XII. JEUX RYTHMIQUES

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Ce chapitre se penche sur un groupe de jeux dans lesquels les enfants s’amusent en se déplaçant au rythme d’une chanson. Bien qu’ils soient parfois mixtes, ils sont le plus souvent pratiqués par les filles, ou par ces dernières avec des enfants plus petits. La chanson est souvent accompagnée de battements des mains. Les enquêtes ont recueilli peu de chansons en basque. Ceci s’explique principalement par le fait que ces jeux sont pour la plupart d’origine scolaire et, jusque dans les années soixante, dans les zones bascophones, la seule langue scolaire, tant dans l’enseignement qu’aux moments de récréation a été l’espagnol. Ce phénomène est le même par rapport au français dans les localités d’Iparralde qui sont bascophones.

Ils se jouent surtout en cercle : les participantes, se tenant par les mains, avec une fille au centre qui danse et/ou met en scène la chanson ; elle en choisit une autre pour jouer à deux avec elle, qui l’aidera à réaliser ou à compléter l’activité dont il s’agit.

Dans certains jeux, les filles dansent face à face en rang, en se rapprochant et en s’écartant au rythme de la chanson. Il y en existe aussi de cercle et de chaîne. Tous ont pour caractéristique commune leur simplicité d’exécution et l’importance de la chanson.

Signalons enfin que ces jeux comportent également des éléments de mimique, de mise en scène, etc.

Jeux en cercle. Korruka

Al corro de les patatas

Il a été recueilli dans un grand nombre des localités étudiées. Il s’agit plutôt d’un jeu de petits enfants, filles et garçons, et normalement, il se joue avec un adulte.

Ils forment un cercle en se tenant par la main et tournent en ronde. Quand on dit «alupé», il faut s’accroupir et à la fin tous s’assoient par terre. À Allo, Eugi et Lezaun (N), ils chantent «Al corroncho de la patata» et à Apodaca (A) «Al corro de la alpargata».

À Mendiola, Moreda, Narvaja, Ribera Alta, San Román de San Millán, Vitoria (A), Bilbao, Carranza, Getxo, Portugalete (B), Aria, Artajona, Monreal et Viana (N):

Al corro de les patatas (Au cercle des patates)
comeremos ensalada, (nous mangerons de la salade)
como comen les señores (comme le font les messieurs-dames)
naranjitas y limones, (petites oranges et citrons)
alupé, alupé, (alupé, alupé)
sentadita me quedé.(toute assise je me suis retrouvée)

Tengo una muñeca

Les filles tournent en rond en se tenant par la main et en chantant[1]. À la fin du jeu, les participantes normalement s’accroupissent ou s’agenouillent.

La chanson suivante est très courante :

Tengo una muñeca (J’ai une poupée)
vestida de azul,(habillée de bleu)
con su camisita (avec sa chemisette)
y su canesú. (et sa blouse)
La saqué a paseo (Je l’ai sortie en promenade)
se me constipó, (elle s’est enrhumée)
la metí en la cama (je l’ai mise au lit)
con mucho dolor. (avec beaucoup de douleur)
Esta mañanita (Ce matin)
me dijo el doctor, (le docteur m’a dit)
que le dé el jarabe (de lui donner du sirop)
con el tenedor. (avec une fourchette)
Dos y dos son cuatro (Deux et deux font quatre)
cuatro y dos son seis, (quatre et deux font six)
seis y dos son ocho(six et deux font huit)
y ocho dieciséis.(et huit seize)
Y ocho veinticuatro (Et huit vingt-quatre)
y ocho treinta y dos, (et huit trente-deux)
ánimas benditas (âmes bénites)
me arrodillo yo.(je m’agenouille)

Jeux en rang face à face

Pase misí, pase misá. Zubiri, zubiri. A la víbora

«Pase misí, pase misá», «A la víbora» et «Zubiri­ zubiri» sont trois chansonnettes utilisées pour un même jeu. Celui-ci consiste à passer sous un pont, zubia, ou une porte que forment deux joueuses avec leurs bras tendus en arc. Au moment indiqué par la chanson, elles baissent les bras («cae el puente o cierran la puerta»- le pont tombe ou on ferme la porte) et attrapent la joueuse qui se trouve à cet instant dessous.

Pase misí, pase misá. Ce nom est le plus commun. Par tirage au sort, on choisit deux filles qui vont faire les mères et qui dirigeront le jeu. Entre elles, elles s’attribuent, en secret, la couleur (bleu-rouge), le fruit (poire-pomme) ou la sucrerie (chocolat-caramel) qui sera l’emblème du groupe auquel appartiendra chacune. Ensuite elles forment un pont avec les bras formant un arc et en se tenant par les mains. Sous lui défilent les joueuses en se tenant par la main, par les épaules ou par la ceinture en sautant au rythme de cette chanson :

Pase misí, pase misá,(pase misé, pase misá)
por la puerta de Alcalá (por la porte d’Alcala)
la de alante corre mucho (celle de devant court vite)
y la de atrás se quedará. (et celle de derrière restera)
Pase misí, pase misá...(pase misé, pase misá)

En arrivant au vers «la de atrás se quedará», elles baissent les bras et attrapent la fille qui à cet instant est dessous. Elles lui demandent alors : «—Que préfères-tu, le rouge ou le bleu ?» ou une autre des alternatives convenues. Selon ce qu’elle répond, elle se place derrière l’une ou l’autre des mères. Le jeu continue jusqu’à ce que toutes les participantes soient réparties en deux groupes. Pour finir, les mères se prennent par les mains et les filles de chaque groupe par la ceinture et tirent, comme dans la soka-tira, pour attirer vers elles l’équipe contraire. Le groupe gagnant est celui qui y parvient.

Jeux en cercle en chaîne

La cantinerita

Dans la forme la plus courante du jeu, on forme deux rangs, l’une face à l’autre, et une fille se place au milieu. Tandis que les filles des rangs battent des mains, celle qui est au milieu, mains à la ceinture, commence à chanter et à danser d’un côté à l’autre au rythme de la musique. En disant «me saludan», elle s’arrête devant la fille de son choix et lui fait un salut militaire en portant une main au front. La fille choisie lui répond avec le même salut, puis les deux s’entrelacent les bras et chantent en dansant la dernière strophe. Quand elle la termine, la première rejoint le groupe et la seconde reste au centre comme «cantinerita» et le jeu se poursuit de la même façon.

Les versions de la chanson diffèrent très peu, mais parfois l’ordre des strophes varie. De même, l’expression «gozar tu amor» est parfois remplacée par «rogar» ou «lograr tu amor». À Amézaga de Zuya, Pipaón, Vitoria (A) et Abadiano (B), la chanson dit ainsi :

Yo soy la cantinerita (Je suis la petite cantinière)
niña bonita del regimiento, (la jolie fille du régiment)
que a todos mis soldados (et je tiens tous mes soldats)
tengo contentos, del batallón. (du bataillon contents)
Un día mis soldados (Un jour mes soldats)
cuando me ven pasar, (en me voyant passer)
me saludan (me saluent)
y se escuadran (et se mettent au garde-à-vous)
y me dicen al pasar (et me disent quand je passe)
Cantinerita niña bonita (Cantinière, jolie fille)
si yo pudiera gozar tu amor, (si je pouvais jouir de ton amour)
una semana de buena gana (une semaine de bon cœur)
sin comer rancho estaría yo. (sans manger le rata je resterais)


  1. Cette chanson s’utilisait aussi pour sauter à la corde, comme il a été constaté à Durango (B) et à Zerain (G).