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Les lieux (''majadas'') où les bergers s'établissent avec leur troupeau en montagne reçoivent divers noms en Vasconia : ''sel, gorta, saroi, sarobe ou kaiolar''. Ils se trouvent précisément aux endroits où le bétail qui paît en montagne se réfugie instinctivement.
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Les bergers ont choisi ces lieux abrités pour y construire la cabane où vivre, l'abri ou le parc pour le troupeau, les enclos pour la traite et les autres dépens qu'ils utilisent pendant leur séjour en altitude.
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Les caractéristiques de ces établissements dépendent surtout du type de pastoralisme et de l'activité que réalise le berger.
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Dans ce chapitre, nous proposons une vision d'ensemble des constructions requises par le soin et l'exploitation du bétail en dehors de l'environnement domestique. La meilleure façon d'atteindre cet objectif est de parcourir les chaînes montagneuses de Vasconia et d'analyser sommairement les constructions et les installations que comportent leurs bergeries.
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Dans notre cas, l'itinéraire commence dans les montagnes de Carranza à l'extrémité occidentale de la Biscaye pour se diriger d'Ouest en Est, en suivant toute la chaîne montagneuse qui marque la ligne de division des eaux (Gorbea, Anboto, Aizkorri, Aralar) avec les sierras qui pénètrent en Bizkaia (Aramotz, Oiz) et au Gipuzkoa (Izarraitz, Ernio). Nous nous arrêterons ensuite sur le complexe formé par Andia-Urbasa-Entzia avant de passer aux établissements pastoraux dans les Pyrénées navarraises, de la vallée de Baztan à celle de Roncal. Puis, en redescendant les Pyrénées, nous irons jusqu'aux Bardenas Reales pour en décrire les refuges que nous trouvons dans les parcs à troupeau (''corralizas'') de la Navarre moyenne.
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Sur une seconde ligne montagneuse, nous parcourrons l'Álava du couchant au levant, de Sierra Salvada au Toloño, pour finir à la Sierra de Codés, à la limite avec la Navarre. Et pour terminer, nous reviendrons dans les Pyrénées, mais sur leur versant septentrional, pour étudier sous un autre angle l'organisation de l'espace de montagne en Lapurdi, Basse-Navarre et Zuberoa.
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== Les monts de carranza ==
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=== ''Cabañas'' et ''casetas'' ===
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Dans les montagnes méridionales de la vallée de Carranza (B), près des pâturages de la Sierra de Ordunte, les cabanes de berger sont de petites constructions de forme rectangulaire, de trois mètres de long pour deux de large environ : leurs murs sont en pierre calcaire et, sauf la porte d'entrée, elles sont dépourvues d'ouvertures. Sur les murs pignons repose la panne qui forme la ''cumbre'' ; et, parallèlement à elle, une de chaque côté, sont disposées les pannes intermédiaires, les ''sopandas'', puis, reposant sur elles, les chevrons. Sur cette charpente en bois sont disposées des lauzes formant une toiture à deux versants.
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La porte d'entrée avec encadrement de pierre ou de bois se situe sur l'un des murs pignons ou parfois sur l'un des murs latéraux. Pour empêcher l'accès à l'intérieur on utilisait une dalle de pierre ou, jadis, un treillis de ''bardanasca'', c'est-à-dire de branches de noisetier.
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L'intérieur de la cabane ne comportait pas de divisions. Dans l'un des angles se trouvait le foyer et le reste de l'espace était occupé par la ''camareta'', l'endroit où dormir, séparé du feu par un madrier, la ''palanca'', qui servait en même temps de banc face au feu. La ''camareta'' était habituellement confectionnée avec des branches de noisetier, avec un écart d'environ cinq centimètres entre elles, disposées sur deux madriers parallèles. Dessus, on répandait de la bruyère et de l'herbe fine appelée ''pelo ratón''. Tous les 20 jours environ, on changeait cette herbe, pour éviter l'accumulation de puces. La nouvelle herbe se ramassait à ''dallo'', à la faux. Parfois, sur la bruyère, on disposait des ''hojones'', c'est-à-dire des feuilles de maïs apportées de la maison.
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Ces cabanes de pierre, situées principalement dans les zones hautes de la Sierra de Ordunte, étaient partagées jadis par trois ou quatre bergers, mais dans les dernières années avant leur abandon, seul y dormait un berger. Elles ont été abandonnées au milieu des années soixante, en même temps que disparaissait le loup.
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Un autre type de cabane, plus rudimentaire, est celle construite à base de branches et de mottes de terre. On place par terre deux bois inclinés formant un triangle sur chacun des côtés, qui sont ensuite reliés par une autre branche horizontale servant de ''cumbre'' (faîtière). Les flancs sont fermés avec des murs de terre en laissant une petite ouverture comme entrée. La toiture, à deux pans, consiste en un treillis de tiges formant ''bardanasca'' sur lequel sont disposés des mottes de terre avec l'herbe tournée vers le bas. Certains bergers avaient aussi l'habitude de recouvrir le tout d'une couche de ''cagolitas'' ou excréments de brebis, afin de mieux l'imperméabiliser.
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Les enclos étaient annexes ou proches des cabanes. Ils consistent en un mur, généralement de pierres, mais il en existait aussi d'autres tressés en bois (''cerranchas'' ou ''bardanasca''). On y enferme le troupeau pour y passer la nuit et pour traire les brebis à la période où ces dernières, étant en montagne, ont encore du lait.
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Au nord de la vallée, sur les flancs de l'Armañón (865 m), ces constructions étaient encore plus précaires. Elles étaient construites en bois de noisetier en fichant au sol deux grandes branches fourchues, disposées l'une face à l'autre afin de pouvoir recevoir une troisième branche horizontale servant de panne faîtière. Sur les côtés on disposait des branches inclinées, en plus grand nombre possible, recouvertes ensuite de ''monchinos'', une espèce de bruyère, puis de mottes, ''césperes'', avec l'herbe vers le bas, et enfin d'une couche de terre fine.
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Trois bergers pouvaient s'y installer. L'endroit le plus confortable était le centre, car celui qui l'occupait pouvait se redresser jusqu'à s'assoir. Sur les côtés il fallait rester allongé, car sinon la tête heurtait le toit en faisant tomber des fragments de terre et de bruyère.
  
