XVII. L'ÉQUIPEMENT ET L'ARTISANAT PASTORAUX

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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L'équipement et le mobilier du berger, en consonance avec la txabola ou la cabane, ont toujours été sommaires et rudimentaires, comme il est indiqué dans le chapitre consacré aux établissements pastoraux. Le berger qui restait en montagne pendant l'été vivait généralement seul, loin de sa famille qui restait dans la vallée.

Une fois terminée l'époque de la fabrication de fromages, il employait son temps à un petit artisanat. Ce travail manuel consistait autrefois à élaborer des ustensiles en bois, à filer la laine et à tricoter quelques pièces d'habillement. La sculpture ornementale de gobelets confectionnés dans une corne de bœuf et celle d'autres outils en bois appartiennent également au domaine de l'artisanat pastoral traditionnel.

Les ustensiles du berger

Récipients en bois

Les spécialistes du sujet ont été frappés par la longue survie en milieu pastoral des récipients à lait et autres ustensiles fabriqués en bois.

L'absence de récipients en céramique a été expliquée par le fait qu'en raison de leur fragilité ils ne résistent pas aux déplacements constants qui caractérisent le mode de vie pastoral. Et pour leur légèreté les récipients en bois ont pu être souvent préférés à ceux en cuivre, en laiton ou en fer, beaucoup plus lourds. Ceux fabriqués dans des métaux plus légers, comme la tôle galvanisée ou l'aluminium, ne se sont généralisés qu'au cours du XXe siècle.

Au début de ce siècle encore, les ustensiles ménagers et ceux employés dans l'élaboration du fromage étaient en bois, dans certains cas fabriqués par les propres bergers et dans d'autres par des artisans locaux[1].

Les gobelets de berger

Tant pour boire le lait que pour puiser l'eau de la source ou des ruisseaux, les bergers utilisaient autrefois des gobelets en corne fabriqués par eux[2]. Barandiaran signale que ces gobelets n'offraient pas les inconvénients de ceux en terre cuite, toujours plus fragiles, ni de ceux en métal, qui se bossèlent facilement.

Pour les élaborer, ils employaient une corne de bœuf, qui est plus épaisse que celle de la vache. Ils en sciaient la pointe, puis bouchaient la partie la plus étroite avec une pièce en bois bien ajustée. Ces couvercles pouvaient être en if (Lezaun, Sierra de Codés-N; Santa Cruz de Campezo-A), de la même matière que la corne ou en bois de lierre (Bernedo, Obécuri, Bajauri, Urturi-A), de buis ou de hêtre. À ces gobelets ils ajoutaient une bande de cuir faisant fonction d'anse, comme il a été observé à Bajauri, Obécuri, Urturi et Moreda (A), Sierra de Codés et Lezaun (N). Dans ce dernier village, l'anse pouvait être en fil de fer.

Les travaux manuels

Jusqu'à quelques décennies auparavant, divers travaux qui sont tombés en désuétude par la suite relevaient de cet artisanat pastoral. Parmi eux, citons, dans la Vasconia humide, le filage de la laine de brebis et le tricotage de diverses pièces d'habillement comme des chaussettes, des bas, des chaussons, etc. Pour exécuter cette tâche, ils se servaient d'aiguilles et de crochets fabriqués, dans certains cas, par eux-mêmes avec des branches de bruyère. Ils élaboraient également les cordons pour les sandales avec de la laine noire ou des cordes particulièrement résistantes avec du crin de cheval.

De même, il leur incombait de préparer les houlettes qui faisaient partie de leur mince bagage et de les décorer avec diverses figures.

Les cloches s'achetaient habituellement au marché, mais il appartenait à l'éleveur d'en tester le son, d'en remplacer le battant ou de les réparer, ainsi que de confectionner les colliers en bois auxquels elles étaient suspendues. Plus ancien dans le temps est le souvenir de la fabrication d'instruments musicaux comme l'alboka, les sifflets et flûtes ou le sumpriñu, dont quelques témoignages nous sont parvenus.

L'artisanat de la laine

Dans les familles d'éleveurs de brebis de longue tradition, une partie de la laine obtenue de la tonte était réservée à un usage domestique. Antan, cette laine, une fois lavée, servait à la confection de courtepointes ou couvre-lits et de matelas. Mais sa principale destination était l'obtention de fil, ilaia, haria, firua, avec lequel on tricotait artisanalement diverses pièces de protection dont principalement des chaussettes et des bas.

Ce procédé artisanal implique d'abord le lavage de la laine, puis son cardage et son filage pour terminer par le tricotage des pièces. Divers membres de la famille s’y emploient, de même que, autrefois et en premier lieu, le propre berger.

Survivance et déclin

Il ressort des enquêtes une grande unanimité à propos de l'activité de filage du berger. De fait, dans presque tous les villages et les pâturages situés dans la Vasconia humide les informateurs disent qu'au début du XXe siècle les bergers consacraient leur temps libre à filer la laine de brebis et à à tricoter dans leurs montagnes. Ce travail artisanal a reculé au cours de la centurie et il a pratiquement disparu vers le milieu du siècle.

Les colliers à cloches, uztaiak

Actuellement, le bétail qui pâture en montagne, porte ses sonnailles ou ses cloches suspendues à des colliers en cuir ou d'un autre matériau. Mais il y a quelques décennies encore ces colliers étaient en bois et généralement fabriqués par les propres bergers.

Dans certaines zones, ils marquaient au fer chaud sur le collier des vaches le nom de la maison ou du village auquel appartenait l'animal.

Certains informateurs regrettent les colliers en bois parce qu'ils étaient plus difficiles à voler ou à égarer (Apodaca-A). À Larraun (N), ils disent que ceux en bois duraient plus longtemps que ceux en cuir, mais que ces derniers, comme le cuir est plus souple, ne produisaient pas les blessures que causaient les premiers. En revanche, les informateurs d'Elgoibar (G) soutiennent que les colliers faits de bandes de noisetier, urritza, absorbent beaucoup d'humidité et qu'ils cassent facilement, ce qui entraîne la perte de la cloche ; c'est pourquoi d'autres matériaux ont été préférés pour les fabriquer.


  1. Augusta PANYELLA note que, bien que l’utilisation de récipients en bois ne soit pas exclusivement basque, « nous nous inclinons à penser qu'il s' agit d' un élément qui a survécu à une longue vie, de plusieurs millénaires... ». Cf. « Los kaikuak (kaiku) del Museo Etnológico de Barcelona » in Munibe, XIV (1962) p. 259. À ce sujet est mis en avant le texte de Strabon (Ier siècle av. J.-C.): Les habitants des montagnes « utilisent des gobelets taillés dans le bois, comme les Celtes ». Géographie. III, 3, 7.
  2. José AGUIRRE. « Catálogo de Etnografía », in RIEV, XVIII (1927) p. 342.