III. SAINT-VIATIQUE ET EXTRÊME-ONCTION
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Rites chrétiens du trépas
Les moments qui précèdent la mort revêtent une importance singulière. Dans la culture traditionnelle, la mort est considérée comme le terme d’un mode de vie et le début d’un autre ; il s’agit donc d’un passage, d’un transit, et en tant que tel il est entouré de précautions particulières qui se traduisent par des pratiques et des rites qui doivent être scrupuleusement respectés[1].
Parmi les rites précédant le moment de la mort se détachent les sacrements de l’eucharistie et de l’Extrême-onction que prescrit, avec celui de pénitence, l’Église catholique pour tous les chrétiens qui se trouvent gravement malades.
L’eucharistie qui est donnée au moribond est appelée « Viatique », qui signifie originellement « aliment pour le chemin ». Sa réception fait allusion au chemin que doit parcourir celui qui va mourir pour parvenir à la vie qui est au-delà de la mort.
Dénominations
Quand les deux sacrements étaient donnés au malade en un seul acte, ils recevaient le nom de Últimos Sacramentos en espagnol et « Derniers Sacrements » en français.
En basque, le terme le plus commun pour les désigner était celui d’Elizakoak, Eleizakoak, qui est enregistré pratiquement dans toute la zone bascophone péninsulaire.
Au Pays basque continental, le terme de Sakramenduak ( Azken Sakramenduak, Erien Sakramendua ou Hilen Sakramendua) (Lekunberri-BN, Beskoitze, Sara-L, Urdiñarbe-Z) est plus répandu et par ailleurs nous avons recueilli la formule Ostia Saindua (Lekunberri-BN) comme métonymie de ce sacrement.
La réception des Derniers Sacrements
Une pratique très courante consistait en ce que le curé rende visite au malade quelques jours à l’avance pour le préparer à la réception de ces sacrements et entendre la confession de ses péchés. Lors de cette visite il choisissait avec le propre malade et sa famille le jour et l’heure du Viatique et de l’Onction. Normalement, les sacrements dits derniers étaient reçus par le malade quand il se trouvait encore en plein usage de ses facultés. Dans certains cas, c’était le propre malade qui demandait la présence du prêtre pour que ce dernier le réconcilie avec Dieu et lui apporte les secours spirituels.
Avis au curé et au médecin
Quand une personne se trouve gravement malade, le médecin est appelé pour soigner son mal, de même que le curé pour lui procurer ses secours spirituels.
La pratique de faire avertir le médecin et le prêtre par un messager est restée en vigueur tant que les chemins ruraux étaient bons pour les charrettes et que la voie la plus courte pour accéder à un noyau de population était les sentiers agilement dévalés par un bon marcheur. Dans la seconde moitié de ce siècle, les voies asphaltées bonnes pour les véhicules à moteur se sont multipliées et, à partir des années soixante-dix, l’usage du téléphone s’est généralisé.
Aménagement de la chambre du malade
Ainsi qu’il a été constaté dans tous les lieux étudiés, autrefois le Viatique était apporté en grande solennité. Le curé revêtu de ses atours se faisait accompagner par les acolytes ou le sacristain. Au moment de sortir de l’église la cloche sonnait pour annoncer le Viatique à toute la paroisse. Dans les villes et les villages à habitat concentré il se formait un cortège d’habitants qui, cierges en main, accompagnaient le saint-sacrement jusqu’à la maison du malade.
Par ailleurs, la maison était parée, et en particulier la chambre du malade où était disposé un petit autel. Dans les villages et les lieux à habitat dispersé, les habitants se rendaient chez le mourant même pour recevoir là, avec les cierges allumés, le prêtre qui apportait la sainte communion.
Le Viatique
La pratique d’apporter en grande solennité le Viatique aux malades a commencé à décliner dès le milieu du siècle, comme le relèvent les enquêtes d’Izurdiaga, Viana (N) et Izpura (BN). Dans la plupart des endroits, elle a perduré quelques années de plus jusqu’à ce que dans les années soixante-dix elle s’éteigne dans tout le territoire de Vasconia.
Toutefois, les faits liés à l’antique coutume ont laissé des traces dans le souvenir des informateurs. Les apports sur ce sujet qui ont été recueillis dans les lieux étudiés laissent entendre que l’administration du Viatique à un malade représentait autrefois tout un évènement dans la vie locale.
Dans les zones à habitat concentré, c’était « tout le village » qui participait à ce cortège.
Ces villages offrent un modèle de procession avec le Saint-viatique qui suit ce schéma : les habitants sont convoqués à l’église par la sonnerie des cloches. De là part la procession du Viatique ; les participants portent des cierges en main ; parfois les confréries locales avec leurs bannières y prennent part ; une fois chez le malade, le cortège reste dehors, tandis que le curé, la famille et les proches accèdent à la chambre du malade ; puis après l’administration du sacrement au malade, la procession revient à l’église.
Un autre modèle est décelable dans les villages et villes en habitat dispersé. Là, une importance particulière est accordée au rite de réception du Viatique dans la maison du malade. Le chef de famille, homme ou femme, cierge allumé en main, sort à la porte de la maison à la rencontre du curé qui arrive avec le saint-sacrement, Gure Jauna, et s’agenouille devant lui avant de le conduire dans la chambre du malade.
L’Extrême-onction
Quand l’Extrême-onction était administrée sans le Viatique, l’assistance était moindre et se limitait aux membres de la famille et à quelques voisines.
À Ezpeize-Ündüreiñe (Z) seuls étaient présents les membres de la famille et quelque voisin ; les enfants étaient éloignés de la chambre. À Azkaine (L), les assistants étaient surtout les femmes : femmes de la famille et voisines.
Autrefois, pendant l’administration de l’Extrême-onction, le fait de découvrir les pieds du malade pour que le prêtre puisse les oindre revêtait une solennité particulière. Un membre de la maisonnée, de préférence une femme, se chargeait de cette opération.
- ↑ José Miguel de BARANDIARAN. Estelas Funerarias del País Vasco. San Sebastián, 1970, p. 9.