XV. TRANSPORT ANIMAL. LA CHARRETTE, GURDIA

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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La charrette. La galera

La charrette est depuis toujours le véhicule de transport le plus utilisé en campagne dans une aire très étendue qui s'étend au-delà de la Vasconia, voire de l'Espagne.

La charrette tirée par une paire de bœufs, et plus généralement de vaches, était le moyen de transport traditionnel pour les grandes charges de foin, de fumier, de chaux, de blé, de bois, de pierre ou d'autres matières avant la mécanisation des campagnes avec les tracteurs. Dans les zones méridionales de Vasconia, comme les charrettes étaient habituellement tirées par des chevaux ou des mulets, leur structure variait et elles disposaient de deux brancards, entre lequel se situait l'animal.

La narria

Avant la narria ou la lera, selon ce qui a été noté dans certaines localités, un moyen de transport plus primitif a été connu. Il consistait à traîner directement l'objet ou à le faire sur une branche d'arbre ou sur des branches formant une espèce de surface où le déposer.

Ainsi, à Ataun (G), une méthode très ancienne consistait à faire glisser le tronc sur la terre nue. Ils appelaient le tronc ainsi transporté lorra. Les chemins ou sentiers glissants utilisés pour ce transport recevaient le nom de lorbidea.

À Sara (L), la treina était une branche d'arbre ramifiée couchée sur le sol qui était employée au XIXe siècle en montagne comme moyen de transport en descente. Pour cela, on déposait sur les ramifications les fougères, les ajoncs ou d'autres objets qu'il fallait transporter. Un homme tirait d'elle avec une corde attachée à sa fourche ou à la branche la plus épaisse. On l'utilisait aussi parfois lestée de pierres et tirée par des vaches dans les champs pour aplanir le terrain après le passage de la herse. Dans ce cas, elle était appelée arralda.

À Bernedo (A), on utilisait comme narria une fourche d'arbre tirée par des bœufs.

À Amorebieta-Etxano (B), dans certaines fermes ils utilisaient une grande branche d'arbre très ramifiée formant une sorte de grille. Ils déposaient le foin dessus et le descendaient ainsi. Ils appelaient ce dispositif narra et ils le descendaient en le traînant.

Dans la Vallée de Carranza (B), diverses modalités plus primitives que la narra ont été utilisées pour descendre le foin, comme recourir à des branches sur lesquelles on accumulait l'herbe à transporter. Un informateur se souvient d'avoir employé des branches d'yeuse à cette fin. Là où ces arbres ne poussaient pas, on en utilisait d'autres, comme la espina blanca (Crataegus monogyna)(aubépine), très utile avec ses nombreuses ramifications. Dans les endroits où il restait des trous on entrelaçait des gerbes de branchettes. Ce système présentait l'avantage qu'il ne glissait pas aussi facilement que la narra sur la surface du pré, il accrochait mieux. La narra était problématique quand la pente était très forte et la pareja (paire) la traînait en descendant car elle pouvait glisser contre les pattes arrière des bœufs.

Nos enquêtes ont constaté l'emploi dans le passé d'engins de transport dépourvus de roues en raison de l'orographie, car transporter des charges sur une pente accusée avec une charrette à roue présente le risque qu'elle verse ou qu'elle renverse les animaux qui la tirent.

Le joug

Le joug était fabriqué par un spécialiste ou un artisan local sur mesure pour une paire donnée de bœufs. C'est pourquoi il fallait toujours placer les animaux dans la même position, car chacun a une forme différente et la force du joug repose sur l'encornure des animaux. Le changement de bœufs entraînait l'obligation d'ajuster le joug (Elgoibar-G) pour qu'ils ne se blessent pas (Agurain-A) et, si cela ne suffisait pas, il imposait la fabrication d'un joug neuf (Agurain-A; Beasain, Elgoibar-G). À Elgoibar, ils signalent que souvent les jougs cassaient par la veine du bois parce que l'une des bêtes avait tiré plus fort que l'autre à un moment donné. Mais il existait un joug de rechange au cas où le joug habituel casserait.

Il y avait des jougs courants pour travailler la terre et d'autres plus ornementés pour mener le bétail au marché, aux foires et aux exhibitions. C'était aussi le cas pour les autres éléments de décoration du bétail, comme le frontal, la toison de mouton, les grelots, etc.

Voici maintenant une description détaillé du joug à bœufs et de ses ornements, tels qu'elle a été recueillie par Barandiaran à Sara (L) dans les années 1940 :

Uztarria est le nom donné au joug en basque ; dans ce village du Labourd, il était de corne, c'est-à-dire reposant sur la nuque, et se fixait aux cornes par une courroie (jointure). Il était double (pour deux têtes de bétail), avec des têtières, burulekuak, à arc surbaissé, des jointures, adarroatzeak, pour les cornes ; des tourillons, kantxuak pour accrocher les jointures ; des encoches, folak, pour les passer, une extrémité externe, cornejal ou uztarrimuturra, et un orifice central, urtedeziloa, en forme de trapèze. Il était d'une seule pièce, taillé dans du noyer, le meilleur bois, dans l'aulne ou du frêne. Les jougs à bœufs mesuraient 1,3 m de long et ceux des vaches 1,1 m.

À côté des deux accroches intérieures il y avait deux trous dans chacun desquels on fixait l'extrémité de jointure, appelée herea ou hedea. Le trou central servait à articuler ou à accrocher au joug un amblet, sorte d'anneau appelé urterea ou urtedea, en bandes de cuir tressées. C'est là qu'était fixé le bout du timon de la charrette ou de la charrue. Le devant du joug était agrémenté de nombreuses incisions en forme de croix, fleurs et, parfois, de têtes de bœuf stylisées.