Diferencia entre revisiones de «Introduccion Ganaderia y pastoreo en vasconia/fr»

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Voici maintenant bien longtemps que José Miguel de Barandiaran a lancé sa proposition de réalisation d’un Atlas Ethnographique de Vasconia. Nous qui pensons être ses disciples sommes convaincus de l’importance culturelle de cette entreprise. Grâce au mécénat institutionnel, dont nous espérons pouvoir continuer à bénéficier, grâce aussi à notre infatigable engagement, les Groupes Etniker Euskalerria sont en passe de matérialiser l’ambitieux projet que nous a laissé notre maître en héritage de sa longue et féconde vie de chercheur: l’élaboration de l’Atlas Ethnographique de Vasconia, dont le but est de «permettre une connaissance approfondie de la culture traditionnelle de notre peuple et des transitions qui y ont cours et de constituer, en même temps, un point de départ solide pour intégrer l’ethnographie des Basques dans l’étude comparative des cultures».
 
Voici maintenant bien longtemps que José Miguel de Barandiaran a lancé sa proposition de réalisation d’un Atlas Ethnographique de Vasconia. Nous qui pensons être ses disciples sommes convaincus de l’importance culturelle de cette entreprise. Grâce au mécénat institutionnel, dont nous espérons pouvoir continuer à bénéficier, grâce aussi à notre infatigable engagement, les Groupes Etniker Euskalerria sont en passe de matérialiser l’ambitieux projet que nous a laissé notre maître en héritage de sa longue et féconde vie de chercheur: l’élaboration de l’Atlas Ethnographique de Vasconia, dont le but est de «permettre une connaissance approfondie de la culture traditionnelle de notre peuple et des transitions qui y ont cours et de constituer, en même temps, un point de départ solide pour intégrer l’ethnographie des Basques dans l’étude comparative des cultures».
 
<p style="text-align: right;"><span style="font-size:smaller;">'''Ander Manterola'''<br/> Derio, décembre 2000</span></p>  
 
<p style="text-align: right;"><span style="font-size:smaller;">'''Ander Manterola'''<br/> Derio, décembre 2000</span></p>  
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Revisión del 10:36 16 jul 2019

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L’œuvre que nous vous présentons constitue l’une des volumes qui composent l’Atlas Ethnographique du Pays Basque dont l’objectif est d’effectuer un enregistrement systématique des faits qui caractérisent la culture traditionnelle de cette région européenne. Nous avons déjà eu l’occasion de publier les tomes consacrés à L’Alimentation Domestique (1990, réédition 1999), aux Jeux enfantins (1993), aux Rites Funéraires (1995) et aux Rites de la naissance au mariage (1998), ces deux derniers volumes offrant une vision complète des rites de passage. Le présent tome, intitulé Élevage et Activités pastorales,consiste en la description des multiples facettes que présente un mode de vie dont la tradition remonte à une époque bien éloignée.

La structure de l’Atlas Ethnographique, ainsi que la méthodologie adoptée à la fois pour la recherche sur le terrain et lors du processus postérieur d’élaboration des matériaux collectés, sont exposées en introduction des volumes édités. Chaque tome constituant une unité thématique, nous signalerons ici quelques-uns des concepts qui y sont développés.

La proposition d’un Atlas Ethnographique

C’est en 1968, à l’occasion du Ier Congrès National des Arts et des Coutumes Populaires (Saragosse) que le renommé investigateur José Miguel de Barandiaran (1889-1991), qui oeuvrait depuis les années vingt à l’ethnographie basque, présente une communication intitulée Esquisse d’un Atlas Ethnographique du Peuple Basque[1]. Il y réalisait un inventaire des recherches ethnographiques effectuées jusqu’alors dans l’aire basque et en dressait un bilan critique qui pointait les carences et les déficiences les plus importantes en la matière.

L’année suivante, en 1969, à l’occasion des Vèmes Journées d’Etudes Folkloriques Aragonaises, il soumet une nouvelle communication intitulée Critères généraux pour une recherche ethnographique sur les Peuples Pyrénéens[2]. Celle-ci s’accompagnait d’un questionnaire ethnographique refondu selon le plan que la Conférence Internationale d’Ethnologie Européenne avait formulé en 1965.

