XXIII. LES FOIRES ET L'ACHAT-VENTE DE BÉTAIL

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Les foires de bétail

Anciennement, les foires importantes de bétail avaient généralement lieu deux fois par an. Il pouvait en exister d'autres plus locales, tandis que les marchés étaient et sont plus fréquents, bimensuels ou hebdomadaires et peuvent même durer plusieurs jours de la semaine selon l'importance de la localité.

Les marchés, du moins à l'origine, étaient moins importants que les foires. Dans certaines localités, ils avaient lieu, et continuent parfois à avoir lieu, pour les propres habitants du village ou des environs. Il en existe de plus spécialisés, dans les bovins, les ovins, les équins, etc., où viennent des gens depuis beaucoup plus loin. D'autres encore, surtout aujourd'hui, ont un caractère de spectacles et d'expositions et des concours y sont généralement organisés.

Dans certains lieux, à côté de foires plus ou moins fréquentes, certaines exceptionnelles étaient organisées. Quant aux lieux situés à une frontière, leurs habitants vont aux foires et aux marchés des villages de territoires limitrophes (ainsi ceux de Moreda vont à Logroño...). Finalement il existe des foires exceptionnelles, comme celles de Torrelavega, Miranda et Logroño, qui attirent les gens de très loin.

Antan, les foires locales jouaient un rôle important dans l'achat et la vente de bétail bovin ou ovin, à côté d'autres animaux et produits. Les maquignons jouaient un rôle d'intermédiaire en achetant et en vendant le bétail dans les foires et chez les particuliers. L'augmentation de la bureaucratie et de la paperasserie exigée par les administrations pour le transfert et la vente du bétail, ainsi que la crainte des épizooties, en faisant reculer les foires et la vente de bétail, ont donc eu un impact significatif sur l’évolution des coutumes. Aujourd'hui, on peut également observer une transition dans la vente du bétail puisque les propriétaires le vendent à des sociétés coopératives dont ils sont membres. Une baisse significative de la vente de bétail a été constatée dans les foires locales.

Dans l'Aralar guipuzcoan, dans la prairie d'Igaratza, à côté des dolmens du même nom, se trouve un endroit appelé Perileku, le lieu de la foire. Le nom provient d'une mi-foire, mi-réunion sociale entre bergers qui y avait lieu jusque dans les années quarante. Elle se tenait toujours à date fixe, soit l'avant-veille de la Saint-Jean, le 22 juin. Les bergers s'y rassemblaient dans trois buts : l'achat-vente de brebis, l'échange de béliers pour améliorer et revitaliser le troupeau et la vente des derniers agneaux aux bouchers qui montaient en acheter.

Les informateurs de certains villages signalent que dans de nombreuses foires l'apparence externe de l'animal était sur-évaluée et que sa beauté primait, sans tenir compte parfois de sa valeur pour exécuter la tâche qui allait lui être confiée. C'est pourquoi certains éleveurs embellissaient leurs animaux pour les conduire à la foire (Urkabustaiz-A). La coutume d'orner les vaches et les veaux menés à la foire était répandue. On leur mettait un collier de cloches, on les brossait et on leur rasait la queue ne laissant une touffe au bout (Urduliz-B).

À Urkabustaiz, la coutume, également pratiquée dans les villages environnants d'Alava, voulait qu'aux foires assistent les éleveurs qui avaient un seul veau. Quand deux assistants se trouvaient dans cette situation, les veaux étaient jetés au sort et l'un d'eux obtenait les deux animaux, en échange d'une somme pré-convenue. Ce système était utilisé pour former des paires d'animaux.

L'achat-vente avec maquignons et entre éleveurs

Les éleveurs, tout en assistant aux foires pour effectuer directement des opérations d'achat-vente de bétail, demandaient souvent l'intervention de ceux qui se consacraient professionnellement à cette activité, c'est-à-dire des maquignons. Il s'agissait généralement de personnes du même village ou des environs qui, de leur propre initiative ou à la demande de l'éleveur, le visitaient en se rendant dans l'étable domestique pour convenir du prix du bétail, tant à l'achat qu'à la vente. À d'autres occasions, ils intervenaient comme intermédiaires dans les foires.

Ils s'habillaient habituellement d'une blouse noire caractéristique et s'accompagnaient d'un grand bâton (Ayala, Pipaón, Urkabustaiz-A). Ils portaient souvent un portefeuille tenu par des élastiques ou aussi « une grande sacoche pour mettre l'argent » (Ayala). Les maquignons gitans, outre cette tenue, se nouaient un foulard au cou et se couvraient la tête d'un chapeau (Pipaón-A).

L'accord d'achat

L'inspection des bêtes

En premier lieu, le bétail qui se vendait dans les foires, était attentivement examiné par l'acheteur, parfois avec l'aide de tiers, avant de prendre la décision de l'acheter.

À Sangüesa (N), pour acheter un animal de trait ou une vache, principalement dans les foires, on regardait d'abord sa denture pour savoir s'il était jeune ou vieux ; on tenait compte de son envergure ou de sa maigreur et, dans le cas des équins, on les faisait courir pour voir s'ils boitaient, et même on les attelait à une charrette pour savoir s'ils étaient habitués à la tirer ou à porter une charge. « Par la tête et par le poil ils savaient l'état de l'animal  » –signalent les informateurs–. Si on lui regardait l'œil fixement et s'il ne le fermait pas, cela signifiait qu'il était borgne. La coutume d'examiner les diverses partis de l'animal telles que les dents, les cornes, les sabots... était assez généralisée, comme il a également été constaté à Aoiz et dans l'Ultzama (N).

L'importance de l'élevage dans l'économie familiale

De façon générale, il a été observé qu'autrefois le bétail avait une grande importance dans l'économie familiale et qu'en posséder une plus ou moins grande quantité révélait la catégorie de la maison (Agurain-A)[1]. Le gros bétail était utilisé pour les travaux de la ferme, ainsi que pour l'élevage, la viande et d'autres produits, et il était placé sous responsabilité des hommes de la maison. Du petit bétail (porcs, poules, lapins) répondait la femme de la maison. L'utilité et l'intérêt pour les animaux de bât et de trait ont fortement décrus ces derniers temps, en étant remplacés par les machines.

L'élevage du bétail a eu plus d'importance et de transcendance dans l'économie domestique des villages de montagne que dans ceux de plaine, où l'agriculture a été prédominante et secondée par l'élevage.


  1. En basque « riche » se dit aberatsa qui signifie littéralement « maître d'un grand nombre de têtes de bétail », puisque pour le gros bétail on utilise le terme abere, comme c'est le cas en latin avec pecus, « bétail », pecunia, « argent » et peculium, « pécule ».