourd'hui, les semences étaient obtenues en sélectionnant les meilleures des propres récoltes ou par échange entre les agriculteurs du village ou des environs. Les plantes étaient cultivées dans une pépinière aménagée à cette fin dans la ferme ou il existait des maisons qui se consacraient à cette tâche et où se rendaient les gens pour en acheter.

Achat d'engrais

Jusqu'au début du XXe siècle, les engrais organiques étaient les plus courants et les plus appréciés. D'une part, nous avons l'engrais produit par les animaux de trait –bœufs et vaches, ânes, chevaux, mules– formé par un mélange de leurs déjections avec de paille et de la fougère. La fermentation se complétait dans les tas de fumier amoncelés, soit à l'étable, soit dans la basse-cour de la maison, ou encore en dehors du village, à côté des aires de battage, surtout, ou sur le bord des chemins ou en bordure de certains champs, et dans les enclos dans la campagne, fréquemment de propriété et de distribution municipale.

Plus récemment, et à la suite de la grande réduction du bétail domestique et de la quasi disparition des étables et des basses-cours, l'agriculteur a recours aux engrais minéraux, aux pesticides, aux herbicides, etc. qui se vendent dans le commerce. Il existe une conscience relativement étendue, chez les paysans, du fait que même s'ils sont contraints de les utiliser, ils polluent gravement les sols.

Fabrication propre d'outils

À Bernedo (A), ce sont les propres villageois qui fabriquaient la plupart des outils, comme les balais de biércol, bruyère ; de même, à Apodaka (A), certains confectionnaient leurs balais avec le berozo qu'ils coupaient dans les larras. À Pipaón (A) et dans la vallée de Roncal (Ustárroz, Isaba et Urzainqui), il a été recueilli que les petits outils agricoles se fabriquaient à la maison.

À Aoiz (N), quelques-uns des outils employés dans les tâches agricoles étaient élaborés par les propres agriculteurs : charrettes, manches pour outils en fer, jougs et autres. À Abadiño (B), les pièces en bois comme les râteaux ou les manches pour les houes, les haches, etc., étaient préparées et réparées à la maison. Quand des paniers étaient nécessaires, on se rendait chez le vannier local. À Urduliz (B), comme les manches d'outils étaient fabriqués à la maison, on faisait provision d'une réserve de bois ramassé en montagne pour qu'il soit bien sec.

À Amorebieta-Etxano (B), ils signalent que comme dans les fermes il y avait des personnes qui travaillaient dans les manufactures du village, il était habituel qu'à leurs moments libres ils confectionnent des dents et de petites pièces métalliques pour les outils agricoles.

Anciennement, pendant les longues soirées d'hiver, plusieurs voisins se réunissaient pour élaborer des cordes pour les charrettes et des licous pour le bétail. Ils les fabriquaient à partir de cordes de botteleuse en éliminant leurs nœuds. Les paniers de semailles étaient confectionnés avec un bois léger, comme le peuplier ou le pin. Entre plusieurs personnes, ils élaboraient les cordes ; le chapeau des bœufs se faisait avec une peau de mouton et leurs chaînes étaient réparées par le forgeron de la localité.

Achat d'outils

Les outils qui n'étaient pas fabriqués à la maison étaient élaborés par les artisans locaux ou achetés dans les commerces du village ou du bourg voisin. Les foires agricoles ou consacrées pour moitié à l'agriculture et pour moitié au bétail, étaient aussi de bons endroits pour s'approvisionner en matériel agricole.

Réparation des outils

Une information courante est que la réparation des outils s'effectuait, dans la mesure du possible, à la maison, principalement quand il faisait mauvais temps pour travailler aux champs. Sinon, on recourait au forgeron ou à l'artisan local. Plus récemment, pour la réparation des nouvelles machines, on les expédie chez le fabricant qui les a vendues ou à son distributeur.

Marchés et foires agricoles

Les agriculteurs ont toujours utilisé le marché du village, s'il existe, pour vendre leurs produits, et continuent à l'utiliser ; sinon, ils se rendent dans les bourgs proches.

Vente directe

Outre l'assistance aux foires et aux marchés agricoles, il était, et il reste, fréquent d'avoir des clients fixes, soit individuels, soit des grossistes ou des détaillants auxquels on livrait directement les marchandises, qui peuvent aussi être écoulées via les coopératives locales.

Foires extraordinaires

Il existe des foires et des marchés ordinaires nettement agricoles, comme nous avons pu le voir plus haut. Mais aussi des foires agricoles extraordinaires sont organisées, dont certaines sont citées dans cette section ; il est fréquent que ce soit des foires à la fois agricoles et de bétail, où même domine le volet élevage, complété par la vente d'outils et de machines agricoles. Ces foires et marchés attirent les vendeurs de produits fermiers, de type pâtisseries, charcuteries, etc., et l'offre s'étend même jusqu'aux confections artisanales, y compris de vendeurs non producteurs. L'occasion est également mise à profit par les vendeurs d'habillement, de jouets, d'objets décoratifs, de disques ou d'artisanat en provenance de pays sud-américains et africains, dont la présence contraste fortement avec le caractère rural et traditionnel des stands de produits locaux.

Un peu partout dans la géographie de Vasconia, de nombreuses foires ont lieu tout le long de l'année pour faire connaître et vendre certains produits de saison comme les tomates, les piments, les asperges, l'huile, le txakoli, etc. Quelques-unes coïncident avec des fêtes locales ou avec la festivité de saint Isidore laboureur, saint patron des baserritarras.

Signalons qu'est intervenue une folklorisation des foires, mais à côté de d'exhibition de produits et de machines, les échanges commerciaux et les tope-là continuent à se produire.

Préparation des produits, contrats et conditions de paiement

De façon générale il a été recueilli qu'antan la parole donnée dans les foires avait force de loi, mais elle a été surtout employé dans les achats de bétail, plus que dans les transactions agricoles. Pour souligner la valeur de la parole donnée, à Donazaharre (BN), l'expression suivante a été notée : “Hitza hitz, bertzela gizona hits” (la parole donnée, il faut la respecter car sinon l'homme perd son honorabilité).

Pour bien vendre le produit, il n'existe pas de règle valable pour tout le monde. On connaît plus ou moins les prix qui ont eu cours lors de la semaine précédente, mais en fonction de l'affluence, des marchandages, du temps, etc., le montant de départ peut varier. Les prix varient de l'heure d'ouverture du marché jusqu'à sa fermeture, mais personne ne sait jamais avec certitude s'ils vont le faire à la hausse ou à la baisse. Le marchandage existe, mais l'opinion majoritaire est qu'il ne faut pas laisser passer trop de temps, car sinon on court le risque que pour rechercher un petit bénéfice supplémentaire il faille revenir à la maison avec une partie de la marchandise. Savoir où se trouve le point d'équilibre est affaire d'expérience. Anciennement, une coutume commune voulait qu'avec l'argent tiré de la première vente la vendeuse se signe pour que le jour commence bien et les ventes se poursuivent.