XVI. LE CÉLIBAT. LE MARIAGE DE VEUFS ET DE VIEUX

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Le célibat

L’état marié a été traditionnellement considéré comme la situation naturelle de l'homme et de la femme, sauf si surgissait une vocation religieuse. Mais en réalité, dans tous les villages étudiés nous pouvons constater l’existence de personnes qui ne sont pas mariées et qui sont restées célibataires au-delà de l’âge juvénile.

Causes du célibat

Les enquêtes font état de causes à caractère général qui conduisent au célibat. On cite parmi elle la timidité personnelle, l'aspect physique, le fait de ne pas avoir trouvé la personne adéquate pour former un foyer, le fait d'avoir laissé passer les années de jeunesse, la disproportion du nombre de jeunes de chaque sexe, les deuils continus et les chagrins d’amour. Dans de nombreuses localités, on signale, pour les jeunes hommes, que le fait de se replier sur le groupe d'amis célibataires est un obstacle pour nouer des relations avec les jeunes filles.

On indique aussi que les parents sont parfois responsables du célibat de leurs enfants.

Un des motifs de célibat chez les femmes était le fait d'avoir à soigner les parents, un parent âgé et malade, ou un frère prêtre.

Une autre cause signalée de célibat est la pression qu'exerçaient les amis célibataires pour empêcher qu’un membre de leur groupe sorte avec une jeune fille et établisse avec elle une relation.

L'intégration des célibataires dans la maison

Traditionnellement, dans toutes les régions de Vasconia, les enfants célibataires ont eu la possibilité de continuer à vivre sous le toit paternel, les hommes se consacrant aux travaux agricoles et les femmes aux tâches domestiques. À la mort des parents, ils continuaient à vivre dans la maison avec le frère héritier et sa famille, de sorte qu'ils n'étaient pas livrés à eux-mêmes, même si cette situation était une source de conflits. À partir des annés cinquante, les célibataires majeurs qui jusque là se consacraient aux travaux des champs ont commencé à travailler comme salariés hors de la maison.

Mariage et procréation

Traditionnellement, le mariage est considéré comme la destinée naturelle de toutes les personnes lorsqu’elles dépassent les années de jeunesse. L'exception à cette règle est la situation des jeunes qui optent pour la vie religieuses en entrant dans un monastère ou au couvent et ceux qui entrent au séminaire pour devenir prêtres.

Par ailleurs, la procréation était considérée comme la fin naturelle du mariage. L'aspiration des parents a toujours été de voir tous leurs enfants "casés" ou "à l'abri" ; en d’autres termes, ils veulent que leurs enfants se marient et forment leur propre famille. L'expression "alors nous pourrons mourir tranquilles", tellement utilisée et enracinée indique que c’est là que se trouve la grande aspiration des parents. Quant à la profession religieuse des enfants, elle a aussi été considérée comme une situation stabilisée. En revanche, le célibat se présente aux yeux des parents comme un état incomplet et moins avantageux.

Dans le système traditionnel, tant le mariage que la procréation sont exigés par la continuité de la maison au sein du lignage.

Le célibat religieux

Une des options de vie, à côté du mariage, était l’"entrée en religion, le fait de devenir moine ou moniale ou d’accéder à l’état clérical en entrant dans les ordres. Tant l'état de vie des religieux et les religieuses que celui des prêtres impliquent le célibat. Mais, dans la mentalité populaire, ceux qui optent pour ce mode de vie ne sont pas inclus dans la catégorie des célibataires.

L'entrée en religion s’exprime par un rite de passage solennel appelé "profession religieuse" qui indique un choix dans la vie. Ce passage est précédé par une période de préparation qui dure plusieurs mois —postulat— et une autre de formation —noviciat— avant la consécration religieuse. Les jeunes filles qui entraient au couvent devaient apporter une dot stipulée en linge et en argent. Elles pouvaient aussi professer sans apporter de dot, mais dans ce cas elles se consacraient aux tâches manuelles de la vie du couvent et avaient la catégorie de "sœurs".

Le parallélisme entre noviciat et fiançailles, entre profession religieuse et mariage, et la dot dans les deux cas, ont conduit les gens à dire que les religieux et les religieuses sont "mariés avec Dieu". En conséquence, il leur est exigé une conduite en accord avec leur condition religieuse et avec les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance qu'ils émettent au moment de professer.

À Durango (B), jusque dans les années soixante-dix un nombre appréciable de jeunes filles jeunes entre 18 et 25 ans entraient en religion ou, comme on disait populairement, "se iban monjas". Certaines se destinaient à la clôture (Clarisses —franciscaines—, Augustines, Carmélites déchaussées) et d’autres aux congrégations dédiées à l'enseignement (Carmélites de la Charité), aux missions dans des pays lointains (Mercédaires missionnaires, Franciscaines de Marie); au soin des malades et des vieillards (Filles de la Charité).

Dans le rite de la "prise d'habit" pour entrer au couvent (Clarisses ou Augustines), la jeune aspirante portait une robe longue et blanche, un bouquet de fleurs à la main et se couronnait d’un diadème de fleurs comme une fiancée. La cérémonie était suivie d’un repas qui réunissait la famille et les amies de la nouvelle religieuse, sans la présence de celle-ci quand il s'agissait d'un ordre cloîtré.

Le mariage de veufs et de vieux

Jadis, les personnes qui se retrouvaient veuves, tant les hommes que les femmes, laissent s’écouler avec prudence un certain temps avant de contracter un second mariage car il était mal vu qu'ils se remarient avant au minimum un an. Au Pays basque continental, on disait que les veuves ne devaient pas se remarier avant que le cierge allumé sur la sépulture familiale à la mort de son mari ne se soit consumé ; ce dernier était allumé pendant treize mois[1].

Le remariage de veufs, ainsi que celui de personnes âgées, faisait l'objet de moqueries, chansons lestes et charivaris. Avec de telles manifestations, principalement organisées par les jeunes, ces derniers montraient leur désapprobation et censuraient un mariage qui avait lieu en dehors de l'âge normal de se marier. Pour éviter ces censures publiques, ces mariages avaient lieu très tôt le matin dans un lieu et à une heure tenus secrets.


  1. Juan THALAMAS LABANDIBAR. "Contribución al estudio etnográfico del País Vasco continental" in AEF, XI (1931) p. 20.