XII. MOBILIER AGRICOLE TRADITIONNEL
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Jusqu'aux premières années du XXe siècle, l'outillage agricole n'a pas connu de changements importants : les layas, les charrues, les herses, les faucilles, les faux et les batteuses constituaient l'équipement indispensable aux travaux agricoles.
Le processus de modernisation a été lent jusqu'au milieu du XXe siècle. La mécanisation a commencé à se manifester dans les campagnes surtout sur le versant méditerranéen de Vasconia. Et même ainsi, dans certains villages à petites propriétés et terrains inclinés, il a été constaté qu'il restait toujours plus pratique d'utiliser les layas que la charrue car cette dernière, à la moindre inadvertance, tendait à sortir du terrain (Obanos-N). En revanche, ce processus est plus compliqué dans la zone océanique, où les vallées étroites et les terrains en pente font que l'introduction d'outils plus sophistiqués ou de machines ne soit pas rentable et dans certains cas impossible.
La mécanisation graduelle, à partir du dernier quart du XXe siècle, a signifié un pas en avant dans la modernisation du parc agricole et dans l'adaptation et le renouvellement du monde rural. Mais ce même processus a contraint les agriculteurs à améliorer constamment leur équipement et à se débarrasser des instruments traditionnels utilisés par leurs pères et leurs aïeux. Ces outils, dans le meilleur des cas, finissent par orner les murs de la maison et l'espace vert devant elle ou dans un musée ethnographique.
Tel qu'il a été recueilli dans nos enquêtes, le mobilier agricole est dans une grande mesure antérieur à la mécanisation des campagnes. Certains de ces outils traditionnels continuent à être employés et leur ensemble offre une ample typologie. La plupart d'entre eux étaient fabriqués par les forgerons et les menuisiers locaux. Quant aux noms, signalons qu'ils sont fréquemment locaux et qu'ils peuvent même varier d'un quartier à un autre au sein du même village.
Outils pour travailler la terre
Layas
L'utilisation de la laya (louchet) est, semble-t-il, très ancienne parmi nous. Son usage était très commun chez les paysans du Pays basque péninsulaire.
Elles sont très diverses en taille et en forme, mais il en existe deux grands types : la laya dite guipuzcoane, à dents de fer très longues et manche en bois court et la navarraise, plus large, à dents plus courtes (environ 35 cm) et manche en bois long. Il a aussi existé un type intermédiaire, comme le montrent des images pieuses du XVIIIe siècle[1] de saint Isidore le Laboureur.
Barandiaran signale que l'opinion de Th. Lefebvre[2], qui soutient que l'emploi de la laya au Pays basque date du XVIe siècle, époque à laquelle a été introduite la culture du maïs, est difficilement soutenable. Il croit invraisemblable que l'introduction de la culture de cette nouvelle céréale en provenance d'Amérique ait pu supplanter l'usage de la charrue utilisée dans les travaux de culture du blé et des autres céréales. Le laboureur, habitué à travailler ses terres avec l'antique goldea (charrue) tirée par des vaches ou des bœufs, aurait difficilement abandonné cette méthode pour confier la plus dure des tâches agricoles à ses propres forces musculaires. Par ailleurs, il affirme que la croyance générale, chez les ethnologues, est que la laya est antérieure à la charrue ou goldea au Pays basque.
La houe et ses catégories
La houe a été l'outil agricole le plus utilisé par une partie des laboureurs[3]. Fabriquée autrefois par les forgeons locaux, elle est l'instrument qui représente le mieux le travail agricole. Elle s'utilisait autrefois dans le premier labourage d'un terrain destiné à la culture. Quand quelqu'un voulait s'approprier un banc de sable alluvial dans un méandre de rivière, il lui suffisait de donner un ou deux coups de houe sur sa surface encore intacte pour qu'il en soit reconnu propriétaire. Nos informateurs signalent que c'est l'outil utilisé pour tous les travaux de la terre. La plupart du temps, elle se manie en la tenant des deux mains. Il en existe divers modèles qui se distinguent par leur taille, leur forme et leur usage ou fonction.
À Sara (L), telle que l'a décrite Barandiaran, la houe, aintzurra, est un fer de forme quadrangulaire. Un de ses côtés est coupant et l'autre est pourvu d'un anneau où s'encastre le manche en bois, formant un angle aigu avec le fer. Le fer est appelé agua, l'anneau, begia, le manche, giderra. Deux types de houe ont été utilisés dans ce village : larre-aintzurra et jorraintzurra.
Larre-aintzurra est une houe dont le fer mesure en général 28 centimètres de long et 11 de large au niveau du fil. Son anneau présente parfois un saillant cubique ou talon dénommé aintzur-burua sur le côté opposé du fer. Le manche mesure 80 cm de long. Elle sert à travailler les terrains incultes, autrement dit au premier labourage d'une terre neuve, luberria, et en général, à défoncer le sol et aussi à travailler les sols durs et caillouteux. Le talon sert de marteau si besoin est. Certaines avaient l'anneau disposé sur l'arc du fer et d'autres avec l'anneau à l'intérieur de l'arc même. Les premières étaient importées de Bera (N) et les autres fabriquées par les forgerons du village et d'autres villages du Labourd.
Jorraintzurra est une houe légère à fer large (12 cm) et court (20 cm). Son manche atteint parfois les 120 centimètres de long. Elle est utilisée au potager pour sarcler le maïs, les navets, etc. Dans ce modèle aussi, l'anneau était placé de différente façon selon l'origine de fabrication, soit la Navarre, soit le Labourd.
- ↑ José M.ª JIMENO JURÍO. "Diccionario etnográfico y Folklórico" in Etnografía histórica al airico de la tierra. Pamplona : 2010, p. 376.
- ↑ Th. LEFEBVRE. Les modes de vie dans les Pyrénées Atlantiques Orientales. Paris : 1933, pp. 208-210.
- ↑ Comme l'a signalé Barandiaran, il semble que la houe soit l'un des outils agricoles les plus anciens. Un objet en pierre polie dont la forme et la taille évoquent un fer de houe a été trouvé au dolmen de Bidartea, de la période néolithique, situé près du col d'Otzaurte (Zegama-G). En basque, son nom même, aitzur, semble signifier "pierre à fil affûté", ce qui nous ferait remonter à une époque où cet instrument était en pierre.