Ceux-ci sont les points programmatiques exposés dans ces deux communications?:

1. Dans la plupart de nos publications ethnographiques, le matériel collecté est exclusivement celui que la tradition populaire a permis d’arriver jusqu’à nous. Mais notre culture actuelle ne se compose pas seulement de l’ensemble des vécus qui nous viennent de phases révolues du processus historique de notre peuple, mais incorpore aussi les nouveaux vécus, en provenance des quatre points cardinaux, qui sont acceptés par la communauté basque auprès de laquelle nous effectuons nos enquêtes.
2. Une grande partie de nos études et de nos publications est formée de descriptions statiques et presque exclusivement morphologiques des faits. Leurs auteurs ont relevé dans le complexe culturel certains matériels pour les présenter comme des données pures, imitant en cela le naturaliste qui isole et décrit les faits de sa spécialité. Mais alors que ceux-ci ont en eux-mêmes une signification, les faits culturels sont des signes qui nous renvoient à des neutralités différentes de celle de l’observateur. Les désintégrer, les substantiver et les manipuler comme le fait le naturaliste dans son laboratoire avec ses propres éléments d’étude est donc une erreur. En les isolant de leur contexte humain et en les objectivant, nous les privons de leur authentique réalité.
3. Nous ne pouvons appréhender la culture en nous limitant à observer les symboles. Il s’agit de vivre la réalité à laquelle ceux-ci se réfèrent, au contact avec des hommes qui interagissent avec le milieu et leurs semblables. En ethnologie, ce qui n’a pas été vécu ne peut être correctement compris.
4. La description de l’objet ne doit donc pas être purement statique. Dans une société, dans un village, chaque élément joue un rôle non seulement à cause de ses caractéristiques physiques —dimensions, poids, volume, couleur—, mais aussi en raison de son sens: il suggère des gestes, des conduites, des modes de vie parce qu’il est humanisé et qu’il comporte une signification culturelle. Sa vision évoque les gestes de ceux qui l’ont fabriqué et de ceux qui l’utilisent. Il s’agit du signe visible d’un univers d’intentions, de notions et d’idées que les hombres cultivent autour d’eux. Ainsi, ni dans les études ethnologiques ni dans les études historiques nous ne devons perdre de vue la primauté de l’invisible en tant que critère d’interprétation.
5. Dans nos publications, nous devons enregistrer l’indice de vitalité du matériel collecté ou le degré d’acceptation qu’il possède socialement. Il convient également d’indiquer l’extension de l’aire géographique oil se distribuent les éléments de culture, au sein du pays ou au-delà.
6. Au Pays Basque, nombreuses sont les zones qui n’ont pas encore été étudiées par un ethnographe. Dans ces zones et dans d’autres, le contact avec le machinisme est en passe de faire disparaître les modes traditionnels d’existence. Nous devons être attentifs au phénomène du machinisme mais aussi aux phases antérieurs du processus.
7. Parmi les tâches à peine esquissées figure la description du processus d’acculturation des individus les mieux enracinés et modelés par le savoir populaire dans chaque district. Pour compléter la connaissance d’un peuple, il importe de comprendre comment les éléments de sa culture se sont progressivement inscrits dans des personnes dont le comportement personnel est profondément révélateur.
8. Tout ceci nous pousse à croire qu’il est urgent d’entreprendre un travail méthodique par le biais d’équipes bien formées aux techniques de la recherche ethnographique. Il convient donc d’organiser, au Pays Basque, des recherches systématiques sous forme d’enquêtes à réaliser dans des localités choisies parmi tous les districts, jusqu’à obtenir pour chacune d’entre elles une monographie qui couvre les principaux thèmes de la vie culturelle de ses habitants.

Le Projet Etniker

Les difficultés pratiques qu’entraînait l’élaboration d’un Atlas culturel étaient faciles à comprendre, bien que dans quelques milieux restreints, une atmosphère favorable à ce projet se fût créée. L’élaboration, toutefois, de nombreuses monographies ethnographiques était nécessaire et il s’agissait de former un corps de collaborateurs distribués dans toute l’aire géographique de l’Atlas.

La matérialisation d’un programme si ambitieux a adopté la forme du Projet Etniker, projet qui a pour but la collecte systématique de matériaux ethnographiques. Il s’agit d’étudier le système de normes, structures et fonctions qui a caractérisé le mode de vie connu dans la région tradi­tionnellement appelée Euskalerria, Vasconia ou Pays Basque.

