IV. LANGAGE ET TRAITEMENT DONNÉ AUX ANIMAUX
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Noms donnés aux animaux domestiques
En général, ce sont les animaux qui aident leur maître, ou ceux de la maison, à réaliser les tâches domestiques ou qui leur servent de compagnie, avec lesquels ils ont une relation continue et directe, qui reçoivent un nom. On donne ainsi un nom principalement aux vaches, bœufs, brebis, ânes, juments et chiens. La coutume que d’autres animaux domestiques, mais dans une moindre mesure, reçoivent une appellation a aussi été constatée, mais on désigne les poules, lapins et autres pigeons, par leur nom générique.
Quand il faut s’adresser à eux directement, par exemple pour encourager ou aiguillonner dans les travaux agricoles les bœufs ou les vaches, on les appelle par leur nom : aida Rubio! ou aida Beltza!
Brebis
Diverses coutumes ont été constatées au sujet des noms de brebis. La tendance prédominante est de les mentionner par leur nom générique sans leur donner un nom propre ; certains bergers donnent parfois un nom à quelques-unes qui font fonction de guides ou qui présentent une particularité au sein du troupeau, et d’autres baptisent chacune des têtes du troupeau.
La plupart des informateurs signalent qu’on les désigne par un nom propre quand il existe plusieurs personnes chargées de soigner et de surveiller le troupeau et c’est alors l’exécution même des tâches pastorales qui les y oblige pour qu’elles puissent se comprendre entre elles.
Vaches et bœufs
Le contact étroit qui existait avec le bétail bovin et la nécessité de s’adresser continuellement aux bœufs et aux vaches pour les commander et les distinguer en les sortant de l’étable sous-tendent le fait qu’en général ils recevaient un nom propre.
Parmi les noms recueillis dans nos enquêtes, ceux qui se réfèrent à la couleur et aux caractéristiques physiques de l’animal en question abondent. Mentionnons notamment Paloma et Chata qui sont des dénominations communes pour la vache que l’on retrouve dans de nombreux endroits. Pour le bœuf, nous avons une profusion de Chato.
Dans certains villages, pour les tâches agricoles on appelait ce bétail par son nom propre (Abadiano), mais dans d’autres, sans exclure cette possibilité, on lui attribue la dénomination générique de pinta, car la plupart de ces animaux étaient blancs et noirs (Urduliz-B).
Chevaux
En règle générale, quand on achetait du bétail équin de force, il était adulte et avait déjà un nom. Comme il était élevé et habitué à son surnom, l’acheteur en général respectait celui-ci. Par contre, les poulains ou les mulets recevaient bien un nom (Moreda-A).
Chiens
Les chiens reçoivent des noms très variés car aux critères de sélection indiqués pour d’autres animaux s’ajoutent, dans le cas des chiens, les goûts et les préférences du maître.
Selon Azkue, jusque dans les années trente, dans nos villages les chiens portaient des noms castillans : León, Listo, Linda, Sultán, Moro... À partir de cette époque, les habitants des villes commencent à leur donner des noms basques[1]. Aujourd’hui, alors que se termine le XXe siècle, les chiens reçoivent des noms tant en basque qu’en espagnol sur tout le territoire de Vasconia.
Langage et traitement donné aux animaux
Les informations recueillies dans les enquêtes de terrain font état de deux aspects sur le langage et la façon de traiter les animaux. En premier lieu, qu’ils varient beaucoup en fonction de l’espèce à laquelle appartient l’animal et, naturellement, de la personne qui a une relation avec lui. La croyance qu’il vaut mieux s’adresser aux animaux de façon cordiale, avec des gestes aimables et des caresses car, comme les personnes, s’ils sont traités correctement ils répondent mieux aux ordres qu’ils reçoivent, est très répandue.
De même, il a été constaté qu’il est commun de se préoccuper de leur santé ; s’ils sont malades ou tristes, les gens de la maison s’en préoccupent presque autant que s’il s’agissait d’un membre de plus de la famille. Généralement, on commence par leur donner des ordres verbalement, mais s’ils n’obéissent pas, on a recours à la méthode plus expéditive de saisir un bâton.
Le traitement des animaux
Les animaux domestiques stabulés ne reçoivent pas le même traitement quand l’éleveur ou le berger réalisent la traite ou des tâches similaires, que dans d’autres situations où on exige d’eux un haut rendement dans leur tâche ou si l’activité va être intense ; dans ces cas, il faut les aiguillonner et faire pression sur eux pour obtenir un résultat donné.
Langage employé avec les animaux domestiques
Dans les années vingt, Manuel de Lekuona publie un article sur le langage ; une partie de celui-ci est consacré au langage employé avec les animaux domestiques[2].
L’auteur signale que ce langage particulier est constitué non seulement de mots ordinaires mais, dans une grande partie, par des sons qui sont difficiles à transcrire. Leur caractéristique est que ce « sont des consonantes sonores, prononçables sans l’aide de voyelle, et que les sons sont produits, non pas par expiration de l’air, comme les consonnes ordinaires, mais plutôt par aspiration ».
Sifflements
Il est courant de recourir au sifflement pour transmettre des ordres au bétail, mais il s’utilise surtout avec les brebis.
Ustensiles pour aiguillonner le bétail
Cette section se penche sur des instruments d’utilité diverse ; tandis que certains sont ou ont été indispensables dans la réalisation des travaux agricoles ou dans l’élevage, comme c’est le cas de l’aiguillon ou du fouet pour stimuler le bétail, d’autres ont servi plutôt d’aide dans les tâches domestiques ou dans le soin du bétail au pâturage, comme la gaule pour le berger ou le chevrier.
- ↑ Resurrección Mª de AZKUE. Euskalerriaren Yakintza. Tome I. Madrid, 1935, p. 50.
- ↑ Manuel LEKUONA. « Lenguaje empleado con los animales domésticos » in AEF, I (1921) pp. 37-42. Outre les termes apportés par nos enquêtes concernant le traitement des animaux domestiques, dans cet article figurent ceux recueillis par cet auteur au début du XXe siècle. Cf. également Resurrección Mª de AZKUE. Morfología Vasca. Bilbao, 1925, pp. 497-498 et Euskalerriaren Yakintza. Tome III. Madrid, 1945, pp. 357-361. Certaines expressions sont aussi recueillies à la section « Onomatopeyas vizcaínas » de l’ouvrage de Pablo ZAMARRIPA. Manual del Vascófilo. Bilbao, 1913, pp. 186-192.