En una segunda línea montañosa recorreremos Álava de poniente a oriente desde Sierra Salvada hasta Toloño terminando en la Sierra de Codés en el límite con Navarra. Por último volveremos al Pirineo en su vertiente septentrional y desde una perspectiva algo distinta estudiaremos la organización del espacio de montaña en Lapurdi, Baja Navarra y Zuberoa.
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Les bergers étaient contraints de refaire ces cabanes chaque année car elles ne résistaient pas aux intempéries hivernales et étaient souvent détruites par les vaches ''monchinas''. Elles étaient dressées dans la zone la plus haute de la montagne, sur le ''cordón'' (crête) ou près d’elle, dans le propre pâturage. Avant le crépuscule, chaque berger réunissait son troupeau à proximité de la cabane, où il restait toute la nuit ; on n'utilisait pas d'enclos pour l'enfermer. Il était normal que quand les bergers se réveillaient le matin les brebis soient déjà parties paître.
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Revisión actual del 10:36 16 jul 2019

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Les lieux (majadas) où les bergers s'établissent avec leur troupeau en montagne reçoivent divers noms en Vasconia : sel, gorta, saroi, sarobe ou kaiolar. Ils se trouvent précisément aux endroits où le bétail qui paît en montagne se réfugie instinctivement.

Les bergers ont choisi ces lieux abrités pour y construire la cabane où vivre, l'abri ou le parc pour le troupeau, les enclos pour la traite et les autres dépens qu'ils utilisent pendant leur séjour en altitude.

Les caractéristiques de ces établissements dépendent surtout du type de pastoralisme et de l'activité que réalise le berger.

Dans ce chapitre, nous proposons une vision d'ensemble des constructions requises par le soin et l'exploitation du bétail en dehors de l'environnement domestique. La meilleure façon d'atteindre cet objectif est de parcourir les chaînes montagneuses de Vasconia et d'analyser sommairement les constructions et les installations que comportent leurs bergeries.

Dans notre cas, l'itinéraire commence dans les montagnes de Carranza à l'extrémité occidentale de la Biscaye pour se diriger d'Ouest en Est, en suivant toute la chaîne montagneuse qui marque la ligne de division des eaux (Gorbea, Anboto, Aizkorri, Aralar) avec les sierras qui pénètrent en Bizkaia (Aramotz, Oiz) et au Gipuzkoa (Izarraitz, Ernio). Nous nous arrêterons ensuite sur le complexe formé par Andia-Urbasa-Entzia avant de passer aux établissements pastoraux dans les Pyrénées navarraises, de la vallée de Baztan à celle de Roncal. Puis, en redescendant les Pyrénées, nous irons jusqu'aux Bardenas Reales pour en décrire les refuges que nous trouvons dans les parcs à troupeau (corralizas) de la Navarre moyenne.