La poursuite de cet objectif sur un espace vaste et divers exigeait une structuration régionale. A cette fin et, à l’initiative du propre Barandiaran, en commençant par la Navarre, des équipes de recherche ethnographique dénommés Groupes Etniker ont été formées et associées à des institutions pré-existantes dans chaque province. Ainsi, le groupe navarrais a été rattaché au Département d’Archéologie de l’Université de Navarre (1969); celui du Gipuzkoa, à la Société Scientifique Aranzadi de Saint-Sébastien (1972); celui de la Biscaye au Département d’Ethnographie de l’Institut Labayru de Bilbao (1973); celui de l’Alava, actuellement au Séminaire d’Ethnographie d’Alava (1974) et celui d’Iparralde —qui comprend le territoire basque du département français des Pyrénées-Atlantiques— à l’Association Lauburu de Bayonne (1986). Ces groupes de travail sont collectivement dénommés Groupes Etniker Euskalerria et sont composés de collaborateurs, universitaires de formation, qui ont suivi des cours de méthodologie ethnographique sur les enquêtes de terrain. Chacun de ces groupes est formé de plusieurs collaborateurs coordonnés par un responsable de groupe régional.

La première réunion conjointe des groupes Etniker a eu lieu le 5 juin 1976 au Sanctuaire d’Aralar (Navarre) et, dans ses Actes, José Miguel de Barandiaran définit le projet en ces termes:

« Etniker est un terme qui signifie ‘recherche ethnique’. Dans notre cas, il s’agit de l’étude de la culture traditionnelle du peuple basque et son processus d’évolution contemporain. Bien que cette tâche ait débuté vers 1921 à Vitoria, nous pouvons dire que, sous son nom actuel et avec cette méthode, elle a démarré en 1964, dans le cadre de la chaire d’Ethnologie Basque qu’accueille l’Université de Navarre sous la protection de l’ Institution ‘Príncipe de Viana’ »[3].

Stratégie ethnographique

La stratégie adoptée par les Groupes Etniker lors de leurs enquêtes ethnographiques est fondée sur les critères suivants:

1. La recherche dans la localité sélectionnée est réalisée par un collaborateur qui y est né ou qui y est lié par des liens familiaux. Cette condition facilite la relation avec les informateurs locaux, ainsi que l’accès au monde interne de ceux-ci.
2. Il s’agit de faire connaître la vie d’un village ou d’un noyau de population par le biais de tous les éléments qui composent sa culture et en appliquant la même méthodologie et le même questionnaire.
3. Le chercheur connaît la langue habituelle pratiquée dans la localité, y compris ses variantes dialectales ou sous-dialectales. Cette connaissance est indispensable pour réaliser une interprétation correcte et une transcription fidèle à la fois de la terminologie utilisée et des récits recueillis.
4. La collecte de données ne se limite pas à la pure morphologie des objets et des faits ethnographiques mais couvre également leur fonction et leur signification dans le contexte culturel.
5. Les données ethnographiques sont recueillies dans toute l’extension de la mémoire des informateurs et enregistrées avec leur indice de vitalité ou degré d’acceptation sociale. Dans le même ordre des choses sont aussi consignés les nouveaux faits qui, en se substituant aux anciens, marquent la transition culturelle en cours.
6. Le labeur réalisé dans la localité étudiée est analysé et révisé au cours de séminaires de travail faisant appel à d’autres membres du Groupe Etniker régional et centrés sur les thèmes spécifiques de l’enquête.

Le questionnaire ethnographique

Comme il a été indiqué plus haut, toutes les personnes impliquées dans le Projet Etniker utilisent pour leur travail de terrain un seul et unique questionnaire qui leur sert de guide. Ce critère est essentiel pour la réalisation d’un travail homogène. Élaboré par Barandiaran, ce questionnaire a été plusieurs fois réédité sous le titre de Guide pour une enquête ethnographique. Il comprend 850 questions au total, regroupées en neuf grands chapitres.

Ces chapitres sont:

0. Données géographiques des villages ou localités.
1. Le groupe domestique: La maison. L’alimentation. L’habillement. La famille. Les relations matrimoniales.
2. Us du groupe domestique: Equipement mobilier. Repos et hygiène. Jeux d’adultes. Jeux d’enfants. Les maladies et leur traitement. Vie religieuse. Rites de passage: naissance et baptême, fiançailles, mariage et noce, mort.
3. Groupes d’activité: Elevage et activités pastorales.
4. Groupes d’activité: Navigation et pêche.
5. Groupes d’activité: Exploitation agricole.
6. Groupes d’activité: Artisanat et autres professions.
7. Groupe territorial: Voisinage et village. Droit et constitutions populaires.
8. Culture: Maison. École. Religion. Culte. Fêtes. Calendrier populaire. Arts. Superstitions. Contes et légendes.
9. Biographies ethnographiques: Données personnelles. Formation. Niveau de vie. Contacts sociaux. Statut du biographié. Changements culturels. Rites de passage.

