XV. JOURS DE DEUIL
Les obsèques ne se limitaient pas au jour des funérailles. Le groupe familial, les parents et les voisins participent à certaines cérémonies religieuses pendant la période du deuil. Parmi ces cérémonies se détache la neuvaine de messes qui suivait les obsèques et c'est dans son cadre qu'à certains endroits avait lieu la messe dite d'hommage. À la conclusion du deuil, qui durait au minimum un an, était célébrée la messe d'anniversaire qui reprenait celle des funérailles.
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Neuvaine
La neuvaine de messes, bederatziurrena, qui débutait à l'église le jour suivant les obsèques, faisait jusqu'à tout récemment partie intégrante des obsèques et a été constatée dans tous les territoires de Vasconia. Antan, ces messes auxquelles assistaient les membres de la famille et les voisins les plus proches revêtaient une solennité similaire à celle des funérailles. Les membres du groupe domestique se rendaient à l'église pendant ces neuf jours habillés en grand deuil et en formant un cortège rituel.
Un rite propre à la neuvaine était le répons que le prêtre récitait ou chantait devant la fuesa ou sépulture familiale tous les jours à l'issue de la messe.
L'antique coutume de la neuvaine a survécu de façon générale jusque dans les années soixante-dix, mais elle avait déjà perdu une grande part de sa solennité pour se réduire parfois à trois jours. Actuellement, elle a été réduite à une messe qui est célébrée le dimanche qui suit les funérailles et appelée communément « messe de sortie ».
Hommages
Dans la zone étudiée, les hommages funèbres, honras ou ondrak en basque, sont les offices qui étaient célébrés pour le défunt dans le cercle restreint de sa parentèle. Une telle appréciation peut être déduite de l'obligation faite aux proches d'assister à ces honneurs funèbres. Comme dans les autres cérémonies funéraires, le premier voisin ou les voisins les plus proches étaient assimilés à la parentèle.
Par ailleurs, la célébration des hommages n'était pas dépourvue de solennité car la messe était chantée et en général précédée de la récitation d'une partie de l'Office des Morts.
Messe d'anniversaire
La messe qui était célébrée un an après le décès revêtait autrefois les mêmes solennité et caractéristiques rituelles que celle des funérailles. Elle avait lieu un jour ouvrable et consistait en une messe de requiem, généralement en présence de diacres et précédée du chant du Nocturne ; le catafalque était placé au centre de l'église, la sépulture familiale était activée en allumant les lumières et des aumônes étaient données pour les prières. De même que le jour de l'enterrement, également à cette occasion les parents étaient remerciés par la maison mortuaire avec un repas ou une collation. Avec la célébration de l'anniversaire prend fin en général la période des offrandes sur la sépulture et à partir de ce jour le deuil gardé par les parents les plus directs pendant toute l'année devient moins rigoureux.
Dans les livres paroissiaux des décès et aussi dans les testaments, cette messe d'anniversaire est appelée « misa de cabo de año ».
La commémoration de l'anniversaire en présence des parents et des amis du défunt est une pratique qui reste courante. Dans la plupart des localités étudiées elle a lieu un dimanche, à l'occasion de l'une des messes qui sont célébrées dans la paroisse. Elle est habituellement annoncée par le curé le dimanche précédent et dans certaines paroisses un faire-part est apposé sur la porte de l'église.
Au cours de l'office religieux le nom du défunt est mentionné et les parents sont placés aux premiers rangs dans l'église, mais aucune prière ou rite à caractère funéraire n'est exécuté.
Il se peut que parfois dans la même messe coïncident les anniversaires de deux ou plusieurs défunts.
Offrandes de messes
Une marque de solidarité avec la famille du défunt consiste à remettre une certaine somme qui servira à payer des messes pour son âme. Ce geste est populairement appelé « sacar misas ».
Les remises d'argent pour les messes se font en réciprocité, de sorte qu'un réseau de correspondances se constitue entre les familles d'un voisinage ou d'un village.
Elle se produisait fréquemment dans la propre maison mortuaire au moment de la veillée funèbre, mais parfois l'argent était remis à une femme de la famille du défunt ou a une voisine liée à la maison mortuaire. Dans plusieurs endroits a été signalée la pratique d'installer pendant les obsèques, sous le porche de l'église, une table où s'effectuent les versements qui sont notés sur une liste avec le nom des donateurs. Cette liste ou, le cas échéant, celle que confectionnait la famille, était lue le dimanche suivant lors de la messe paroissiale ou apposée sur la porte de l'église.