III. NOM, ORIENTATION ET SITUATION DES MAISONS

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Délimitation du concept de maison et dénominations

Barandiaran, à la fin des années 20 du XXe siècle, écrit que la maison rurale a été une institution formée par le bâtiment, ses terres, ses habitants et la tradition, autrement dit par cette trame de relations qui reliait étroitement la génération actuelle aux précédentes.

Dans les localités bascophones, il apparaît que le nom générique qui est donné à cette maison dans tous les territoires est etxea.

Dénomination de la maison

Dans les zones rurales, il était courant que la personne qui l'habite soit connue par le nom de la maison, par exemple Goikomendi, ou par le nom résultant d'ajouter le sien à celui de la maison, comme Goikomendiko Anton (Antón celui de Goikomendi), et celui de ses enfants par Goikomendiko Antonen semea edo alabea (le fils ou la fille d'Antón celui de Goikomendi).

Caro Baroja signale que les noms des maisons obéissent à divers principes : qu'elle appartienne à une personne donnée, son ancienne utilisation, sa situation topographique et sa condition d'ancienneté, modernité ou qualité de sa construction. Ainsi, la zone orientale de Vasconia (y compris l'Álava, la Navarre et le Pays basque nord-pyrénéen) est très riche en noms à caractère personnel tandis que la zone occidentale (Biscaye et Gipuzkoa) l'est plutôt en noms descriptifs[1].

Prénom, nom et surnom du propriétaire

Pour cette section, nous avons pris comme exemple l'information concernant la ville de Sangüesa (N). Ici, la formule la plus courante avec laquelle sont connues les maisons natives des laboureurs est le surnom; les boutiques le sont généralement par le premier nom de famille (Pastelería Aramendia, Gaseosas Landa) ; par l'origine géographique du propriétaire (El Lumbieraco) ; par le nom de la femme (La Mayorala) ; par le titre nobiliaire (Casa del Conde de Javier); par un évènement (Casa de los Ruidos) ou par leur fonction (El Matadero).

Métier et activité du propriétaire

Caro Baroja signale que les maisons de Bera (N), comme nombre de celles du domaine basque, portent un nom fondationnel qui correspond au plus ancien constructeur ou au métier qu'il a pu avoir. Il existe plusieurs types : avec le prénom, le nom, le surnom, la profession, etc., avec le suffixe enea ; d'autres avec les mots baita ou –tegui, avec le mot borda, etc.[2].

Toponymie

Pour cette section, nous avons pris comme exemple l'information concernant Donoztiri (BN). Ici, le nom propre répond aux conditions topographiques de sa situation, ainsi par exemple Bidegainea (sur le chemin), Uhartea (entre rivières); également à son origine, Argainborda (grange de Argainea) ; parfois il répond à sa destination, Errientaenea (maison du maître d'école) ou au matériau avec le quel elle est construite, Harretxea (maison en pierre).

Orientation de la maison

Autrefois, dans les fermes et les maisons isolées, si possible, l'entrée principale et/ou les ouvertures les plus importantes devaient être orientées vers l'Est ou vers le Sud pour profiter du soleil la majeure partie de la journée. Ceci permettait aussi de les protéger des vents et des pluies dominants qui, dans notre zone, soufflent du nord-ouest et du nord. L'étable occupait la partie nord de la maison. En basque, de façon générale, l'expression concernant l'orientation préférée est eguzkira begira (face au soleil), ce qui signifie indistinctement les orientations Est et Sud.

Orientation Est

À Sara (L) la maison rurale dans sa situation et dans sa structure répond à ses fonctions traditionnelles. Sa façade principale fait face à l'orient. Les vents dominants soufflent de l'Ouest ; les arbres exposés à tous les vents accusent une inclinaison marquée vers l'orient et les façades occidentales ou arrière comportent quelques rares fenêtres de petite taille. Dans le Labourd, comme les maisons tournent en général le dos à la pluie provenant de l'Atlantique, la façade principale est orientée vers l'est ou vers le sud-est pour ainsi profiter des premiers rayons du soleil[3].