Planification des recherches

Pour mener à bonne fin cette élaboration de l’Atlas Ethnographique du Pays Basque, les Groupes Etniker, qui y travaillent de façon coordonnée depuis 1976, ont procédé en octobre 1987 à une refonte du plan de travail et à une restructuration de leurs organes dirigeants. Il se crée également à cette occasion un Secrétariat Technique chargé de coordonner les travaux de terrain et de mettre en œuvre la rédaction des volumes qui compléteront l’Atlas Ethnographique. Ce Secrétariat est rattaché au Département d’Ethnographie de l’Institut Labayru à Derio (Biscaye) et dispose pour son travail de l’appui d’une bibliothèque spécialisée dans les questions ethnographiques.

En ce qui concerne la planification des recherches, il a été alors décidé que, dorénavant, les Groupes Etniker synchroniseraient leurs travaux de terrain en abordant chaque année de façon conjointe un seul et même thème de l’Enquête Générale.

Le programme relatif au premier quinquennat s’est ainsi donné pour objectif la séquence thématique suivante: L’alimentation traditionnelle dans le cadre domestique et les rituels autour de l’alimentation (année 1988). Le monde du divertissement et des enfants: Jeux et chansons (année 1989). Rites de passage: Rites liés à la naissance, à l’enfance, à l’adolescence, au mariage et à la mort (années 1990-1993). Médecine populaire (année 1994).

Une fois achevé ce programme de recherche, un nouveau calendrier a été élaboré autour des questions suivantes: L’habillement (année 1995). Élevage et activités pastorales (années 1996-1997). La maison (année 1998). Objets et mobilier domestique (année 1999). Famille et parentèle (années 2000-2001).

Toutes les campagnes de terrain programmées ont été réalisées dans les délais prescrits. Ce bon rythme a ainsi permis de clôturer les chapitres relatifs au groupe domestique (I et II) et de lancer la recherche sur le Groupe d’activité (I), Élevage et activités pastorales.

Les Groupes Etniker vont poursuivre leurs travaux de terrain en abordant les questions suivantes: L’exploitation agricole (années 2002-2003). Navigation et Pêche (année 2002). Le voisinage (année 2003). Droit et constitutions populaires, (année 2004).

Le calendrier d’ensemble de l’Atlas Ethnographique du Pays Basque, qui s’élabore par thèmes de recherche, est donc le suivant:

1. Introduction et généralités.
2. La maison: objets, mobilier et habillement. (Travail de terrain réalisé).
3. L’alimentation domestique. (Édité: 1990).
4. Famille et parentèle. (En cours de recherche).
5. Jeux et chansons des enfants. (Édité: 1993).
6. Médecine populaire pour les hommes et les animaux. (Travail de terrain réalisé).
7. Rites de passage. 2 Vols.: Rites funéraires. (Édité: 1995). Les rites de la naissance au mariage. (Édité: 1998).
8. Élevage et activités pastorales. (Édité: 2000).
9. Pêche et navigation.
10. Agriculture.
11. Professions et artisanat.
12. Voisinage, village, droit et institutions coutumières.
13. Religion populaire et calendrier des fêtes.
14. Contes, légendes et mythologie.
15. Cartographie. Bibliographie. Index divers.

Distribution des travaux de terrain

Les matériaux utilisés dans l’élaboration de chaque tome proviennent essentiellement d’enquêtes ethnographiques de terrain. C’est ce travail ardu et coûteux qui donne son caractère original à l’œuvre.

En ce qui concerne ce présent tome, Élevage et Activités pastorales, les travaux de terrain ont été menées à bien dans diverses localités et zones montagneuses de la Communauté Autonome Basque, de la Communauté de Navarre et dans une partie du département français des Pyrénées-Atlantiques. Leurs caractéristiques physiques et démographiques sont décrites au chapitre intitulé « Données géographiques des localités et zones montagneuses étudiées » et leur localisation géographique figure sur la carte qui accompagne ce même chapitre. Ces données révèlent des différences notables en ce qui concerne l’orographie et le climat, ce qui marque tant l’élevage que l’activité pastorale d’un sceau qui caractérise chaque région naturelle.

L’objectif, au départ, était d’offrir une représentation équilibrée des différentes régions qui composent cette aire territoriale traditionnellement appelée Euskalerria, Vasconia ou Pays Basque; ce but toutefois n’a pas toujours été atteint en raison de la difficulté à trouver des collaborateurs capables et disposés à réaliser des travaux de terrain.