Sur une seconde ligne montagneuse, nous parcourrons l'Álava du couchant au levant, de Sierra Salvada au Toloño, pour finir à la Sierra de Codés, à la limite avec la Navarre. Et pour terminer, nous reviendrons dans les Pyrénées, mais sur leur versant septentrional, pour étudier sous un autre angle l'organisation de l'espace de montagne en Lapurdi, Basse-Navarre et Zuberoa.

Les monts de carranza

Cabañas et casetas

Dans les montagnes méridionales de la vallée de Carranza (B), près des pâturages de la Sierra de Ordunte, les cabanes de berger sont de petites constructions de forme rectangulaire, de trois mètres de long pour deux de large environ : leurs murs sont en pierre calcaire et, sauf la porte d'entrée, elles sont dépourvues d'ouvertures. Sur les murs pignons repose la panne qui forme la cumbre ; et, parallèlement à elle, une de chaque côté, sont disposées les pannes intermédiaires, les sopandas, puis, reposant sur elles, les chevrons. Sur cette charpente en bois sont disposées des lauzes formant une toiture à deux versants.

La porte d'entrée avec encadrement de pierre ou de bois se situe sur l'un des murs pignons ou parfois sur l'un des murs latéraux. Pour empêcher l'accès à l'intérieur on utilisait une dalle de pierre ou, jadis, un treillis de bardanasca, c'est-à-dire de branches de noisetier.

L'intérieur de la cabane ne comportait pas de divisions. Dans l'un des angles se trouvait le foyer et le reste de l'espace était occupé par la camareta, l'endroit où dormir, séparé du feu par un madrier, la palanca, qui servait en même temps de banc face au feu. La camareta était habituellement confectionnée avec des branches de noisetier, avec un écart d'environ cinq centimètres entre elles, disposées sur deux madriers parallèles. Dessus, on répandait de la bruyère et de l'herbe fine appelée pelo ratón. Tous les 20 jours environ, on changeait cette herbe, pour éviter l'accumulation de puces. La nouvelle herbe se ramassait à dallo, à la faux. Parfois, sur la bruyère, on disposait des hojones, c'est-à-dire des feuilles de maïs apportées de la maison.

Ces cabanes de pierre, situées principalement dans les zones hautes de la Sierra de Ordunte, étaient partagées jadis par trois ou quatre bergers, mais dans les dernières années avant leur abandon, seul y dormait un berger. Elles ont été abandonnées au milieu des années soixante, en même temps que disparaissait le loup.

Un autre type de cabane, plus rudimentaire, est celle construite à base de branches et de mottes de terre. On place par terre deux bois inclinés formant un triangle sur chacun des côtés, qui sont ensuite reliés par une autre branche horizontale servant de cumbre (faîtière). Les flancs sont fermés avec des murs de terre en laissant une petite ouverture comme entrée. La toiture, à deux pans, consiste en un treillis de tiges formant bardanasca sur lequel sont disposés des mottes de terre avec l'herbe tournée vers le bas. Certains bergers avaient aussi l'habitude de recouvrir le tout d'une couche de cagolitas ou excréments de brebis, afin de mieux l'imperméabiliser.

Les enclos étaient annexes ou proches des cabanes. Ils consistent en un mur, généralement de pierres, mais il en existait aussi d'autres tressés en bois (cerranchas ou bardanasca). On y enferme le troupeau pour y passer la nuit et pour traire les brebis à la période où ces dernières, étant en montagne, ont encore du lait.

Au nord de la vallée, sur les flancs de l'Armañón (865 m), ces constructions étaient encore plus précaires. Elles étaient construites en bois de noisetier en fichant au sol deux grandes branches fourchues, disposées l'une face à l'autre afin de pouvoir recevoir une troisième branche horizontale servant de panne faîtière. Sur les côtés on disposait des branches inclinées, en plus grand nombre possible, recouvertes ensuite de monchinos, une espèce de bruyère, puis de mottes, césperes, avec l'herbe vers le bas, et enfin d'une couche de terre fine.

Trois bergers pouvaient s'y installer. L'endroit le plus confortable était le centre, car celui qui l'occupait pouvait se redresser jusqu'à s'assoir. Sur les côtés il fallait rester allongé, car sinon la tête heurtait le toit en faisant tomber des fragments de terre et de bruyère.

Les bergers étaient contraints de refaire ces cabanes chaque année car elles ne résistaient pas aux intempéries hivernales et étaient souvent détruites par les vaches monchinas. Elles étaient dressées dans la zone la plus haute de la montagne, sur le cordón (crête) ou près d’elle, dans le propre pâturage. Avant le crépuscule, chaque berger réunissait son troupeau à proximité de la cabane, où il restait toute la nuit ; on n'utilisait pas d'enclos pour l'enfermer. Il était normal que quand les bergers se réveillaient le matin les brebis soient déjà parties paître.