XIX. PRATIQUES ET RITES DE PROTECTION DANS L'AGRICULTURE

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Ce chapitre est consacré aux rites, aux usages et aux croyances conservées et pratiquées depuis des temps immémoriaux par les paysans de nos villages. Certains de ces rites, très anciens, gardent des traces de pratiques magiques. D'autres ont été approuvés par le calendrier et la liturgie chrétiens et font partie, depuis des siècles, d'une culture qui ne peut être considérée que comme un patrimoine culturel. Beaucoup de ces croyances et de ces pratiques s'estompent, mais nous pouvons constater quand elles ont été enregistrées, il y a quelques décennies, elles étaient encore pleinement en vigueur.[1].

Rites et pratiques symboliques : feux solsticiels

Depuis des temps immémoriaux, la fête de la saint Jean Baptiste, qui coïncide avec le solstice d'été, donne lieu à la pratique de nombreux rites antiques. Dans ces rites, le feu sous forme de bûcher joue un rôle central. La veille, le 23 juin au soir, des bûchers sont allumés aux alentours des chapelles placées sous son invocation et aussi dans les propriétés. Aujourd'hui, cette pratique s'est étendue aux rues et aux places des villes.

La commémoration de la naissance de saint Jean Baptiste coïncide avec le moment où le soleil a atteint son point le plus haut. Le soleil constituait dans la vie archaïque l'axe d'organisation des activités de production. Le solstice d'hiver annonçait la réapparition du soleil et au solstice d'été sa plénitude signalait que les cultures étaient arrivées à maturité.

Bénédiction des champs et des semences

La fête de l'Invention de la Sainte Croix qui a lieu le 3 mai était la date signalée dans le calendrier de bénédiction des semailles au printemps, avec la plantation de croix bénites dans les champs[2].

Sonneries de cloches et conjurations contre les orages. Transfert d'images pieuses

Jusque dans les années 1950-1960, dans nombre de nos églises et chapelles, il était fréquent de conjurer la grêle et la foudre, ou les mauvais esprits considérés responsables des orages.

Dans certaines zones rurales, ces conjurations avaient lieu tous les jours entre la Sainte Croix de Mai et la Sainte Croix de Septembre et à l'angélus de l'aube en y ajoutant une sonnerie de cloche correspondant à la conjuration.

Ailleurs, tous les dimanches de printemps et d'une partie de l'été, époques où l'orage pouvait causer des dégâts de grêle, on faisait sonner dans les églises et les chapelles la cloche correspondant à la conjuration. Les formules de prière et d'exorcisme utilisées étaient tirées du rituel romain. En l'absence de curé, si le péril était imminent, le sacristain ou l'ermite se chargeait de conjurer l'orage.

Prières publiques

Pour protéger les champs du mauvais temps il n'existait pas de mesures précises. L'agriculteur vivait toujours les yeux rivés au ciel et ne disposait d'aucun moyen pour éviter les grandes chutes de neige, les gelées ou les orages de grêle et les sècheresses. Les seules mesures auxquelles on recourait autrefois pour protéger les champs étaient de nature religieuse.

Les processions aux chapelles et aux sanctuaires pour implorer la pluie ont été une pratique généralisée dans les zones rurales de Vasconia jusqu'à une période récente. La religiosité populaire a également orienté ces prières collectives vers la protection des semailles, la conservation des plants et la floraison des plantes encore tendres et faibles au printemps, pour qu'elles fructifient abondamment.

Les prières publiques présentaient des caractéristiques très similaires dans le monde rural. Dans nombre de villages, il fallait qu'au minimum une personne de chaque maison et famille y participe ; et, à des époques plus lointaines dans le temps mais dont on a gardé le souvenir, celui qui éludait la responsabilité d'envoyer une représentation recevait une amende. Les autorités municipales, antan, s'accordaient avec les ecclésiastiques pour qu'ils organisent des prières publiques et obligeaient la population à y assister en imposant une pénalité aux absents (Bernedo-A). Les prières publiques avaient lieu à différentes occasions :

  • Prières publiques du calendrier liturgique : prières publiques de la saint-Marc (25 avril) et prières publiques lors des trois jours précédant l'Ascension.
  • Prières publiques occasionnelles aux époques de sècheresse ou de peste.
  • Prières publiques annuelles lors des pèlerinages aux sanctuaires.
  1. Gurutzi ARREGI. Ermitas de Bizkaia. Bilbao : 1987, 3 tomes et Origen y significación de las ermitas de Bizkaia. Bilbao : 1999.
  2. ETNIKER EUSKALERRIA. Casa y Familia en Vasconia. Atlas Etnográfico de Vasconia = Euskalerriko Atlas Etnografikoa = Atlas Ethnographique du Pays Basque. Tomes I et II. Bilbao : Etniker Euskalerria; [Vitoria-Gasteiz] : Eusko Jaurlaritza; [Pamplona] : Gouvernement de Navarre-Bilbao : Instituto Labayru, 2011, pp. 735-754.