Une liste complète des localités étudiées ainsi que des zones montagneuses qui ont connu une activité pastorale apparaît sur la carte illustrant ce chapitre consacré aux données géographiques.

Comme il a été indiqué plus haut, l’un des critères de la recherche organisée par les Groupes Etniker est l’acceptation du modèle d’enquête ethnographique défini dans le Guide pour une enquête ethnographique. Ce questionnaire a servi d’instrument pour l’exécution du travail de terrain. Les données collectées dans ce cas sont issues des réponses fournies aux questions (1-55) énoncés au chapitre consacré a l’Élevage et aux Activités pastorales.

Une enquête ouverte

Précisons d’abord brièvement la méthodologie qui a été adoptée à l’occasion de la collecte des données sur le terrain. Il convient, pour commencer, d’indiquer que le questionnaire ne sert pas à obtenir de simples réponses sur l’existence ou l’inexistence de certains faits ou à solliciter les dénominations locales de ces mêmes faits.

Il a été signalé plus haut que les questions formulées dans le Guide pour une enquête ethnograp­hique possèdent un caractère indicatif et qu’elles situent le chercheur face à une réalité qu’il est chargé d’observer et sur laquelle il doit se renseigner.

Le chercheur de terrain n’est pas, dans notre cas, un simple enquêteur. Il doit s’introduire dans le groupe qu’il va étudier : il doit observer sa vie, être en relation avec des informateurs, soupeser et vérifier les données. Une fois en possession de cette information et des faits que luimême a vécu, il lui faut alors élaborer un mémoire ethnographique en respectant l’ordre numérique des questions suggérées dans le questionnaire.

L’information recueillie grâce à cette méthode d’enquête ouverte est plus riche et permet de détecter des nuances qui vont au-delà de la pure littéralité du questionnement. Barandiaran soulignait que les faits ne peuvent être circonscrits à des questionnaires pré-fixés; la réalité humaine présente une dimension qui déborde nos interpellations.

En contrepartie, l’information ainsi obtenue est inégale et, naturellement, plus subjective. Ce fait, d’une part, complique l’élaboration des textes qui composent l’œuvre mais, de l’autre, enrichit son contenu par des apports imprévus qui élargissent le champ de vision.

Les matériaux nécessaires à l’élaboration de l’œuvre

Le texte de ce tome est fondamentalement issu des matériaux collectés lors des enquêtes de terrain réalisées au cours des années 1996-1997. La liste des enquêteurs ainsi que celle des localités et zones montagneuses où s’est effectuée l’enquête figurent dans les premières pages du volume.

La structure de recherche conçue par José Miguel de Barandiaran sous la forme du Projet Etniker a donné lieu à partir de 1970 à des recherches ethnographiques ponctuelles inspirées du découpage thématique du questionnaire général; ces travaux ont été fondamentalement publiés dans les revues suivantes: Anuario de Eusko Folklore, Cuadernos de Etnología y Etnografía de Navarra, Etniker-Bizkaia et Ohitura.

Certains membres des Groupes Etniker ont même mené à bien l’application intégrale de l’enquête, dans tous ses chapitres, et publié des monographies ethnographiques sur les localités enquêtées. Francisco Javier et José Ángel Zubiaur sont les auteurs, en 1980, de celle correspondant à San Martín de Unx (Navarre); les recherches réalisées par Luciano Lapuente dans les années 1971-1979 ont débouché sur son œuvre relative à la zone des Améscoas, parue en 1990; Jesús Ruiz de Larramendi a publié son étude ethnographique sur la ville de Salvatierra-Agurain (Alava) en 1994 et José Zufiaurre celle relative à Beasain (Gipuzkoa) en 1998.

Dans le cadre de ce plan initial de collecte de matériaux ethnographiques pour un Atlas Ethnographique de Vasconia, les Groupes Etniker ont effectué entre 1983 et 1987 des recherches collectives qui ont bénéficié des Bourses José Miguel de Barandiaran accordées par Eusko-Ikaskuntza/Société des Études Basques. Ces recherches ont donné pour résultat les publications suivantes: Contribución al Atlas Etnográfico de Euskalerria. Investigaciones en Bizkaia y Gipuzkoa (1987), Contribución al Atlas Etnográfico de Vasconia. Investigaciones en Álava y Navarra (1990), Contribution à l´étude ethnographique de la mort en Pays Basque Nord (1997).

