VII. JEUX DE SAUT

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Les jeux dans lesquels l'acte de sauter est central se divisent en deux grandes groupes. Le premier est formé par ceux dans lesquels un ou plusieurs participants se penchent en adoptant une posture appelée généralement burro (mouton) tandis que les autres sautent dessus ou passent sur eux. Il s'agit de jeux organisés principalement par les garçons et ils ont habituellement très simples en termes de règles. Une certaine habileté et de la force sont nécessaires pour y jouer.

Le second groupe est constitué des jeux dans lesquels on saute sur une corde. Ils sont plus propres aux filles et se pratiquent généralement en groupe et parfois individuellement. Au cours de ces dernières décennies, une variante, qui sera abordée à la fin, est apparue, dans laquelle tant la façon de sauter que l'élément utilisé pour le jeu ont varié puisque la corde a été remplacée par un élastique. Ces activités exigent une grande habileté de la part des participants.

Pour terminer, nous aborderons un ensemble de jeux très uniformes en termes d'exécution dans lesquels le saut, même s'il est important, ne constitue pas le trait distinctif de l'activité. Ils se déroulent sur des figures tracées par terre, divisées en carrés, et pour leur exécution ils ont recours à une pierre ou un objet approchant de taille appropriée. Ils consistent à sauter à cloche-pied de carré en carré en suivant un ordre et sans faire d'erreurs.

Jeux de saute-mouton

L'expression «saltar al burro » désigne une activité ludique qui consiste en ce qu'un enfant passe par dessus un autre qui reste penché et qui est appelé le burro. Normalement, le bond se fait jambes écartées en appuyant les mains sur le dos de celui qui est penché.

Il s'agit là de la façon la plus simple de jouer, mais le jeu peut se compliquer de très diverses façons. Parfois on complique la manière de se lancer, par exemple en adoptant d'autres postures ou en sautant à partir d'une raie dont l'écart avec le burro augmente progressivement. Ou aussi en récitant des strophes ou en les chantant, parfois en en restant là et dans d'autres cas en représentant ce que les paroles prescrivent.

Cette modalité de jeu ne demande en général pas plus d'un seul mouton, à la différence d'autres comme le chorro-morro dans lequel interviennent plusieurs burros qui s'enchaînent. Une telle distinction, un tant soit peu arbitraire si nous tenons compte des modalités intermédiaires qui existent, nous sert à classer ces jeux.

Jeux de saut à la corde. Soka-saltoka

Les jeux de saut à la corde consistent essentiellement à bondir à l'intérieur de l'ellipsoïde formé par une corde que l'on fait tourner. Les extrémités de la corde peuvent être tenues par la propre fillette qui saute ou par deux autres participantes qui ne sont pas celle qui bondit. Dans le premier cas, le jeu est individuel, tandis que dans l'autre il exige la collaboration d'au minimum trois filles. Et souvent de bien plus.

Au contraire de ce qui se passe avec les jeux de le saute-mouton, ceux-ci sont presque exclusivement féminins. Dans les petits villages, à l'instar de ce qui se passe avec d'autres divertissements, des enfants des deux sexes y participent indistinctement.

Les noms les plus communs que reçoit ce jeu sont «A la cuerda», «A la soga», «A la comba» et « A la carde ». En basque il est appelé «Karneka» (Bermeo-B), «Kordetan» (Izpura-Ip), «Saltasoka» (Beasain-G), «Soka-saut» (Garagarza-Arrasate, Elgoibar et Zerain-G), «Soka-dantza» (Gorozika-B), «Soketan» (Zeanuri-B), «Sopletan» (Goizueta-N) et, Jauzteka» (Uharte-Hiri-Ip).

Il se joue habituellement dans la rue, mais comme il ne demande pas beaucoup d'espace il peut se jouer sous couvert les jours de pluie.

Jeux de saut à l'élastique

Sauter à l'élastique est peut-être le jeu le plus récent des tous ceux de type saut, mais pourtant il est vite devenu très populaire. À Murchante et à Garde (N), ils se souviennent que ce jeu est apparu dans les années soixante ; à Lezaun (N) vers les années cinquante ; à Aramaio (A), il y a deux décennies et à Allo (N) et à Portugalete (B) les femmes qui aujourd'hui ont plus de trente ans ne l'ont pas connu dans leur enfance. Au cours de la dernière décennie, les filles de Beasain (G) ont remplacé le saut à la corde par ce saut à l'élastique. Dans certaines localités, ce sont de préférence les filles qui y jouent et dans d'autres seules elles.

Pour le pratiquer, il suffit de se procurer un élastique de plusieurs mètres de long, d'une certaine largeur, très élastique, que les filles achètent dans le commerce à tant le mètre et dont ensuite elles nouent les extrémités. C'est le même que celui utilisé pour la ceinture des culottes, des pantalons, des jupes, etc.

Il faut au minimum trois joueuses, deux pour tenir l'élastique et une autre qui est celle qui saute. Ce nombre est justement considéré comme le plus adéquat, mais ce n'est pas toujours le cas : à Bilbao (B) deux tiennent l'élastique et deux autres sautent ; à Murchante (N) on joue aussi par petits groupes ; à Monreal (N) ils jouent à quatre ou cinq et à Zamudio (B) ils estiment que le nombre de participants doit être supérieur à deux mais inférieur à huit.

Truquemé / marelle. Txintxirrika

Le truquemé, plus connu en dehors de notre zone d'étude sous les noms de rayuela ou infernáculo, est un divertissement très courant et qui montre une vaste distribution géographique. À grands traits, il consiste à pousser une petite pierre plate ou un morceau de tuile sur un ensemble de carrés tracés par terre tout en sautant à cloche-pied.

Les bases de ce jeu, ainsi que le schéma qui est dessiné sur le sol pour y jouer, sont relativement simples. Toutefois, dans ses manifestations concrètes, il offre une grande variété et diversité[1].

L'objet employé pour jouer est normalement un caillou plat de petite taille ou un morceau de tuile poli, voire des morceaux de carrelage, de dalles ou de marbre. On utilisait aussi pour jouer les galets polis du lit de la rivière.

Le jeu se déroule sur une figure divisée en carrés tracée par terre. Pour y jouer, un sol dur est généralement préférable. Si on joue sur des dalles de pierre, il n'est pas nécessaire de tracer la marelle car les bords du carrelage peuvent servir. Quand il est indispensable de la dessiner, on se sert d'un morceau de tuile ou de brique, d'un morceau de calcaire ou d'une craie. Pour jouer sur la terre, on trace la marelle avec un bâton.


  1. Un des schémas les plus anciens qui soient connus est celui tracé sur le sol du Forum à Rome. Pendant l'expansion de l'Empire romain les chaussées empierrées qui servaient à relier les différentes régions européennes, ont constitué une surface idéale pour ce jeu, que les soldats ont enseigné aux enfants d'une bonne partie de l'Europe. Frederic V. GRUNFELD. Juegos de todo el mundo. Madrid, 1978, p. 165.