XV. LES TYPES DE BERGERS

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Bien que le berger soit celui qui fait pacager toutes sortes de cheptels, ce nom est celui par excellence appliqué à la personne qui s'occupe, soigne et garde le bétail ovin. À Lezaun (N), une distinction a été constatée entre le berger, qui soigne un troupeau de brebis, et l'éleveur, qui s'occupe du reste des animaux. En basque, on connaît deux noms pour désigner le berger : artzain, le pasteur de brebis, et unai le bouvier[1]. Dans notre enquête d'Arraioz (Baztan-N), le terme uneia est utilisé pour désigner le responsable du soin des vaches. Dans le village souletin d'Etxebarre, le terme bordazain, qui est appliqué à celui qui s'occupe de la borde, a un sens proche dans le parler populaire d'artzain, berger, mais les tâches que réalisent l'un et l'autre sont différentes ; de plus, l'artzain travaille dans la zone la plus haute et autrefois effectuait une petite transhumance. En toute état de cause, le berger est celui qui vit avec le bétail en l'utilisant pour son propre profit.

Pour analyser les conditions dans lesquelles se déroulait le la vie pastorale jusque vers le milieu du XXe siècle, il convient de tenir compte de questions comme la propriété des troupeaux ou les propres caractéristiques du pacage. Car la situation du berger propriétaire d'un troupeau, petit ou moyen, diffère grandement de celle du grand propriétaire ou du berger municipal, embauché par le village. De même, la position de celui que se limitait à conduire quotidiennement le troupeau sur les hauteurs depuis la vallée différait de celle du pasteur qui était contraint de parcourir des centaines de kilomètres en quête de pâturages ou de rester isolé des mois durant sans autre compagnie que celle du bétail.

En général, sur le versant atlantique de Vasconia, le modèle prédominant est celui du petit berger propriétaire de ses brebis, tandis que sur le versant méditerranéen, à côté de celui-ci, ont coexisté des bergers salariés de grands troupeaux et les bergers embauchés par les communes pour conduire et surveiller le bétail des habitants.

Bergers avec leur propre troupeau

Ce type était le plus répandu en Bizkaia, Gipuzkoa et Vasconia continentale ; il a aussi été constaté dans de nombreuses localités de Navarre.

Pâtres. Fils de bergers

L'apprentissage était et reste courant dans tous les métiers. Autrefois, il commençait très tôt, en raison de la courte période de scolarisation des enfants des campagnes, et de la nécessité de main-d'œuvre pour les tâches domestiques. Parfois, les adolescents qui s'initiaient à l'univers du pastoralisme étaient des jeunes recrutés comme pâtres. Mais le plus souvent le berger propriétaire du troupeau était secondé dans ses tâches par un membre de la famille, généralement un fils, qui de cette façon s’initiait au métier du père.

Bergers de grands troupeaux

Lorsque les troupeaux n'étaient pas très nombreux, les propriétaires se chargeaient eux-mêmes des bêtes sans recourir à d'autres bergers. Il n'était pas fréquent que le propriétaire d'un troupeau embauche un berger pour qu'il veille sur son bétail. Le propriétaire se réservait l'exclusivité des opérations les plus importantes, comme la vente de laine. De fait, l'embauche de pasteurs est limitée à certaines zones de Navarre et plus précisément aux endroits où ont existé de grands troupeaux transhumants de brebis.

Bergers salariés

Jadis, dans certaines localités, il se trouvait des bergers salariés associés aux familles importantes propriétaires de grands troupeaux. Ainsi, et en ce qui concerne la Navarre, la présence de bergers salariés a été constatée à Liberri ou à Ayanz, à Aoiz, où ils travaillaient pour deux grands marquis propriétaires. À Lodosa, à Codés et à Aragüés, il y avait aussi des salariés, puisqu'au début du XIXe siècle deux éleveurs étaient propriétaires de troupeaux pouvant atteindre les mille brebis[2]. Dans la vallée d'Elorz, quelques familles à activité spécialement pastorale embauchaient des pasteurs pour s’occuper du troupeau, mais dans les années soixante-dix ces derniers tendaient déjà à disparaître[3].

Serviteurs

À certains occasions, il était inévitable de disposer de personnel auxiliaire pour manier le troupeau et, au lieu de recruter des bergers salariés, on recourait à des serviteurs qui, en basque, sont appelés morroiak ou kriaduak. C’est ce qui a été relevé dans la vallée d’Elorz et à Mélida (N), ainsi qu’à Aralar, Izarraitz, Ernio et Ezkio (G). Dans ce dernier village arrivaient des troupeaux en provenance d’autres zones et guidés par leur propriétaire et son fils qui en outre faisaient souvent appel aux services d’un jeune local.

Maître-berger

Comme il a pu être constaté dans certaines localités, les personnes qui se consacraient à ce métier effectuaient un apprentissage jusqu’à atteindre le sommet de l’échelle pastorale ou à devenir des bergers propriétaires de leur troupeau[4]. Il était courant que celui qui travaillait comme berger évolue d’une catégorie à une autre au fil des années : en premier lieu, il débutait dans le métier comme serviteur ou pâtre, quand il était encore enfant ; puis après avoir acquis une vaste expérience, il devenait maître-berger responsable de tout le troupeau et enfin se haussait au rang de propriétaire des bêtes qu'il soignait. Cette progression était particulièrement exemplaire en Navarre.

Bergers communaux

Jusque dans les années cinquante, la figure du berger embauché par le village était très courante en Alava et dans de nombreuses localités de Navarre. Cette coutume a aussi existé en certains endroits du Gipuzkoa, mais son souvenir s'est évanoui. Il s'agit d'un procédé communautaire de confier le bétail des habitants d'une localité à un seul berger pour qu'il se charge de veiller sur les troupeaux du village.

Soin du bétail tour à tour (a renque)

Le système de soigner le bétail a renque consistait, pour les habitants d'un village, à surveiller eux-mêmes le bétail à tour de rôle en fonction du nombre de bêtes que chacun apportait au troupeau. Si cette méthode de surveillance du bétail n'était pas exclusive de l'Alava, c'est du moins sur ce territoire qu'elle a atteint son expression maximale.


  1. Alors que artzain vient de ardi=brebis et zaindu=surveiller, l'étymologie de unai n'est pas aussi claire. Michelena disait qu'il était tentant de le faire dériver de ule=poil, laine, mais que cela n'était pas soutenable. Cf. Luis MICHELENA. Fonética Histórica Vasca. San Sebastián: 1977, 2ª ed., p. 479.
  2. Severino PALLARUELO. Sobre cultura pastoril. La Rioja: 1991, p. 287.
  3. Les datos referentes a este valle han sido tomados de Javier LARRAYOZ. «Encuesta etnográfica del Valle de Elorz (III)» in CEEN, VIII (1976) pp. 92, 95.
  4. La classification des bergers des Pyrénées, y compris la référence à la vallée de Roncal, figure dans Ramón VIOLANT I SIMORRA. El Pirineo Español. Tome II. Barcelona: 1986, pp. 386 et ss