La rédaction de ce tome, ainsi que des volumes précédents, a pris en compte les apports qui figurent dans tous ces travaux de terrain, réalisés dans le cadre du projet Etniker et basés sur le questionnaire ethnographique de Barandiaran.

D’autres auteurs qui, en dehors du projet Etniker, ont effectué des recherches sur les thèmes traités ici sont ponctuellement mentionnés en note de pied de page. Citons en particulier à cette occasion les collaborateurs du Séminaire d’Ethnologie de la Société Aranzadi, qui ont publié dans les Anuarios de Eusko Folklore des années 1955 et 1956 le résultat des recherches dirigées par José Miguel de Barandiaran sur la « Vie pastorale au Pays Basque ».

Pour le Pays Basque continental, outre les travaux de terrain actuelles dans le cadre du Projet Etniker, nous avons fait appel à celles réalisées par Barandiaran au cours des années quarante et cinquante dans les localités de Sara (Labourd), Donaixti-Ibarre, Uharte-Hiri (Basse-Navarre) et Liginaga (Soule). Ces recherches ont été publiées dans les revues Ikuska et Anuario de Eusko Folklore.

Les photographies qui illustrent le texte ont été pour la plupart apportées par les chercheurs eux-mêmes, ainsi que croquis et dessins. Dans la mesure oil il s’agit de photographies anciennes, certaines proviennent d’archives publiques ou privées et d’autres ont été récupérées dans diverses publications; dans tous les cas, leur provenance est fidèlement indiquée.

Contenu de l’œuvre

Cette œuvre verse sur la description de l’élevage et de l’activité pastorale traditionnelles.

Il convient d’indiquer que nos travaux de terrain — et, par là, le contenu de ce volume — se sont attachées à étudier les différentes modalités de l’activité pastorale et de l’élevage de bétail en liberté, de préférence à l’élevage stabulé à des fins de production et d’embouche, tel qu’il est compris aujourd’hui. Cette perspective obéit à la démarche même de l’enquête puisqu’il s’agit d’étudier un mode de vie dont la tradition remonte à des temps très anciens.

De fait, il a été constaté que nombreuses sont les institutions anciennes qui survivent dans le régime actuel d’exercice de l’activité pastorale ; cet antique mode de vie pastoral, avec toutes les adaptations nécessaires, perdure actuellement, même si son importance sociale et économique a fortement décru.

Il convient également de signaler que l’élevage traditionnel est partie prenante de l’activité agricole. Citons à ce propos, et à titre d’exemple, le ramassage de l’herbe destinée à l’alimentation du bétail, l’emploi du fumier comme engrais ou l’utilisation des bêtes pour les travaux des champs. Toutes ces questions seront abordées dans le volume consacré à l’agriculture.

Quant aux questions concernant les maladies des animaux domestiques et leurs traitements, elles seront étudiées dans un prochain volume de l’Atlas, actuellement en cours d’élaboration, qui aura pour titre Médecine populaire pour les hommes et les animaux au Pays Basque.

Les premiers chapitres de ce tome (I-IV) sont consacrés à l’étude de l’élevage, aux types et races de bétail, ainsi qu’au traitement que celui-ci reçoit de la part de ceux qui s’en occupent. Il convient de mentionner la différence qui apparaît entre les versants atlantique et méditerranéen, aussi bien au niveau du type de bétail élevé que de l’habitat de celui-ci.

Les trois chapitres suivants (V-VII) traitent de la répartition du gros et du petit bétail dans les étables et les enclos, de leur alimentation et de leur reproduction. Sur le versant atlantique, l’étable fait partie de la demeure, tandis que dans la zone méditerranéenne, l’enclos est séparé de celle-ci.

Les chapitres centraux (VIII-XIV) s’attachent au bétail qui pâture en montagne, soit librement, soit sous la garde d’un berger. L’accès aux pâturages de montagne y est longuement décrit, ainsi que les établissements des bergers et leurs caractéristiques, les marques d’identification apposés sur les animaux et les différents types de transhumance à la recherche de pâturages.

Les chapitres suivants (XV-XVIII) sont centrés sur la figure du berger: ses différentes classes selon le régime pastoral, l’habillement nécessaire pour supporter les intempéries, le mobilier de la cabane ou refuge, ses activités artisanales et la chasse des animaux nuisibles pour le troupeau.

Une longue section, qui regroupe les chapitres XIX-XXIII est consacrée aux produits de l’activité pastorale: le lait et ses dérivés, la laine, le sacrifice d’animaux et leur vente; elle s’achève sur une description des foires où le bétail s’échange pour renouveler les troupeaux.

