XIV. LES ESPACES POUR LES TÂCHES AGRICOLES ET LES CONSTRUCTIONS COMPLÉMENTAIRES
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Les espaces domestiques pour les outils agricoles, les produits et le bétail
Les cultures en plein champ, pour des raisons climatiques, sont saisonnières et ainsi, en fonction de la saison dont il s'agit, certains outils de travail sont plus nécessaires à un moment ou à un autre. Ceux qui ne sont pas employés pendant la période où ils ne sont pas nécessaires sont rangés dans différents dépens de la maison et ceux qu'il faut garder sous la main dans d'autres. De plus, dans cette section sont décrits les dépens domestiques ou écartés où sont conservées la nourriture des animaux domestiques et les herbes pour préparer les litières.
Le porche et l'entrée. Atariko tresneria
En Álava, dans plusieurs villages, divers témoignages indiquent que sous les porches il y avait des remises à grain. C'était ainsi le cas à Abezia (A), où il a été constaté que sous les porches il était habituel de voir de grandes remises, appelées comportos, qui montaient jusqu'au plafond et qui disposaient d'une petite trappe en bas pour extraire le grain. Pour y introduire le grain, certains comportaient une trappe au plafond, tandis que dans d'autres cas quelques planches de la propre remise servaient de couvercles qui se retiraient ou se plaçaient en fonction des besoins. À côté du comporto se situait la table d'abattage et la porte du cuartico. Sous certains porches il existait des mangeoires fixes pour les cochons.
Dans d'autres villages, il a été signalé que c'était des outils de travail et agricoles en rapport avec les tâches propres à la maison qui étaient gardés sous le porche. C'était ainsi le cas à Bedarona (B), où la plupart des fermes disposaient d'un grand porche où on trouve en général les éléments suivants : un établi et des outils de menuisier, le char à bœufs et un tas de bois. Au mur, un râtelier où sont suspendus les râteaux, les fourches, les faux et les bêches. Dans certaines fermes où on cultivait du tabac, on mettait les feuilles à sécher sous le porche suspendues au plafond.
À Allo (N), les petites maisons utilisaient l'entrée comme magasin improvisé pour l'aliment des animaux ou on y gardait divers éléments comme les bêches, les louchets, les besaces, les bâts, etc. Les maisons plus vastes avaient une entrée pavée de briques cuites ou de galets où on disposait quelque chaise, voire un fauteuil. Il s'agissait en général de meubles résistants, à dossier incurvé et assise en paille. Parfois, on y installait une table à rallonges, collée au mur pour qu'elle occupe le moins de place possible.
Le grenier, ganbara
De façon générale, signalons que les greniers étaient, comme leur nom l'indique, l'endroit où l'on gardait le grain. Il servait aussi de réserve et de séchoir pour les produits domestiques horticoles et les fruits. C'est là qu'on suspendait, pour qu'ils sèchent, les produits de l'abattage du cochon et d'autres animaux. Dans certaines maisons, une partie du grenier servait à garder le foin et la paille, mais il était plus courant de les garder dans un autre endroit, le fenil. On gardait aussi au grenier des outils agricoles et autres peu utilisés ou à l'époque où ils ne sont pas employés. Il est courant qu'il serve d'endroit où on laisse les vieux objets devenus inutilisables. Dans certains villages, il a été signalé qu'occasionnellement une chambre pouvait être aménagée au grenier.
L'étable, korta, ikuilua
L'étable en général fait partie du bâtiment principal de la maison et c'est là qu'étaient gardés, dans des espaces séparés, le bétail bovin, équin et ovin, le cochon et les poules. Anciennement, son sol était en terre battue sur laquelle on répandait du foin ou de la fougère pour faire la litière du bétail, à renouveler périodiquement, puis on l'utilisait comme fumier en l'empilant dans un coin de l'étable.
Au fil des années, le sol a été bétonné pour faciliter son nettoyage et les tas de fumier ont été évacués à l'extérieur. Lorsqu'il était contre un mur ou dans un coin, il était très fréquent de placer dessus une sorte d'échelle suspendue à l'horizontale au plafond et calée contre le mur que faisait fonction de poulailler. Les poules y grimpaient par une planche étroite striée pour qu'elles puissent s'y accrocher en montant.
Il pouvait exister aussi des dépens, séparés ou non des maisons, pour loger le bétail. Elles comportaient habituellement deux niveaux : le rez-de-chaussée servant d'étable, de bûcher et d'entrepôt pour les outils agricoles, et un étage supérieur destiné à la paille et au foin.
Les constructions complémentaires
Généralités
Dans nombre de maisons, à l'intérieur, généralement à l'étable, il existait une distribution pour que les différents animaux puissent occuper leur espace sans se mélanger. C'était aussi un peu le cas avec le tas de fumier et les outils nécessaires pour travailler avec les animaux. En raison du manque d'espace, d'une question d'hygiène, de la nécessité d'avoir des espaces mieux rangés et indépendants, de la croissance ou de la diminution de l'activité agricole ou d'élevage, diverses constructions complémentaires sont venus entourer la maison. Parfois adossées ou séparées, mais toujours proches de la maison, et à d'autres occasions séparées et adossées. Dans d'autres exemples, ces constructions complémentaires ont formé un tout avec la maison dès le départ.
À noter que bien souvent ces petites constructions ne répondent pas à une seule finalité mais qu'elles ont plusieurs emplois. Ainsi par exemple la remise du four à pain peut accueillir d'un côté la soue ou le poulailler, et de l'autre un espace pour garder les outils agricoles et le bûcher ; ou alors il peut s'agir d'une construction sur deux niveaux avec le tas de fumier en bas et le fenil en haut. La maison, en tant qu'élément vivant, élargit constamment son espace avec de nouveaux bâtiments à proximité d'elle, adaptés aux besoins qui surgissent.
Sur le versant atlantique, l'espace, tant de la maison que des édifices complémentaires, est ouvert, tandis que sur le versant méditerranéen les constructions annexes sont tournées vers l'intérieur et généralement fermées autour d'une cour.
Quant à la distribution géographique, signalons que dans les villages à habitat concentré les édifications complémentaires se situent à la périphérie, tandis que dans ceux à habitat dispersé ils se trouvent autour ou près de la maison.
La maison possède généralement des terrains où il existe aussi des constructions ou des cabanes. Il s'agit là d'un mode de colonisation du territoire et au fil du temps certaines de ces cabanes ont été converties en maisons. Les vignes disposent également d'une cabane de surveillance. Elle est la conséquence d'un principe logique qui veut qu'au fur et à mesure que la terre est éloignée de la maison principale, il doit y avoir une présence de celle-ci à cet endroit.