XVIII. LA CHASSE DES NUISIBLES

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Le mot alimaña (déprédateur, nuisible) vient du latin animalia, le pluriel d'animal. Il est certainement paradoxal que ce terme ait l'acception populaire d'animal nuisible pour le bétail, alors que dans certaines langues romanes la racine latine a évolué vers des noms avec lesquels sont désignés des animaux domestiques.

Antan, il n'était pas habituel que les bergers chassent et ils avaient souvent des problèmes pour se défaire des déprédateurs qui provoquaient des pertes dans le troupeau. C'est ce qui a été constaté à Allo (N), où ils ne se souviennent pas qu'ils aillent les chasser ; et s'ils apparaissaient ils ne pouvaient pas faire grand chose, car ils n'avaient d'autre arme que leur houlette.

Ceux d'Urkabustaiz (A) signalent que les armes du berger étaient le couteau, le bâton et un chien obéissant. Ils ne portaient jamais de fusil.

Dans les cas où les bergers portaient des armes, ils le faisaient plus pour se défendre de l'attaque des déprédateurs que par amour de la chasse.

Autrefois, ceux de la Sierra de Izarraitz (G) portaient dans certains cas un fusil à un canon se chargeant par la bouche.

À Eugi (N), ils signalent qu'en général il n'y avait pas d'armes dans les maisons, sauf dans celles des chasseurs. Mais au domicile de l'un des informateurs il y avait un pistolet pour se protéger des loups.

Un berger de Roncal (N) signale que généralement ils n'avaient pas d'armes mais il se souvient qu'au début du XXe siècle certains portaient un revolver dans le sac, mais selon lui c'était pour dire qu'ils en portaient un et pour s'exercer au tir. Le berger ne pouvait pas avoir de fusil car il lui était interdit de chasser.

À Ayala (A), quand le loup rôdait, certains portaient un fusil à l'épaule, mais c'était de toute façon exceptionnel.

Les bergers de la Sierra de Aramotz (Belatxikieta-B) n'ont pas utilisé de fusil jusqu'aux années soixante, mais par la suite il a commencé à faire son apparition. Par contre, certains bergers de la Sierra de Anboto (B) se souviennent d'en avoir porté un en montagne.

Les bergers propriétaires de la Sierra de Badaia (A) étaient armés, mais cachaient le fusil dans la montagne. Aux époques où les renards menaçaient les agneaux ou les chevreaux, ils étaient accompagnés d'un chasseur du village. Au début du XXe siècle, quand le loup rôdait, on montait du village avec le fusil.

Parfois, les bergers ont aussi tiré parti des possibilités que leur offrait le milieu où ils évoluaient pour chasser et ainsi obtenir un complément pour leur alimentation.

Dans les Bardenas (N), en général, ils n'étaient pas chasseurs. Ils ont capturé des lapins à une époque où il semblerait qu'il y ait eu une surabondance de ces animaux, car, selon un informateur, ils « allaient mourir dans les parcs ». Ils utilisaient pour cela deux méthodes : les pièges et les frapper avec un bâton quand ils se trouvaient « en la cama » (au lit), autrement dit au gîte. Pour y parvenir, il fallait s'approcher très silencieusement. Ils chassaient aussi les renards, car ils s'attaquent aux agneaux nouveau-nés, mais ils ne capturaient jamais de perdrix ou d'oiseaux, sauf occasionnellement s'ils n'avaient rien d'autre à manger.

À Izarraitz, ils ne chassaient pas, sauf rarement un lièvre ou deux, un chat sauvage, basakatua et quelque oiseau.

Bien que les bergers aient exercé une rare activité cynégétique, leurs relations avec les chasseurs n'étaient pas en général des plus cordiales. Les intérêts des uns et des autres ne se rencontraient que pour la chasse des nuisibles, les premiers par besoin et les autres pour se divertir. On dit dans la Sierra de Codés (N) qu'autrefois seuls allaient en montagne les bergers et les chasseurs et même si les premiers pouvaient aimer la chasse ils détestaient certaines méthodes qui pouvaient leur nuire. Ils n'aimaient pas les lacets pour sangliers où pouvaient se prendre les brebis, ni les pièges où leurs chiens pouvaient parfois être attrapés.

Les principaux problèmes entre eux surgissent quand les chasseurs utilisent des chiens car souvent ils causent des préjudices aux troupeaux, le plus souvent parce qu'ils effraient les brebis et occasionnellement parce qu'ils provoquent la mort de l'une d'elles (Carranza-B).

En ce qui concerne les méthodes traditionnelles pour capturer les déprédateurs, Caro Baroja note que « certains procédés rudimentaires de chasse dans le nord de l'Espagne sont étroitement liés au régime pastoral [...] même si, incontestablement, d'un point de vue culturel, ils doivent être considérés comme antérieurs à lui et couvrent une aire bien plus large. L'une d'elles est la méthode de la battue au cours de laquelle les gens font un grand vacarme là où il existe des déprédateurs qu'il convient socialement d'éliminer, parce qu'ils sont une menace constante pour le bétail. L'autre, beaucoup plus curieuse, est le système de chasse avec des pièges. Parfois les deux méthodes sont combinées »[1].

Dans certaines montagnes, il existe encore des pièges à loup, autrement dit des espaces entre deux murs qui se rejoignent afin d'acculer les loups dans une profonde fosse. Cette disposition facilitait le succès des battues quand on savait qu'un loup rôdait dans la montagne. Là où il n'y avait pas de piège à loup, la chasse était moins sûre. Malgré tout, au moyen de la battue d'un groupe aidé par des chiens, ils essayaient d'effrayer les nuisibles et de les forcer à fuir vers une gorge où d'autres chasseurs les attendaient armés de fusils.[2].

Beaucoup plus précaires étaient les procédés d´effrayer les déprédateurs à l'aide de feu ou en faisant un gros vacarme. D'autres ressources comme le poison ont eu par contre des effets dévastateurs.

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La capture du loup

Le loup a été le principal déprédateur de nos montagnes au cours des siècles passés et le concurrent le plus tenace du berger dans cet habitat.

Une des principales raisons pour lesquelles il était haï est pour son habitude de tuer plus d'animaux que ceux qu'il mange, ce qui provoque de grandes pertes dans les troupeaux (Urkabustaiz-A). Ajoutons à cela que les brebis prennent peur et se précipitent des falaises quand il rôde aux alentours.


  1. Julio CARO BAROJA. Los pueblos del Norte. San Sebastián : 1977, p. 188.
  2. José Miguel de BARANDIARAN. «Aspectos sociográficos de la población del Pirineo Vasco» in Eusko-Jakintza, VII (1953-1957) p. 19.