Le chapitre suivant (XXIV) aborde l’apiculture dans la mesure où cette activité, dans l’univers traditionnel, est comprise dans l’élevage.

Finalement, les derniers chapitres (XXV-XXVI) traitent des croyances et des symboles liés à la protection des animaux domestiques; ils se terminent sur une brève incursion dans le monde du divertissement des bergers (XXVII).

Nous sommes conscients des limites que nous impose un travail de cette envergure. De nombreuses questions sont ainsi simplement ébauchées, dans l’attente d’une recherche plus exhaustive. Nous espérons donc que de futures monographies locales viendront enrichir le corpus culturel qui nous a été légué par ce mode de vie.

Rédaction

Comme il est dûment précisé à l’endroit correspondant, un Comité de Rédaction dont les membres appartiennent aux différents Groupes Etniker régionaux est intervenu tant au niveau de la formulation du plan d’ensemble de l’œuvre que dans l’élaboration des textes qui la composent. Parmi les membres de ce comité dont les noms sont cités par ailleurs, mentionnons tout particulièrement le rôle de Luis Manuel Peña qui joint à ses diplômes en Biologie son expérience en tant qu’éleveur de bétail en activité.

En ce qui concerne la réalisation de la publication, il convient de mentionner l’intervention décisive qu’ont effectuée les collaborateurs du Département d’Ethnographie de l’Institut Labayru, sous la direction et la coordination de Gurutzi Arregi. Chargés de la difficile tâche de mettre en forme une œuvre volumineuse et complexe, ils ont dû reclasser l’ensemble du matériel collecté sur le terrain, revoir et, parfois, ré-élaborer les textes, explorer la bibliographie correspondante, réaliser les traductions, procéder aux ajustements lexicaux, sélectionner les illustrations et mener à bien tous les travaux liés à la préparation et à la mise au point de l’édition.

Critères adoptés dans la transcription des termes basques

Le présent ouvrage n’a aucun but philologique ou linguistique. Ceci explique le traitement donné aux expressions en langue basque ou aux termes populaires exprimés dans les différentes variantes locales de l’espagnol, qui a visé essentiellement à rendre l’ouvrage le plus accessible possible au lecteur moyen.

Compte tenu de la disparité des critères adoptés dans la collecte de matériaux ethnographiques en ce qui concerne les termes basques, la transcription de mots dans cette langue peut s’avérer plurielle. En général, au cours de ces dernières années, les enquêteurs se sont efforcés de suivre au plus près la prononciation particulière de chaque localité, avec parfois une transcription des nuances phonétiques les plus mineures, soit par manque de références normalisées en basque, soit par méconnaissance de la graphie courante dans cette langue. L’Atlas reflète cette tendance et d’éventuelles contradictions sont donc susceptibles d’apparaître.

En dépit de cela, nous nous sommes efforcés d’organiser les matériaux d’enquête et les différentes sources bibliographiques en les actualisant dans la mesure du possible, sans toutefois nous risquer à déformer les informations authentiques contenues dans les rapports remis.

Les termes et expressions basques utilisés en titre de sections ou de chapitres sont écrits selon les règles de l’orthographe normalisée.

Dans certains cas oil apparaissent des listes de termes désignant un élément précis, nous nous sommes efforcés de regrouper les formes linguistiques recueillies selon des variantes d’origine commune, sans tenir compte des différences produites par d’éventuels phénomènes de vocalisme. Cette notation, qui évacue la référence à une localité concrète, s’avère à notre avis plus claire pour rendre compte des différentes désignations, aussi bien basques qu’espagnoles. Nous avons aussi essayé de normaliser au maximum les phrases et les textes d’origine dialectale en langue basque, afin d’éviter au lecteur tout problème de compréhension. Les caractères morphologiques et syntaxiques propres à la variante linguistique en vigueur dans chaque localité ont été, dans la mesure du possible, préservés.

Pour terminer, signalons que nous avons respecté le résultat concret de chacune des collectes ; le fait que toutes les désignations d’un objet ou d’un fait déterminé n’apparaissent pas n’indique pas qu’elles aient été écartées ou qu’elles ne figurent pas dans d’autres sources bibliographiques mais simplement qu’elles n’ont pas été notées comme matériel d’information dans les questions du questionnaire ethnographique utilisé qui se réfèrent à ce sujet.

