X. CULTURE DE L'OLIVIER ET DE LA VIGNE
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L'olivier
Zones de culture de l'olivier
L'olivier (Olea europaea) est un arbre méditerranéen, présent dans l'histoire et le paysage de la vallée de l'Èbre depuis plus de deux mille ans[1]. Romains et Arabes l'ont protégé tout en perfectionnant les techniques de production préexistantes dans la péninsule Ibérique grâce à l'apport des Grecs, des Phéniciens et des Carthaginois.
L'altitude des zones de culture de l'olivier actuelles varie entre 350 m dans les zones basses de la Navarre et 700 dans certaines enclaves de culture de l'Álava. La distance avec la Méditerranée étant d'un peu plus de 300 km, le climat de transition continental où l'oliviculture est possible se caractérise par de forts contrastes thermiques, une faible pluviométrie (500-700 mm /an), une forte insolation, l'influence du cierzo (vent sec et froid du nord-nord-ouest) et une courte période sans gelées. Les sols sont bruns, de type calcaire-carbonatés. Ces circonstances conditionnent la culture de cette espèce et ce n'est qu'exceptionnellement que sa présence est constatée dans certains zones à microclimats au nord d'une ligne imaginaire.
Historiquement, toute la zone a connu des hauts et des bas en termes de présence de cette culture, notamment à cause des remembrements qui ont restructuré les parcelles agricoles et leurs usages, de l'oscillation du prix de l'huile et de la main-d'œuvre employée dans la récolte du produit et aujourd’hui des prescriptions de l'Union Européenne relatives à la dimension des oliveraies ; actuellement, la surface cultivée est en légère augmentation en raison de nouvelles plantations, sous le couvert des appellations d'origine, du prestige croissant du régime alimentaire méditerranéen et du soutien institutionnel, l'huile d'olive étant actuellement considérée comme un produit commercialement compétitif, y compris au niveau international.
Autre atout important aujourd'hui reconnu à la culture de l'olivier, sa contribution à la préservation du paysage, de la faune sauvage et de l'environnement dans son ensemble. Avec son intervention minimale de la part de l'homme, la culture de l'olivier a servi pendant des siècles à la conservation du milieu naturel et assuré le maintien des sols cultivables en évitant les dommages dus à l'érosion.
La vigne
Antécédents historiques
La vigne, originaire du Proche-Orient, a été répandue sur tout le pourtour de la Méditerranée pendant l'Antiquité par les Phéniciens, les Grecs et les Romains, qui l'ont introduite en Hispania. Pendant la romanisation, la viticulture gagne toute la vallée moyenne et haute de l'Èbre, comme l'attestent diverses représentations de la vigne sur les stèles funéraires, mosaïques et autres céramiques conservées, ainsi que les abondants restes archéologiques d'amphores, qui témoignent de l'existence d'un commerce du vin très ancien.
À Moreda, le plus important noyau vitivinícole du sud du territoire de l'Álava, plusieurs exploitations agricoles de l'époque romaine ont été conservées. On y cultivait la vigne et on y élaborait du vin, une boisson que ses habitants, au Xe siècle, apportaient comme rémunération au monastère de San Millán de la Cogolla. Du Moyen-âge datent de nombreux pressoirs rupestres situés en Rioja Alavesa, dans les villages de Labastida, Laguardia, Moreda, Villabuena, Leza..., zone de contact avec la Haute-Rioja où ils sont également abondants, à Ábalos, San Vicente de la Sonsierra, Rivas de Tereso, etc., et ils confirment la vocation vitivinícole de ce territoire depuis des siècles[2]. La culture de la vigne s'est répandue en correspondance avec la fondation de monastères, le repeuplement de la région après la domination musulmane et le succès du Chemin de Compostelle qui a favorisé les contacts entre la Navarre, la France et le reste de l'Europe, ainsi qu'avec la Castille.
Dans le cas de la Navarre, au 1er siècle av. J.C., la consommation de vin dans le rite du simposium est attestée dans le village protohistorique de La Custodia, l'antique Vareia des Bérons, sur le territoire municipal de Viana. Diverses amphores vinaires, verres en céramique et louches en bronze y ont été découvertes. L'élaboration du vin est documentée à l'époque romaine comme en témoignent les vestiges archéologiques de caves de vinification à Liédena, Funes, Falces et Arellano (Villa des Muses), qui démontrent l'existence d'un commerce de vin et d'exportation par l'Èbre.
C'est au XIXe siècle, entre 1840 et 1890, que le vignoble connaît son extension maximale, liée à la demande de vin en France, pays touché dans ses vignes par l'oïdium. Mais ensuite l'espace destiné à la viticulture recule face à l'apparition de maladies, comme justement l'oïdium, arrivé plus tard dans notre pays, le mildiou et surtout le phylloxéra, qui réduit de 50 000 ha à 700 la surface totale du vignoble navarrais, une surface en partie occupée par la suite par des cultures céréalières et dans une moindre mesure par celle de la betterave à sucre. Au XXe siècle enfin, l'action préventive de la Députation Forale de Navarre, l'apparition des caisses d'épargne agricoles (Cajas Rurales) et l'élan coopérativiste ont favorisé la récupération de la culture de la vigne, à côté des mesures relatives à la libéralisation des marchés et de l'impératif de regrouper l'offre et la demande de produits suite à l'incorporation de l'Espagne à la Communauté Économique Européenne. Ce mouvement a entraîné la modernisation des caves de vinification navarraises, des particuliers comme des coopératives (ces dernières élaborent 80 % du vin navarrais).
- ↑ Cf. un résumé historique de l'oliviculture au sein du territoire étudié in David ALEGRÍA. “Molinos de aceite y trujales antiguos en Navarre y Álava” in Auñamendi Eusko Entziklopedia. (Fondo Bernardo Estornés Lasa). Disponible sur : http://www.euskomedia.org/aunamendi/153889/142192.
- ↑ Rosa Aurora LUEZAS. “Testimonios arqueológicos en torno a la vid y el vino en La Rioja: épocas romana y medieval” in Berceo. Num. 138 (2000) pp. 7-37. Les pressoirs rupestres présentent une morphologie simple qui consiste en deux creux à forme ovale ou rectangulaires, appelés torcos (réminiscence des torcularios , mot qui désigne les pressoirs dans la documentation des monastères médiévaux), un plus important et peu profond (pileta, pocillo), où est déposé le raisin pour le fouler, et un autre plus petit, mais plus profond, où était recueilli le moût qui s'écoulait de la pileta à travers un petit canal d'union, où il faut supposer qu'était disposé un tas de sarments en forme de gerbe pour filtrer rafles, peaux et pépites. Parfois, à côté d'eux apparaissent des trous creusés qui ont peut-être servi pour encastrer la presse (à madrier ou à vis).