XXII. ASSOCIATIONS AUTOUR DE LA MORT

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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La survenue d'une mort affecte principalement le cercle familial du défunt. Mais au-delà sa répercussion s'étend à des formations sociales plus larges comme le voisinage, le village, la paroisse.

Au fil de nos enquêtes de terrain, nous avons rencontré de multiples associations locales visant à prêter assistance au moribond et à la famille du défunt, ainsi qu'à organiser des prières pour son âme.

Ces associations reçoivent divers noms et chacune a ses propres caractéristiques. Parmi celles ici mentionnées, les plus anciennes remontent au XVIe siècle et sont appelées cofradías (confréries). Elles apparaissent toujours liées à une église, à un sanctuaire ou à une chapelle et elles sont formées par des groupes de fidèles autour d'un saint ou d'une invocation pieuse.

Il semblerait que les associations appelées hermandades (fraternités) soient postérieures, même si elles apparaissent aussi fréquemment liées au culte d'un saint. Par contre elles ne sont pas toujours rattachées à une église et leur rôle primordial consiste à offrir un secours mutuel dans un esprit de confraternité.

Caractéristiques générales des confréries religieuses

Les confréries religieuses ont été pendant des siècles des groupes formés à des fins pieuses qui ont exercé une forte influence sur la vie religieuse et sociale de nos villages. Dans leurs ordonnances et statuts figurent diverses clauses sur les obligations envers les membres moribonds et les défunts. L'accomplissement séculier de ces prescriptions a exercé un remarquable impact sur les coutumes funéraires et a contribué sans nul doute à la socialisation des rites autour de la mort.

Pour appartenir à une confrérie, il fallait verser une aumône d'entrée, dans certains cas en espèces, puis apporter chaque année la contribution demandée.

Dans les statuts de ces confréries, les comités de direction apparaissent hiérarchisés, selon la terminologie courante, avec sous la direction de l'abbé —ecclésiastique et laïc—, le prieur, le majordome, les députés, les contrôleurs, les « frères de cotisation et de cierge », etc.

La célébration de la fête du saint titulaire comporte plusieurs cérémonies religieuses et profanes, dont l'une des plus importantes est le repas de fraternité.

Dans toutes ces cérémonies, au-delà du versement de leur cotisation et de l'assistance aux cultes spécifiques, les membres ont diverses obligations envers les frères proches de la mort et décédés : veiller le moribond, assister au viatique et à l'enterrement, être présents lors des funérailles. Si le décédé est pauvre, la confrérie prend en charge les frais du cercueil et de l'enterrement et même parfois la tenue pour la mise au linceul. Les statuts de certaines confréries prévoient aussi la façon d'avertir du décès, la composition du cortège, les lumières à disposer sur le tumulus funéraire, les offrandes ou les prières à effectuer pour le défunt, etc.

Les principales confréries religieuses dans la zone que nous avons étudiée ont été celles de la Vera Cruz, de la Virgen del Santo Rosario (« Confrérie du Rosaire ») et des Ánimas del Purgatorio (« Confrérie des Âmes du Purgatoire »).

Fraternités et associations d'aide mutuelle à caractère funéraire

Dans de nombreuses localités de Vasconia ont été créées des associations de voisins ou municipales d'aide mutuelle. Parmi elles, celles qui prennent en charge les frais que doivent affronter les familles à cause d'un décès restent encore actives. Ces associations reçoivent divers noms ; dans certains villages de Bizkaia, elles sont appelées herriko ermandadeak.

À Lezama (B), cette fraternité est dirigée par une commission de cinq membres qui se réunit dans un petit local du presbytère où sont conservées ses archives pour percevoir les contributions et répondre aux demandes de consultation.

Lorsqu'un décès se produit, l'association se charge d'avertir les pompes funèbres, de porter le cercueil à la maison mortuaire, d'organiser la cérémonie religieuse et le transfert du corps, des sonneries de cloches, etc. Les frais sont réglés par l'association à laquelle appartiennent tous les habitants du village. Chaque famille ou maison de la commune verse une somme calculée à partir du nombre de décès se produisant pendant l'année.