Avertissement au lecteur

Les références aux localités: Chaque fois que le texte fait mention d’une localité ou d’une zone montagneuse, son nom est accompagné d’une indication abrégée du territoire oil elle se situe. Les localités du Pays Basque continental sont enregistrées sous les sigles suivants: (L) Lapurdi/Labourd, (BN) Basse Navarre et (Z) Zuberoa/Soule. Ceux utilisés pour les territoires du Pays Basque péninsulaire sont : (A) Alava, (B) Bizkaia/Biscaye, (G) Gipuzkoa et (N) Navarre.

L’emplacement de ces localités ou zones montagneuses oil a été réalisée l’enquête peut être repéré sur la carte de localisation géographique des lieux étudiés qui figure dans ce chapitre d’introduction.

Distribution géographique des données: Compte tenu du caractère de la publication, les données consignées se réfèrent aux localités et zones montagneuses oil l’existence de l’activité a été vérifiée grâce à l’enquête. Ces faits, naturellement, ne se limitent à ces lieux et la référence de lieu constitue une sorte de témoin représentatif d’une aire géographiquement plus étendue.

Datation des faits culturels: Le lecteur aura l’occasion d’observer que, au fil de l’ouvrage, la vigueur ou au contraire la déshérence des us et techniques liés au mode de vie pastoral est indiquée. Parfois, dans l’approche chronologique, les décennies ou des évènements extrêmement marquants comme la Guerre Civile espagnole de 1936 pour le Pays Basque péninsulaire ou la IIe Guerre Mondiale (1940-45), ou même la Grande Guerre (1914-1918) pour le Pays Basque continental, servent d’orientation chronologique. Nous ne pensons pas que cette démarche en matière de datation soit erronée dans la mesure oil, quelle que soit la date retenue, tant pour marquer le début que la disparition d’un fait culturel, elle ne peut qu’être inexacte.

Le caractère de notre œuvre est ethnographique et non historique, même si elle recueille des usages et des comportements en vigueur au cours de ce XXe siècle, qui est le siècle que couvre la mémoire de nos informateurs.

Remerciements

L’ouvrage que nous vous présentons a bénéficié du soutien et du mécénat du Gouvernement Basque; au nom des Groupes Etniker Euskalerria, nous voulons manifester ici notre reconnaissance à Mme M. Carmen Garmendia, responsable de la Culture en son sein, au vice-conseiller M. Imanol Agote et à M. Eduardo Estrade, Directeur de Patrimoine de ce même Département. Cette reconnaissance s’adresse également à M. Jesús Laguna Peña, chargé de l’Education et de la Culture dans le Gouvernement de Navarre, et à M. Juan Ramón Cortas Mauleón, Directeur Général de la Culture. Quant à M. Alain Rousset, Président du Conseil Régional d’Aquitaine, qu’il soit remercié pour l’accueil qu’il a réservé à notre projet de recherche.

Saluons également ici MM. Iñaki Gerenabarrena et Jon Arruti, Conseiller et Vice-Conseiller d’Agriculture du Gouvernement Basque, ainsi que les responsables de l’Agriculture des Diputaciones Forales de Álava, de Bizkaia et de Gipuzkoa, MM. Gabriel Chinchetru, Patxi Sierra-Sesumaga et Mikel Murua, pour les subventions accordées à l’édition de l’ouvrage. Et pour ter-miner, nous souhaitons manifester notre gratitude à M. Juan Celaya, président de Euskal Fundazioa de Oñati et à Caja Laboral-Euskadiko Kutxa.

Voici maintenant bien longtemps que José Miguel de Barandiaran a lancé sa proposition de réalisation d’un Atlas Ethnographique de Vasconia. Nous qui pensons être ses disciples sommes convaincus de l’importance culturelle de cette entreprise. Grâce au mécénat institutionnel, dont nous espérons pouvoir continuer à bénéficier, grâce aussi à notre infatigable engagement, les Groupes Etniker Euskalerria sont en passe de matérialiser l’ambitieux projet que nous a laissé notre maître en héritage de sa longue et féconde vie de chercheur: l’élaboration de l’Atlas Ethnographique de Vasconia, dont le but est de «permettre une connaissance approfondie de la culture traditionnelle de notre peuple et des transitions qui y ont cours et de constituer, en même temps, un point de départ solide pour intégrer l’ethnographie des Basques dans l’étude comparative des cultures».

Ander Manterola
Derio, décembre 2000

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  1. José Miguel de BARANDIARAN.OO.CC BARANDIARAN. OO.CC. Tome VI. Bilbao, 1974, pp. 351-355.
  2. Ibidem, pp. 357-383.
  3. V. Actes des Groupes Etniker Euskalerria. ADEL.