XIX. VIE ET FONCTIONS DES ÉPOUX
Contenu du page
La vie en commun des époux
La vie en commun au travail
Dans la société traditionnelle, il existait une division de fonctions dans la famille et dans le couple. Certaines étaient propres au mari et d'autres à la femme. À grands traits, nous pouvons dire que dans le monde rural le lieu de travail de l'homme se trouve en dehors de la maison et de l'étable, tandis que la femme s'occupe de tout ce qui est lié à la maison et au potager proche de celle-ci, baratza, ortua, dont le soin lui est confié.
En dehors de ces missions générales, comme il ressort des enquêtes, il existait certaines tâches partagées, même si les travaux les plus exigeants physiquement étaient réservés au mari. Il a aussi été relevé qu'en général la femme aidait plus le mari dans les travaux agricoles que ce dernier sa femme dans les tâches domestiques.
L'autorité dans la société conjugale
Désignation du mari par la femme
Ainsi qu'il a été signalé un peu partout, notre société traditionnelle a accepté comme quelque chose de normal la situation de domination du mari sur la femme et de même il était mal vu que la femme domine le mari, surtout si cette manifestation était publique et notoire.
Certains informateurs ont indiqué qu'il était aussi mal vu que le mari se mêle aux affaires domestiques parce qu'il était admis que le foyer était un territoire correspondant à la femme.
La vie sociale des époux
La vie sociale conjointe
Dans le monde rural, il n'existait pas beaucoup de temps libre pour les relations sociales, à l'exception de celles de voisinage. De plus, la femme était liée à la maison par le soin des enfants et du petit bétail. Il ne restait donc pas beaucoup de temps libre.
Ceci ne signifie pas que dans les gros villages ou ceux à habitat concentré la vie sociale n'était pas animée.
Une information courante est que l'homme avait plus de vie sociale que la femme. Il va au café, joue aux cartes, etc., et donc a plus de relations avec les gens. Le cercle des amitiés de la femme, surtout une fois qu'elle se marie, devient souvent plus restreint. Dans les petits villages, ses relations se réduisent à la conversation avec d'autres voisines à la sortie de la messe et à la partie de cartes dans une maison. Le couple assiste occasionnellement ensemble à une fête ou à un bal de la propre localité ou d'un village proche, mais même ceci était plus fréquent avant le mariage qu'après. Par contre, là où les époux se rendaient ensemble et rencontraient d'autres personnes, c'était aux noces, aux baptêmes, aux obsèques et aux fêtes patronales.
En général, il a été constaté que, quelle que soit, riche ou pauvre, la vie sociale des époux, ils la vivaient de façon indépendante, le mari d'un côté et la femme de l'autre. Toutefois ils assistaient ensemble à certains évènements.
L'éducation des enfants
Le rôle principal de la femme
Il ressort de façon générale des enquêtes que le plus gros de la tâche, en ce qui concerne l'éducation des enfants lorsqu'ils sont petits, retombait sur la mère. Le père suivait l'éducation de ses enfants, et surtout leur scolarisation, à travers l'information que lui donnait l'épouse. Son intervention se limitait souvent aux cas de désobéissance ou de mauvais comportement, où il représentait alors la figure de l'autorité. Toutefois le couple essayait en général de parler d'une même voix et de ne pas discuter en présence des enfants. Dans certains foyers est apparue l'information que le père s'occupait plus d'orienter les garçons tandis que la mère faisait de même avec les filles.
Le rôle de la femme dans la transmission des valeurs et des croyances
De façon générale nous pouvons tirer des enquêtes l'information que, des deux époux, la femme est la principale éducatrice des enfants et celle qui se charge de leur transférer la tradition qu'elle a reçue quant à elle de ceux qui l'ont précédée.
Dans une grande mesure, la femme conserve encore, comme une tâche qui lui incombe, ce rôle en ce qui concerne la religion et le culte. Toutefois, certaines fonctions traditionnelles comme celles liées au culte des morts, ont fortement reculé avec la disparition du support rituel de la sépulture familiale. L'homme jouait généralement un rôle plus secondaire pour tout ce qui touche à la religion domestique. Cependant certaines activités religieuses relevaient de sa responsabilité, à savoir présenter des offrandes ou commander des messes pour la santé ou la fécondité du bétail, planter des croix bénites pour la protection des biens, assister aux prières collectives pour demander la pluie, placer une image de saint Antoine dans l'étable pour protéger le bétail des maladies, etc. Cette répartition des rôles en matière de religion est le reflet de la propre division des fonctions et des tâches qui incombent à l'homme et à la femme dans la maison. Et elle s'étend jusqu’aux plus petits détails, comme le laurier placé à la tête du lit ou dans le foyer, qui est un soin confié à la femme. En revanche, planter ou fixer la branche de chêne ou de frêne sur la porte de la maison le jour de la Saint-Jean a toujours été une tâche réservée à l'homme.
L'adoption. Urikoak, bortes
Fréquence et dénominations
Dans nombre de villages étudiés, il a été relevé qu'antan, du moins jusqu'à la première moitié du XXe siècle, les adoptions étaient fréquentes. Dans certains endroits, il est apparu qu'elles étaient rares car le village était petit et les familles nombreuses.
Dans les villages étudiés, on distinguait les adoptions légales, avec assimilation aux enfants, d'autres adoptions temporaires ou pour une période donnée, qui n'avaient pas de conséquences juridiques, même si le parler populaire utilise également le terme d'adoption.
Il existait des adoptions de membres de la famille et d'autres cas de figure, mais le premiers cas que nous allons analyser sont ceux des adoptés en provenance d'institutions publiques vouées au secours et à l'accueil des enfants abandonnés, des orphelins, des enfants de familles très nombreuses, de familles pauvres et de femmes célibataires.