VII. REPRODUCTION ET SOIN DES ANIMAUX
Une préoccupation constante a été de bien choisir les mâles reproducteurs afin d'améliorer les caractéristiques du cheptel. Ce souci se manifestait notamment dans le but d'augmenter la production, mais aussi, comme nous allons le voir plus avant, dans certains villages d'Álava, quand le bétail paissait sur les terres communales, les habitants veillaient à choisir les meilleurs reproducteurs et à empêcher que les autres laissent une descendance.
Il a aussi été constaté que les gens se souciaient de « changer le sang », autrement dit, d'éviter une éventuelle consanguinité excessive quand les mâles étaient constamment croisés avec leur propre descendance. Pour résoudre ce problème, on achetait des reproducteurs ou on les échangeait avec ceux d'autres éleveurs.
La culture traditionnelle connaissait de nombreux remèdes pour traiter les maladies et les lésions des animaux domestiques. Il était également fréquent qu'il existe des personnes versées en la matière, comme par exemple un voisin quelconque qui, à force d'expérience et d'un certain don, se distinguait des autres pour soigner le bétail. Il existait aussi des personnages comme le rebouteux et le forgeron qui connaissaient ces techniques et auxquels on s'adressait pour résoudre les problèmes du bétail. Et même des saludadores, très importants jadis, que l'on consultait pour soigner la rage.
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Procédés pour calculer l'âge du bétail
Le procédé le plus répandu pour connaître l'âge d'un animal domestique consiste à regarder sa denture. Les vaches et les brebis perdent progressivement leurs dents de lait, pour acquérir leur dentition définitive, selon un processus qui permet de calculer l'âge en fonction de l’état des dents.
Les informateurs d'Apodaca (A) rapportent que l'un des tests pour embaucher le berger auquel allait être confié le soin du cheptel des habitants du village était qu'il sache calculer l'âge des animaux. Quand les éleveurs vont acheter des animaux, ils doivent savoir calculer l'âge des juments, vaches, ânes, brebis et autres chèvres. Ils commencent par ouvrir la gueule de l'animal pour voir la couleur de la denture ainsi que son état. Les plus habiles à cet examen sont les maquignons. Dans l'après-guerre, il a existé une fraude, surtout pratiquée par maquignons et gitans, qui consistait à nettoyer la denture et le pelage des chevaux pour tromper les acheteurs, mais les bons maquignons qui opéraient dans une zone concrète ne le faisaient jamais. On connaît l'âge des vaches en regardant leurs cornes et celui des brebis et des chèvres par leurs sabots.
Les manipulations du corps des animaux
La castration
La tradition voulait que l'on fasse castrer les mâles et ce, dans deux grands buts, parfois complémentaires : d'un côté, dans le cas de ceux destinés à être engraissés, pour qu'ils grossissent rapidement et, dans le cas de certaines espèces, éviter le mauvais goût de leur viande s'ils restent entiers ; et de l'autre, pour les animaux destinés à certaines tâches agricoles, pour les domestiquer et pouvoir les maîtriser plus facilement. Il existe aussi le cas particulier de truies qui étaient également castrées pour les motifs qui sont expliqués plus avant.
Certaines personnes étaient expertes dans ce travail et prêtaient leurs services aux voisins. Il existait aussi des castreurs professionnels qui se faisaient payer et qui faisaient la tournée des villages. Dans le cas d'interventions entraînant un risque pour la vie de l'animal, cette tâche était souvent confiée au vétérinaire. Aujourd'hui, cette activité se limite au domaine professionnel de ces derniers.
Le ferrage
Le ferrage consiste à protéger les extrémités de l'animal en ajustant et en clouant des fers sur les sabots pour éviter l'usure et la déformation que provoque leur frottement sur le sol.
Il était partout courant de faire ferrer le cheptel bovin et équin utilisé pour le trait.
À Agurain (A), le métier de maréchal-ferrant s'est maintenu jusqu'en 1970. Le herradero ou travail à ferrer, était situé extra-muros, appartenait au maréchal-ferrant et était exploité par une famille. Il était soumis à l'autorité du vétérinaire municipal. Il existait aussi des travails dans les villages d'Ezquerecocha, Guereñu, Heredia, Narvaja et Ozaeta, auxquels les gens des villages voisins conduisaient leurs bêtes certains jours donnés.
À Apodaca (A), le bétail était conduit au maréchal-ferrant de Gopegui. Le travail à ferrer les bœufs se trouvait près de la forge. Il s'agissait d'un local aménagé à cette fin et propriété de la commune. Des années plus tard, les équidés allaient se faire ferrer chez le maréchal-ferrant d'Ondategi. Pour ferrer ces bêtes, le vétérinaire les accompagnait. À Araia (A), jusque dans les années soixante-dix, il existait dans le village un maréchal-ferrant qui réalisait toutes sortes de travaux en rapport avec la forge. Le travail se trouvait dans le quartier le plus ancien et le plus emblématique d'Araia, Andra Mari. À partir de cette décennie, qui correspond à l'introduction des machines agricoles, les animaux ont cessé d'être ferrés.
Dans la vallée d'Ayala (A), l'éleveur qui était habile pour ferrer s'en chargeait lui-même, aidé d'autres personnes. S'il ne savait pas le faire, il menait les animaux chez un maréchal-ferrant ou les confiait à un professionnel itinérant.