VI. ALIMENTATION DU BÉTAIL EN STABULATION
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Alimentation du bétail à la maison
Ce chapitre est consacré à l’alimentation que les différentes espèces de bétail domestique recevaient pendant la période où elles restaient à l’étable. Elle correspond aux mois d’hiver, pendant lesquels les conditions climatiques empêchent la croissance de l’herbe et, de toute façon, compliquent la sortie du bétail dans les prés ou dans les pâturages de montagne. Certaines espèces étaient stabulées en permanence, indépendamment du passage des saisons. D’autres animaux étaient maintenus constamment à l’étable en fonction de l’usage qui allait en être fait.
Bœufs
L’alimentation des bœufs était quelque peu particulière par rapport à celle des autres bovins. Comme ils servaient de force de trait pendant les travaux agricoles, leur alimentation était plus soignée afin qu’ils puissent travailler dur sans tomber malades. De plus, il était habituel qu’une paire de bœufs de belle allure fasse la fierté de son propriétaire et certains, surtout s’ils en avaient les moyens, gavaient ces animaux afin de susciter l’admiration et l’envie de leurs voisins.
Cheptel équin
Avec l’alimentation du cheptel équin, il se passait à peu près la même chose que pour le bétail bovin, mais sur le versant méditerranéen elle se basait sur les céréales et les légumes secs et, côté atlantique, sur l’herbe.
Brebis et chèvres
À Carranza (B) actuellement, pendant l’époque hivernale les troupeaux paissent dans les prés du fond de la vallée et se mettent à l’abri le soir dans les étables et les cabanes où ils reçoivent du foin en complément. Les brebis agnelées sont gardées à l’étable de novembre à mai. De novembre à mars, elles reçoivent deux rations quotidiennes d’aliment, une le matin après la traite et l’autre le soir avant celle-ci ; pendant le mois d’avril, une ration le soir avant la traite.
Porcs
L’alimentation des cochons était similaire sur tout le territoire étudié. Dans sa composition prédominaient les betteraves ou les navets hachés et les patates, accompagnés de légumes mélangés à de la farine de céréale délayée dans l’eau chaude. Ces animaux étaient aussi lâchés dans la montagne pour s’alimenter de glands et de faînes, voire même pour profiter du petit-lait dans les zones de pâturage où l’on fabriquait des fromages dans les cabanes.
Poules et autres volailles
Dans la plupart des villages, les poules s’alimentaient librement dans la rue en picorant. De plus, leur alimentation était complétée par du grain et parfois par de la farine et des pommes de terre cuites à l’eau.
Lapins
Les lapins étaient les principaux consommateurs d’herbes sauvages parmi lesquelles se détache une plante souvent citée, le lechocino ou gardabera. Il s’agit d’une plante de la famille des laiterons (Sonchus).
Alimentation des petits
Tous les animaux passent par une période de leur élevage, au début de leur vie, où ils font l’objet de soins spéciaux. De leur naissance jusqu’à atteindre un âge où ils commencent à se nourrir comme leurs parents, ils sont alimentés différemment. Et dans la mesure où la plupart des animaux domestiques sont des mammifères, ils passent par une période d’allaitement, puis leur alimentation est modifiée peu à peu afin qu’ils s’habituent à ce qui va être leur régime alimentaire d’adultes. De plus, ils reçoivent d’autres types de soins visant à pallier la fragilité qui leur est attribuée pendant cette première étape de leur vie.
Veaux
À Astigarraga (G), veaux et génisses sont alimentés avec du lait quand ils sont petits, puis avec de l’aliment mélangé à du foin pour les engraisser.
Agnelles
À Carranza (B), la période d’allaitement dure environ jusqu’au mois de juin ; mais on ne laisse téter les agnelles que jusqu’à début mai, moment où elles sont sevrées afin de profiter du lait pour faire du fromage.
Alimentation du bétail au champ
En général, on lâche les animaux domestiques qui ont passé l’hiver à l’étable à l’abri des intempéries au début du printemps, dans les prés autour de la ferme ou du village, avant d’envoyer les troupeaux en montagne à la fin du printemps ou à l’entrée de l’été, quand les conditions climatiques s’améliorent et l’herbe recommence à pousser. À l’inverse, ils redescendent à l’automne de la montagne pour pâturer dans les prés tant que le climat le permet.
Versant méditerranéen
On peut observer une distinction nette entre le versant atlantique et le versant méditerranéen lorsqu’il s’agit de soigner le bétail qui pâture près des villages. Sur le versant méditerranéen, il était habituel d’embaucher un berger qui s’occupait du troupeau constitué par le bétail de tous les habitants du village.
Versant atlantique
Sur le versant atlantique, autrefois, il était courant de confier aux enfants la surveillance du bétail dans les prés proches de la maison, à une époque où il n’était pas fréquent de clôturer les terrains. Il arrivait assez souvent que les enfants aient à abandonner l’école dès qu’ils avaient appris à lire pour qu’ils commencent à s’occuper de cette tâche et d’autres appropriées pour leur âge.
Contrôle des animaux dans les prés
Avant la généralisation des clôtures pour séparer les prés et empêcher que les animaux n’en sortent, il était nécessaire de les surveiller pour qu’ils ne s’échappent pas.
Quand il n’était pas possible de surveiller les animaux, on les gardait attachés dans le pré pour qu’ils ne s’échappent pas ou on utilisait un dispositif pour les empêcher de s’éloigner ou d’entrer dans les semis.