XVI. LES SÉPULTURES DANS LES ÉGLISES. JARLEKUAK. FUESAS

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Jusqu'aux dispositions légales du XIXe siècle, la pratique habituelle a consisté à enterrer les morts à l'intérieur de l'église. À cette fin, chaque maison disposait d'un lieu d'enterrement dans la nef du temple, autrement dit d'une sépulture. Il existe encore dans de nombreux villages d'anciennes sépultures sous le plancher qui couvre les nefs de l'église. Ces enterrements ont donné naissance à des pratiques qui ont revêtu une grande importance dans la religiosité du village et qui ont perduré quasiment jusqu'à nos jours.

Plus tard, lorsque les enterrements sont passés aux cimetières, les maisons ont continué à garder la place où se trouvait antan la sépulture réelle, convertie maintenant en sépulture symbolique. Cette dernière était occupée par les femmes de la maison pendant les offices religieux et c'est là qu'étaient déposées les offrandes.

La sépulture symbolique était un morceau de pavement, dont les dimensions oscillaient entre deux mètres de long pour un mètre ou un demi-mètre de large.

Dans certains villages, la sépulture se reconnaissait par sa forme rectangulaire marquée d'un numéro (Mélida et San Martín de Unx-N), ou par les sigles des noms de la famille ou le numéro de la maison où elle habitait (Mendiola-A). À Berriz (B), avant la restauration de l'église, réalisé peu avant 1923, les sépultures se distinguaient par leur couvercle en bois alors que le reste du pavement était en pierre.

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Survivance des sépultures symboliques

Sépulture domestique

Dans nombre des enquêtes réalisées, il a été constaté que jusque dans les années soixante-dix chaque famille maintenait à l'intérieur de l'église sa sépulture domestique. Arrinda a observé en 1971 que des 25 paroisses étudiées en Bizkaia, Gipuzkoa et Navarre, toutes, sauf trois églises de construction récente, avaient connu les sépultures et que très souvent, dans les trois territoires, la tradition de les activer et d'y déposer des offrandes perdurait encore à cette date [1].

Au Pays basque, la demeure des vivants et celle des morts ont toujours constitué un domaine indissociable. Comme le signale Echegaray, les gens ont toujours considéré la sépulture comme quelque chose de plus qu'un endroit où s'assoir et l'Église a accepté que chaque famille ait sa propre place à un endroit donné du temple, ce qui a donné lieu à un droit qui n'implique aucun propriété mais qui est parfaitement transmissible[2].

Mobilier de la sépulture

Les éléments matériels qui composaient la sépulture étaient la nappe ou le drap sur lequel étaient déposés les candélabres servant de support aux lumières, les petits paniers d'offrandes et les prie-Dieu où s'installaient les femmes qui la présidaient. Ainsi, les sépultures ressemblaient à des sortes d'autels funéraires où étaient effectuées les offrandes de lumières et de pains aux ancêtres et des prières étaient récitées pour le salut de leur âme.

L'information apportée par les enquêtes indique que la catégorie sociale d'une maison ou d'une famille se reflétait également dans le mobilier de la sépulture. Dans certains endroits, les familles aisées utilisaient pour les offrandes de lumières le candélabre, le petit panier étant relégué aux familles pauvres. Le propre candélabre était plus moins ouvragé et luxueux en fonction des familles. De même, le tissu avec lequel étaient confectionnés les nappes et les broderies, le métal et le travail artisanal des candélabres, ainsi que les prie-Dieu établissaient une claire distinction dans la capacité financière des propriétaires de ces objets.

Activation de la sépulture

Bien que la sépulture domestique soit en permanence située dans la nef de l'église, les femmes de la famille l'activaient à l'occasion du décès d'un membre de la maison, tant pendant les obsèques que lors des offices, neuvaines et autres cérémonies religieuses suivantes tant que durait le deuil. L'activation consistait à allumer des lumières sur la sépulture, à réaliser des offrandes et à prier dessus, une fois le mobilier déposé dedans.

Cette tâche était de préférence confiée à la maîtresse de maison et, à défaut, par l'une des femmes de cette dernière. Il était habituel, en cas d'impossibilité qu'une femme de la famille se rende sur la sépulture, qu'une voisine ou une autre femme proche de la sépulture s'en occupe. Dans certains endroits, il était aussi traditionnel, au moins occasionnellement, que la personne chargée d'entretenir la sépulture soit la benoîte ou une autre femme particulièrement pieuse. Parfois, dans les dispositions testamentaires, une somme est léguée pour couvrir les frais d'entretien de la sépulture. Pour que cette mission soit remplie, le propre testateur faisait un don à ses filles, ses nièces ou ses petites-filles avec l'obligation de satisfaire sa volonté.

Prise de possession de la sépulture

La responsabilité de présider la sépulture domestique et d'y déposer des offrandes, comme il a été signalé plus haut, est toujours revenue à la maîtresse de maison. Ce devoir figurait autrefois dans le contrat de mariage par lequel, avec les parents toujours en vie, la gouvernance de la maison était transférée au nouveau couple qui s'y installait.

La transmission avait aussi son expression rituelle au niveau de la sépulture de la maison. Azkue mentionne une coutume autrefois très répandue en Bizkaia et au Gipuzkoa, mais aussi connue jusque dans la vallée de Roncal en Navarre :

« Le jour férié immédiatement après celui du mariage, la vieille maîtresse de maison (etxekoandre zaharra) conduit sa belle-fille (emazte ezkonberria) au sépulcre de la famille. La belle-mère embrasse l'étole (du prêtre) et lui donne deux livres de pain. La belle-fille porte l'offrande et réalise également une aumône pour les prières. »[3].

Elle prend ainsi possession de la sépulture de la maison, s'associe aux ancêtres de cette dernière et entre dans la famille de l'époux. Dorénavant les deux femmes co-présideront les rites funéraires sur la sépulture ou jarleku de l'église, de la même façon qu'elles co-dirigent la vie dans la maison. À défaut detxekoandre zaharra, c'était letxekoandre berria qui exerçait la présidence de la sépulture, même si les filles de la première étaent vivantes.

  1. Anastasio ARRINDA. Euskalerria eta Eriotza. Tolosa : 1974, pp. 83-84.
  2. Bonifacio de ECHEGARAY. « Significación jurídica de algunos ritos funerarios del País Vasco » in RIEV, XVI (1925) p. 191.
  3. Resurrección M.ª de AZKUE. Euskalerriaren Yakintza. Tome l. Madrid, 1935, p. 277.