XVIII. L'ENTERREMENT

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Assistance à l'enterrement

Les personnes qui assistent aux funérailles ont coutume de se déplacer jusqu'au cimetière pour être présentes à l'inhumation ou, comme on dit, pour «donner leur dernier adieu» au défunt. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Dans un bon nombre de localités, rares étaient ceux qui autrefois assistaient à l'enterrement et en outre il ne s'agissait pas nécessairement des parents directs du mort. Il se peut que cette faible assistance à l'inhumation au cimetière exprime en creux la grande importance populairement attribuée à l'enterrement à l'église.

Il convient de garder en tête que des siècles durant, et jusqu'à la centurie passée, les enterrements avaient lieu à l'intérieur des églises et que ce n'est que relativement récemment que, pour des raisons sanitaires, il est devenu obligatoire des les effectuer dans les cimetières aménagés à l'extérieur des villages. Mais la sépulture symbolique représentant l'ancienne sépulture familiale dans le temple a conservé toute son importance et a relégué l'inhumation au cimetière à un rang secondaire ; de fait, dans un bon nombre de villages ce lieu n'était visité que début novembre et même, dans certains cas, jusqu'à une période récente, il n'était même pas habituel de s'y rendre ces jours-là.

Dans d'autres endroits, la coutume voulait que seuls les hommes, et non les femmes, aillent au cimetière. Peut-être est-ce dû au fait que ces dernières jouaient un rôle prépondérant dans l'activation de la sépulture symbolique de l'église et qu'elles devaient donc y rester. Mais il a été aussi constaté que les femmes les plus proches du défunt n'allaient même pas à l'église.

Il semble raisonnable de penser que nombre de comportements sociaux concernant l'assistance au cimetière ont dépendu de sa situation par rapport à l'église et qu'ils ont varié au fur et à mesure que les cimetières qu'ils s'éloignaient des villages.

Antan, à certains endroits le cortège funèbre se rendait directement de la maison mortuaire au cimetière pour ensevelir le défunt, puis les funérailles avaient lieu ensuite ou le lendemain à l'église paroissiale. On peut ainsi dire que l'enterrement comportait deux volets nettement différenciés, comme c'est aussi parfois le cas aujourd'hui. La cérémonie d'inhumation proprement dite d'un côté et les funérailles de l'autre. Le corps était mis en terre au cours d'une cérémonie simple, à laquelle assistaient les parents proches et quelques voisins ou amis, qui avait lieu au bout d'un certain délai légalement prescrit après le décès. Les obsèques avaient lieu ce même jour ou les jours suivants, en présence du plus grand nombre possible de parents, voisins et amis.

Plus tard, suite à l'impossibilité d'introduire le cadavre dans l'enceinte de l'église, il est devenu courant de laisser le cercueil sous le porche pendant le déroulement des funérailles à l'intérieur, puis de procéder à l'enterrement du cadavre.

À partir des années soixante, les deux cérémonies, l'inhumation et les funérailles, ont de nouveau été réunies et le cortège allait de la maison mortuaire à l'église où avaient lieu les obsèques avec le cercueil, après quoi les gens se rendaient de l'église au cimetière pour l'ensevelissement.

Actuellement, l'enterrement est devenu un évènement social auquel assiste toute la famille, bien qu'il existe encore des cas où seuls sont présents au cimetière les parents directs.

Rites au cimetière

Récupération des symboles religieux

Dans plusieurs villages étudiés il était habituel de retirer les ornements et les symboles religieux qui décoraient le cercueil avant de le mettre en terre ou de l'introduire dans la niche du colombarium. Parfois lecouvercle du cercueil était retiré pour récupérer sur lecadavre certains objets comme le rosaire ou le crucifix qui y avaient été placés pendant la mise en bière.

Jeter une poignée de terre

Une fois que le cercueil a été descendu dans la fosse et avant de procéder à l'ensevelissement il existe un rituel qui consiste à prendre une poignée de terre, à l'embrasser et à la jeter sur le cercueil. Ce geste est très répandu tant spatialement que dans le temps et il ne présente pas de grandes variations. José Iñigo Irigoyen a observé, à ce propos que « certains font remonter cette coutume à l’époque où les tumulus se formaient couvrant les cadavres avec des pierres. Ces pierres répondaient à la croyance superstitieuse que les morts réclament d'autres morts [...] Chacun des assistants à l'enterrement déposait une pierre à laquelle il donnait une signification sacrificielle et représentative de l'esprit du vivant, qui de cette façon accompagnait le mort »[1].

L'inhumation

L'expression la plus répandue en espagnol pour désigner l'inhumation est « dar tierra » al cadavre, en basque on utilise également l'expression lur eman ou lurperatu ; à Arberatze-Zilhekoa (BN) lurrez kukutu.

Dans certains villages a existé et existe le rôle du fossoyeur dont la fonction, comme son nom l'indique, était d'ouvrir les fosses et de s'occuper de l'inhumation des cadavres. Dans d'autres lieux, ce travail était à la charge des voisins du défunt, parfois exclusivement des premiers voisins, des garçons du village, des porteurs du cercueil et occasionnellement de ses parents. Actuellement les responsables de cette tâche sont les fossoyeurs et parfois les employés des pompes funèbres.

Orientation de la tombe

Une coutume générale depuis longtemps veut que les enterrements ne soient pas réalisés au hasard mais en respectant une certaine orientation. Cette coutume, déjà décelable dans les dolmens, est restée en vigueur jusqu'à une époque récente, mais dans la plupart des villages elle a été perturbée par la construction de nouveaux cimetières à partir de la deuxième moitié du siècle dernier et ce d'autant plus dans les villes, où les enterrements sont conditionnés par des problèmes d'espace.

Avant l'enterrement du cadavre, certaines précautions sont prises en ce qui concerne son orientation pendant le transfert du domicile mortuaire à l'église et de celle-ci au cimetière ; de même tant que la dépouille reste à la maison, lorsqu'elle en sort et au moment de l'introduire et de la sortir de l'église.

La disposition du cadavre dans la tombe vise à placer la tête sous la croix. Quand il est introduit dans une niche de colombarium, une nouvelle possibilité apparaît : le placer avec les pieds vers le fond et la tête près de l'ouverture ou à l'inverse. Dans le cimetière actuel de Beasain (G), le cadavre est enterré avec les pieds vers le fond et la tête vers l'ouverture et à Murchante (N) à l'inverse.

  1. José IÑIGO IRIGOYEN. Folklore alavés. Vitoria : pp. 38-39.