IX. L'ORNEMENTATION DE LA MAISON

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Considérations générales

Le terme ornement est dans une certaine mesure relatif, dans la mesure où cet objet que nous percevons aujourd'hui comme un ornement remplissait peut-être autrefois une fonction bien différente.

Tel est le cas, par exemple, des objets qui avaient un caractère protecteur. De nos jours, nombre de croyances, en vigueur jusqu'à tout récemment, se sont évanouies. Ainsi, d'un côté, nous rencontrons des symboles déliés du sens qui était le leur jadis et qui parfois remplissent une fonction purement ornementale ou qui sont la simple expression de l'attachement à une tradition avec laquelle on ne veut pas ou on ne peut pas rompre.

Et, de l'autre, des objets ou des éléments à nature éminemment pratique antan sont devenus des ornements. Ainsi, certaines parties de la maison comme les charpentes, surtout celles en bois, ont aujourd'hui une valeur importante comme antiquité.

Les objets qui ont été fabriqués autrefois, même pour remplir une fonction éminemment pratique, possèdent actuellement une valeur supplémentaire de type décoratif par contraste avec ceux fabriqués en série. De fait, certains objets industriels s'efforcent d'imiter ceux du temps jadis.

Pour les ornements proprement dits, leur rôle consistait surtout à signaler le statut supérieur d'une famille par rapport au reste de ses voisins. La maison constituait un élément-clé pour rehausser la position sociale et économique. Nous en avons un exemple avec les nombreux villages et bourgs où des jeunes ont émigré en Amérique pour “hacer las américas”. S'ils avaient du succès, ils revenaient faire bâtir dans leur village d'origine une résidence pompeuse pour y passer les vacances ou s'y retirer à la fin de leur vie, en affichant au passage, face à leurs voisins, leur réussite. Les maisons d'émigrants sont des bâtiments de belles proportions, en général assorties de dépens, d'espaces verts et de grilles pour clôturer la propriété.

Mais avant ce phénomène des émigrants revenus au pays, il a aussi existé une aristocratie rurale qui vivait dans de belles demeures, d'où l'expression “ser de casa bien” (être de bonne maison), qui signale la position de cette strate sociale.

Dans chaque localité il existait une claire distinction entre les habitations où vivaient les familles attachées au travail des champs ou à l'artisanat et celles des notables ou de nouveaux riches. Les premières étaient à peine ornementées, ou si elles comportaient une décoration, cette dernière était de facture très simple.

Les autres, celles de plus haut niveau économique ou social, étaient profusément décorées. À Allo (N), par exemple, les maisons nobles agrémentent la façade d'un blason nobiliaire, d'une entrée sous arcade, de corniches en pierre, d'avant-toits en chêne avec leurs modillons sculptés, etc. Certaines se terminent sur une tour couronnée d'une croix ou d'une girouette forgée.

Au fur et à mesure que les années passaient, que les travaux agricoles ont été abandonnés et que le niveau de vie s'est élevé, un souci croissant pour “arranger” les maisons a été observé, même si les résultats obtenus sont parfois discutables sous l'angle du respect des traditions constructives de chaque zone.

Murs extérieurs et façades

Façades enduites et à pierre apparente

Nous trouvons précisément un bel exemple de l'évolution des goûts au fil du temps dans les façades. Antan, dans certaines zones du territoire étudié, la préférence allait à l'enduit des murs et à leur chaulage pour les laisser blancs. En revanche, aujourd'hui, la tendance est de “faire ressortir la pierre”, autrement dit, de piqueter les murs pour dégager celle-ci. Cette mode concerne non seulement les murs extérieurs mais aussi leur face intérieure et touche, outre les résidences, d'autres types de bâtiments publics comme les églises.

Colombages

Dans les villages où les maisons conservent des colombages sur leur façade, ils sont laissés à découvert pour faire ressortir la beauté de la construction.

Toit

Dans diverses localités de Bizkaia et Gipuzkoa, nous avons pu constater la coutume de placer des croix sur la faîtière du toit.

Il y eut un temps où la mode était d'y installer une girouette, souvent en forme de coq et surtout dans les maisons de nouvelle construction à la campagne. Certaines d'entre elles étaient fabriquées artisanalement par un forgeron.

Avant-toit

Comme la partie du toit la plus exposée au regard des passants est l'avant-toit, il est normal qu'elle soit la plus susceptible de montrer des ornements.

Dans une bonne partie du territoire, les maisons comportent des avant-toits plus ou moins amples. Il s'agit d'un élément indispensable du toit, mais comme il faut de nombreux éléments pour former ce saillant il n'était pas courant qu'il soit profusément travaillé, sauf dans le cas des bâtiments les plus notables.

Portes et fenêtres

Dans l'ornementation des portes, les travaux de forge occupent une place prééminente. Si quelques-uns des éléments en fer sont indispensables comme les clous qui assemblent les différentes pièces et les charnières, il existe d'importantes différences entre ceux qui ont uniquement une fonction de fixation et ceux qui cherchent en outre à décorer. Les portes les plus luxueuses arborent poignée, entrée de clef et heurtoir travaillés. Les croix, et surtout les plaques avec le Sacré-Cœur remplissent une fonction protectrice.

Blasons

Dans pratiquement tous les lieux étudiés, il existe quelques maisons dont la façade arbore un blason. L'opinion générale est que ces maisons sont ou ont été importantes, les plus remarquables de chaque localité.

La fréquence des blasons est plus élevée dans les noyaux urbains que dans les zones rurales de chaque localité, car c'est là que commencent à apparaître ce type de bâtiments. De plus, les blasons dans les régions à habitat concentré sont antérieurs à ceux des zones rurales.

Inscriptions

Les inscriptions sont habituellement placées sur le linteau de la porte d'accès principale. Les plus importantes sont celles qui font référence au nom de la maison, à l'année de construction et au nom de la personne qui l'a fait bâtir ou restaurer.