XX. LES RELATIONS AVEC LA FAMILLE ET LES PARENTS

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Les relations avec la famille

L'intervention des parents des époux

On dit que dans l'ancien temps l'intervention des parents dans la vie et les affaires des enfants mariés était plus fréquente qu'aujourd'hui. Maintenant on les conseille s'ils en font la demande. La facette qu'ils cultivent le plus actuellement est celle du soin des petits-enfants.

Il a été fréquemment relevé dans les villages étudiés qu'actuellement les enfants, en se mariant, vivent plus libres car ils deviennent indépendants des parents et organisent leur vie à leur gré. Un dicton que l'on entend souvent, en ce qui concerne l'autonomie que recherchent les futurs époux vis-à-vis des parents, dit ainsi : El casado, casa quiere (le marié, il veut sa maison).

L'intervention des parents dans la vie des époux avait sa spécificité quand les deux couples vivaient sous le même toit, surtout s'agissant de l'héritier ou héritière de la maison familiale qui, suite à son mariage, doit partager sa vie et la propriété avec les parents ou les beaux-parents, généralement sous leur autorité. Les enquêtes ont noté des cas de frictions entre la belle-mère et la belle-fille. Parfois le fils prenait position en faveur de la mère, ce qui donnait lieu à des problèmes de cohabitation. Il pouvait arriver aussi que la belle-fille accuse la belle-mère de s'immiscer dans la relation matrimoniale ou dans l'éducation des petits-enfants.

Les relations des époux avec leur famille d'origine

Les informations recueillies dans les villages étudiés montrent qu'elles présentent des caractéristiques similaires. Il est courant de signaler que, compte tenu du rôle que la femme continue actuellement à jouer dans la vie familiale, c'est à elle que revient une bonne part du mérite du maintien des liens avec la famille d'origine et, de plus, il apparaît qu'il existe une forte inclinaison au maintien d'une relation plus étroite avec la famille de l'épouse.

Les visites les plus courantes à la famille d'origine se font à l'occasion des fêtes patronales, d'évènements de type noces, baptême, fêtes importantes, etc., et d'évènements funéraires comme les enterrements, la fête de la Toussaint, etc.

Il a également été recueilli que plus les autres parents vivent près de la maison de la famille d'origine, plus elle est fréquentée par eux, car la distance, en dépit des moyens de locomotion qui existent actuellement, est toujours un obstacle. Quand on quitte la maison familiale, au début les visites sont plus fréquentes, mais elles s'espacent au fil des années. Il est important que les parents vivent, car pendant ce temps les enfants sentent que la maison est encore la leur. Une fois qu'ils sont morts, entre les enfants et les cousins il se produit un éloignement naturel parce chaque groupe familial mène sa propre vie.

Aujourd'hui, ces rencontres n'ont pas le même effet qu'autrefois, car en raison de la facilité du transport les visites sont plus fréquentes et on communique aussi souvent par téléphone ou par courriel.

Les réunions de parents

Le calendrier festif

Il est commun que les parents proches se réunissent dans la maison familiale à l'occasion des fêtes de Noël[1], mais aussi qu'ils se “répartissent”, autrement dit, qu'un jour ils aillent chez les parents du mari et un autre chez ceux de la femme.

Les parents se réunissaient aussi au moment des fêtes patronales. Pour les fêtes patronales arrivaient à la maison familiale les parents liés à elle avec époux et enfants et ils y restaient plusieurs jours. Une abondante nourriture était préparée pour tous ceux qui apparaîtraient. Aujourd'hui, un bon nombre de membres de la famille doivent travailler pendant la semaine et ils n'assistent donc pas à la fête si elle a lieu un jour ouvrable. C'est pourquoi, ces derniers temps, ce type de fêtes est transféré souvent au week-end pour que les invités puissent y assister. Cette coutume est en voie de se perdre car la plupart des gens disposent de leurs propres moyens de locomotion et donc les visites sont devenues plus fréquentes et plus courtes.

Les souvenirs historiques de la maison et de la famille

Barandiaran a noté qu'au début du XXe siècle, dans les villages ruraux, les soirs d'hiver tous les membres de la famille se réunissaient à la cuisine, autour de la cheminée pour effectuer diverses tâches comme filer, coudre, etc. C'était à ce moment qu'on rappelait les vieilles histoires de la famille, les légendes et toutes sortes de traditions, sans oublier les sujets religieux et l'espérance avec laquelle sont partis de cette vie les ancêtres de la famille[2].

Les souvenirs des ancêtres

En général, il convient de souligner que les maisons ont coutume de conserver les archives familiales, à savoir les testaments, les transmissions successives de la maison, l'achat et la vente de champs ou de domaines, les photographies des ancêtres, etc. Aujourd'hui, l'ouverture des archives ecclésiastiques a suscité un intérêt pour les généalogies. De nombreux particuliers, et pas seulement les chercheurs et les universitaires, s'intéressent à la recherche de l'origine du nom de famille et de la maison d'origine.

Les souvenirs de famille

Il était courant de garder des photographies, des souvenirs et des documents de famille. Certains biens précieux, comme les meubles et la vaisselle, ainsi que le linge et les bijoux, se transmettaient des parents aux enfants.

Dans les enquêtes, il apparaît qu'autrefois les maisons courantes disposaient de peu de biens, les ressources étaient maigres et il n'est donc pas habituel d'avoir des souvenirs de famille qu'il valait la peine de conserver et de transmettre. À Añana (A), par exemple, il a été recueilli que le plus souvent les parents laissaient quelques objets mobiliers (draps, serviettes, chiffons, vaisselle), un animal ou deux, et des outils agricoles. Par contre, les familles plus aisées conservaient des souvenirs de famille allant des objets d'usage quotidien à d'autres de plus de valeur.

Dans plusieurs villages, il a été constaté que quelques maisons gardaient des objets familiaux précieux et des pièces de grande valeur, mais que les avatars de la Guerre civile ont provoqué la perte de nombre d'entre eux.


  1. ETNIKER EUSKALERRIA, “La cena de Nochebuena” in La alimentación doméstica en Vasconia, pp 393-403.
  2. José Miguel de BARANDIARAN.“Aspectos de la transición contemporánea de la cultura en San Gregorio de Ataun” in Etnología y Tradiciones populares. II Congreso Nacional de Costumbres Populares. Zaragoza : 1974, pp. 9-21. Cf. Obras Completas. Tome VI. Bilbao : 1974, p. 12.