VIII. LA VEILLÉE FUNÈBRE. GAUBELA

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La veillée funèbre

Le protocole funéraire traditionnel impose le devoir de veiller le mort tant que son cadavre reste dans la maison. Cette prescription consuétudinaire est fortement marquée dans nombre de villages étudiés.

Ceux qui veillent le mort se relèvent sans interruption de l'instant où le cadavre est mis dans son linceul sur le lit jusqu'au moment où il est introduit dans le cercueil pour le conduire à l'église.

Cette formalité de veiller le cadavre sans interruption jour et nuit, avec une participation primordiale des voisins et des proches de la famille, a perduré jusque dans les années soixante-dix.

Récitation du rosaire au crépuscule

Dans de nombreux villages, surtout de la Vasconia péninsulaire, quand le soleil se couchait, il se produisait dans la maison mortuaire un acte religieux important, la récitation du rosaire à laquelle participaient les parents du défunt, tous les voisins et les proches de la famille. L'enracinement de cette pratique, ainsi que son extension, invite à croire que cet acte était considéré comme une partie du cérémonial funéraire domestique.

De fait, c'était le rituel central de la veillée et il réunissait généralement de nombreux assistants qui remplissaient les diverses pièces de la maison. Dans les enquêtes du Gipuzkoa, il est signalé que jadis on récitait à cet acte le rosaire complet des quinze mystères.

La pièce mortuaire

Une fois que le cadavre était dans son linceul, le lieu de la maison où il était placé devenait une pièce à caractère fortement religieux. On y préparait, comme une sorte d'autel, une table couverte d'une nappe, où étaient disposés divers éléments liés aux croyances chrétiennes comme une croix, un récipient d'eau bénite avec une branche de laurier pour que les visiteurs puissent en asperger le défunt et une lampe à huile ou une bougie toujours allumée tant que le cadavre restait dans la maison.

Disposition du cadavre

La disposition du cadavre pendant son séjour dans la maison mortuaire n'a pas toujours été la même. La modalité la plus ancienne consiste à le disposer sur le propre lit. Plus tard, il a été installé dans le cercueil dans la propre chambre mortuaire. Ensuite, en Vasconia péninsulaire, le cercueil est passé de la chambre à la pièce la plus noble de la maison, tandis qu'en Vasconia continentale il a été installé de même dans une espèce de chambre mortuaire spécialement aménagée pour l'occasion dans le porche.

Le cercueil

Dès les premières décennies du siècle, la coutume d'ensevelir le mort dans un cercueil en bois était bien enracinée. Initialement, ils étaient fabriqués à la maison, mais de préférence on confiait ce travail aux menuisiers locaux. Plus tard, on a commencé à les acheter aux entreprises de pompes funèbres qui proposent une large gamme de modèles, qualités et finitions.

Brancards et caisson de transport

Bien que la documentation historique parle fréquemment de l'emploi de brancards, les réponses des informateurs —dans la plupart des endroits où a été réalisée l'enquête— donnent à entendre que leur usage a disparu depuis longtemps ou que, en tout état de cause, il était limité à des tâches spéciales. Certains n'en ont même pas entendu parler. Dans d'autres cas, ils sont de fabrication moderne et ont servi à transporter plus facilement le cercueil jusqu'à l'église ou le cimetière.

Mise à feu de la paillasse

Dans les premières décennies de ce siècle, dans le territoire de Vasconia, la coutume de brûler la paillasse du lit où était morte une personne était très répandue.

Brûler la paillasse était une tâche qui incombait aux voisins. Barandiarán suggère que la combustion d'objets peut correspondre à une offrande ou un rite funèbre, comme symbole d'antiques sacrifices[1]. Cette opération était ritualisée et devait être exécutée au croisement de chemins le plus proche de la maison mortuaire. Parfois elle se faisait sur le chemin de l'église, eleizbidea, mais toujours près de la maison où s'était produit le décès. Les voisins, en brûlant la paillasse, récitaient normalement un Notre Père ou d'autres prières. Dans certains endroits, ils aspergeaient le feu avec de l'eau bénite. Les cendres qui restaient à l'endroit de la combustion rappelaient que quelqu'un était mort non loin et les passants priaient pour son âme[2].

Certains informateurs actuels signalent qu'on brûlait la paillasse pour des raisons d'hygiène ou pour éviter les infections contagieuses, mais la croyance populaire selon laquelle cela servait à détruire les maladies qui avaient pu être envoyées par une sorcière et qui pouvaient rester dans les restes de feuilles de maïs du matelas restait vivace. Cette pratique a disparu avec l'introduction des matelas à ressorts. Quoi qu'il en soit, dans quelques localités, surtout du Pays basque continental, on a continué pendant un certain temps à brûler une poignée de paille devant la maison mortuaire, quand le cortège funèbre revenait après les obsèques pour participer au banquet funéraire.


  1. José Miguel de BARANDIARAN. Estelas funerarias del País Vasco. San Sebastián, 1970, p. 25.
  2. Bonifacio Echegaray signale qu'on prétend expliquer cette coutume par la volonté d'informer les passants, avec les cendres, que quelqu'un est mort dans les parages afin qu'ils prient pour son âme, mais ajoute que ce n'était pas là le motif fondamental, mais celui d'anéantir les esprits malins. « Il s'agit d'un cas de plus dans lequel des habitudes superstitieuses sont justifiées par une application chrétiennement pieuse ». Cf. « La vecindad. Relaciones que engendra en el País Vasco » in RIEV, XXIII (1932) p. 25.