XVII. LA FAMILLE ET LA PARENTÉ
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La famille. La parenté. La parentèle
Dans les villages bascophones, plusieurs termes ont été recueillis concernant la famille et les parents : etxekoak, familia/sendia, et senitartekoak/ahaideak. Dans les villages castillanophones, les termes correspondant sont famille, parenté et parentèle.
Dans les deux cas, les termes sont polysémiques et il faut donc souvent les prendre dans leur contexte pour comprendre leur signification exacte.
L'extension de la communauté familiale
Barandiaran a écrit quelques réflexions à partir de l'information recueillie par lui dans le quartier San Gregorio du village d'Ataun (G), qui sont généralement valables pour tout le monde rural de Vasconia du début du XXe siècle. Il signale que dans presque toutes les maisons du monde rural il existait une famille double ou une association matrimoniale, autrement dit, les parents et l'héritier avec son épouse et ses enfants. Ils constituaient une unité économique, une communauté sociale et une entité religieuse. Les membres de la famille mangeaient, priaient et travaillaient tous ensemble[1].
Antan, il était fréquent que sous un même toit vivent trois générations d'une famille : les parent avec le fils ou la fille qui restait à la maison et les petits-enfants. Ce toit pouvaient aussi accueillir un frère ou une sœur célibataire des parents, les frères et sœurs célibataires de l'héritier et, parfois, un ou une domestique.
Les noms de famille
Le nom de famille
Barandiaran signale que le nom de famille coïncide souvent avec celui propre à la maison où a vécu primitivement la famille.
Il ressort de nos enquêtes que dans nombre de villages les noms de famille étaient au départ et majoritairement oiconymiques, mais dans d'autres, en revanche, patronymiques. Dans la plupart des endroits, leur provenance a été oubliée et les noms sont transmis des parents aux enfants en alternant ceux du père avec ceux de la mère. Caro Baroja affirme que la famille élémentaire basque de laboureurs n'est presque jamais connue par le nom de famille du père, comme dans divers endroits d'Europe, mais par le “nom de maison”, là où elle vit et qui souvent remonte à très longtemps[2].
Les prénoms les plus courants
Antan, il était habituel de donner à l'enfant le nom du saint du jour, eguneko izena, pris dans le répertoire des saints chrétiens, ou aussi le nom du parrain ou la marraine[3].
Les noms conservés sont enracinés dans les traditions populaires et liés à la proximité d'un sanctuaire, aux saints patrons de la localité ou à une dévotion particulière. La coutume de donner aux filles le nom de María ou celui d'une vierge locale derrière le nom de María était très répandue.
À partir des années soixante-dix, de façon générale, la tendance de choisir des noms basques est constatée partout.
Comment sont désignées les personnes
Dans les zones rurales bascophones, mais pas exclusivement, car cela a aussi été constaté dans de petits villages d'autres régions, le mode commun de désigner une personne consiste à mentionner la maison et le prénom, et parfois uniquement la maison.
Ailleurs, les informateurs expliquent que les personnes sont désignées par le prénom ou par le prénom suivi du nom de famille si la localité est grande, mais sans exclure, quelquefois, le nom de la maison quand cela est possible. De même, de nombreux témoignages parlent de la référence au métier ou à l'emploi du chef de famille.
Le nom de la femme mariée
En Vasconia péninsulaire, il est commun que la femme mariée conserve son nom de famille, qu'elle transmet aux enfants comme deuxième nom de famille. En Vasconia continentale, la femme mariée ne garde pas son nom de jeune fille mais prend le nom du mari. Comme l'a recueilli Barandiaran à Sara (L), le fait que l'épouse prenne le nom du mari est une coutume adoptée au XXe siècle. Anciennement, les femmes mariées utilisaient pendant toute leur vie le nom de leur père ou le nom de leur maison d'origine. À Obanos (N), on constate que la femme conserve son nom, mais qu'on continue à l'identifier par le nom de la maison paternelle d'où elle vient, ainsi par exemple : “la M.ª Carmen la de Rebolé”.
Noms et formules entre parents
De nos jours, une constatation générale est que l'emploi du vouvoiement dans les relations est tombé en désuétude et qu'il est remplacé par le tutoiement. Dans certains villages, il a été signalé que le tutoiement et le vouvoiement se mélangent dans les conversations et dans le traitement, et que leur usage dépend des familles. En basque, il a existé, et en partie elles se maintiennent, différentes formules de traitement berori(ka), vous ; zu(ka), vous-tu ; et hika, tu ; mais le zu(ka) a pratiquement relégué les deux autres.
Quelques informateurs ont signalé qu'autrefois avec le vouvoiement on essayait de manifester du respect à l'interlocuteur et que maintenant avec le tutoiement on veut exprimer la confiance et la proximité.
- ↑ José Miguel de BARANDIARAN. “Aspectos de la transición contemporánea en la cultura del pueblo vasco” in Etnología y tradiciones populares. Zaragoza : 1974, p. 12.
- ↑ Julio CARO BAROJA. “Sobre la familia vasca” in Baile, familia, trabajo. San Sebastián : 1977, pp. 123-124.
- ↑ ETNIKER EUSKALERRIA. Ritos del nacimiento al matrimonio. Bilbao : 1998, pp. 182-185.