Orientation Sud

Pour cette section, nous avons pris comme exemple l'information concernant Valdegovía (A). La porte principale s'ouvre vers le Sud et la cuisine est située au nord pour le séchage des produits de l'abattage du porc, pour la cheminée de sortie des fumées et la conservation des aliments dans les garde-manger. Comme la plupart des villages sont à tracé linéaire, les maisons se construisaient des deux côtés de la route, avec une préférence pour le côté nord sur le côté sud.

Maisons et terres en habitat dispersé et mixte

La situation la plus courante en zone rurale est que la maison se trouve au centre ou proche des propriétés ou des terres de culture, avec les prés un peu plus loin et les montagnes, communales ou privées, à plus de distance. Les maisons peuvent être distantes entre elles, séparées par des espaces ou des franges de terrain, ou regroupées les unes à côté des autres.

Situation des maisons en habitat concentré

Dans les localités à habitat concentré les chemins sont particulièrement importants car les maisons sont habituellement construites en bordure, et leur nécessité et leur utilisation sont patentes comme voie de communication des personnes et des marchandises.

Maisons mitoyennes

En habitat concentré, elles sont courantes, et les bourgs en sont l'exemple paradigmatique. Là, la séparation des maisons et des habitations se fait au moyen de murs mitoyens. Ainsi, les maisons sont adossées les unes contre les autres de façon à constituer de petites cours intérieures communes et former de petits quartiers, rues et ruelles.

Maison séparées par passages, arteak, mokarteak

Pour cette section, nous avons pris comme exemple l'information concernant les villages navarrais d'Aurizberri et de Burguete, où les maisons sont groupées, mais non pas contiguës, car il existe entre elles un petit espace non inférieur au demi-mètre appelé ertea quand ils parlent en basque et belena ou corral quand ils le font en espagnol.

Terrain contigu à la maison

Le terrain contigu reçoit divers noms et est destiné à divers usages parmi lesquels se détache sa condition de potager domestique.

Le rain

Dans les villages d'Alava, à côté de la maison nous trouvons l'aire, le potager et la rain. L'aire est le lieu où autrefois avait lieu le battage des céréales. Dans certains villages, il a été signalé que l'aire servait aussi à empiler le bois d’affouage et à réaliser des tâches agricoles comme entasser les betteraves pour le bétail (Agurain, Berganzo-A).

Le potager est la parcelle où sont cultivés avec soin les légumes ; où se trouvent quelques arbres fruitiers précieux, les fleurs et les plantes et où sèche sur des fils le linge qui vient d'être lavé. C'est aussi dans le potager que se trouve le puits de la maison.

Le potager

Dans les territoires de Biscaye, Gipuzkoa, Navarre et Vasconia continentale, certaines maisons disposent d'un petit potager à côté ou derrière appelé baratzea ou ortua en dialecte biscayen. Si le potager est d'irrigation, il est habituellement consacré à la culture de légumes, ortuariak, et de fruits ; généralement pour la consommation domestique, qui sont traités avec plus de soin et dont s'occupe ou s'occupait la maîtresse de maison, etxekoandrea. C'est aussi un lieu où sont cultivés quelques arbres fruitiers.


 
  1. Dans la première zone –signale cet auteur– il est possible d'étudier une grande partie du processus de peuplement de la campagne à partir du petit noyau urbain, dans lequel abondent les maisons au nom terminé en -enea, -ena, -baita, car nombre de celles qui sont aujourd’hui appelées fermes et qui constituent l’habitat dispersé en portent un autre qui révèle leur ancienne dépendance des maisons de la rue ou du noyau urbain. CARO BAROJA, Los vascos, op. cit., pp. 126-132.
  2. Julio CARO BAROJA. “Las bases históricas de una economía tradicional” in CEEN, I (1969) pp. 22 et ss.
  3. Alain, LASSE. “L’architecture labourdine” in Etxea ou la maison basque. Saint Jean de Luz: 1980, p. 94.