XXI. LES MALADIES INFANTILES

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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La plupart des maladies décrites dans en ce chapitre peuvent quelquefois affecter les personnes âgées, mais elles sont plus communes chez les enfants. D’autres maux sont similaires à ceux des adultes, mais le traitement, le dosage des remèdes et d’autres aspects font que quand ils se présentent chez les enfants, ils reçoivent une considération spécifique et particulière. Les diverses maladies sont présentées regroupées selon le principe général appliqué dans cet ouvrage, c’est-à-dire en distinguant les maladies infectieuses, cutanées, digestives et respiratoires.

Les maladies infectieuses

Les maladies à caractère infectieux et contagieux peuvent occasionnellement toucher les personnes âgées, mais chez les enfants elles se manifestent de façon moins virulente. Il peut arriver que les informateurs confondent les unes et les autres. Ainsi, en ce qui concerne les maladies éruptives, à Orozko (B) les personnes âgées ne font pas de distinction ou ne se souviennent pas des différences entre la rougeole, la varicelle, la rubéole et la scarlatine ; à Bermeo (B), ils ne distinguent pas non plus la varicelle ou la rubéole de la rougeole et à Bedarona (B), en définissant par exemple la scarlatine, ils exposent les symptômes de la varicelle. De même, à Bermeo, en parlant de la scarlatine, un informateur mentionne les symptômes de la diphtérie, en disant qu'elle provoque en respirant un son qui rappelle celui du coq et qu'elle peut conduire, dans les cas extrêmes, à la mort du malade par asphyxie.

Actuellement sous l’influence des campagnes médicales et grâce au bénéfice apporté par les vaccinations, les risques de souffrir ces maladies ou de leurs conséquences ont fortement reculé.

Les maladies digestives

Le mal au ventre

À Busturia, Carranza et Durango (B), on donnait aux enfants des graines de fenouil (Foeniculum vulgare) pour le mal au ventre et pour qu’ils expulsent les gaz. On ramassait les graines et on les donnait à l'enfant après les avoir bouillies. À Bedarona (B), on leur donnait de l’eau d’anis. Ils faisaient de même à Amézaga de Zuya, Mendiola, Moreda (A) et Bidegoian (G), mais ils achetaient à la pharmacie des boulettes d’anis qu’ils faisaient cuire dans de l’eau pour que l’enfant la boive avec le biberon.

À Carranza, les mauves cueillies le jour de la Saint-Jean avant le lever du soleil et mises à sécher servaient, “préparées comme la camomille”, à calmer les maux de ventre des petits enfants. On raconte que quand les bébés pleuraient beaucoup, et si leur pleur était dû à une douleur abdominale, on faisait frire des boutons de camomille dans de l’huile d’olive pour leur en frotter le ventre. À Bedarona, on leur donnait une infusion de camomille, et s’ils avaient très mal à l’estomac et se tordaient de douleur, on leur massait le ventre, parfois uniquement avec les mains et à d’autres occasions avec les cendres obtenues en brûlant la branche de laurier bénie le jour des Rameaux. À Durango, on leur faisait boire une infusion de camomille et d’anis.

À Zerain (G), quand les enfants avaient mal au ventre, on faisait cuire une grosse galette de maïs qu’on leur posait, bien chaude, sur l’abdomen. À Bidegoian (G), on faisait chauffer les rafles de maïs pour les appliquer chaudes sur l’estomac.

En Améscoa (N), quand les enfants ne digéraient pas bien, autrefois, on leur mettait sur l’estomac une plaquette de chocolat, ramollie à la chaleur, tenue par un bandage.

L’enfant qui ne parvenait pas à digérer recevait aussi une dose d’huile de ricin pour qu’il évacue (Ribera Alta-A).

La constipation

À Amézaga de Zuya, Bernedo, Mendiola, Vitoria (A), Muskiz (B), Astigarraga (G), Aoiz, Obanos et la zone de Tudela (N), on plongeait une tête d’allumette (à Orozko-B, la tige) dans l’huile ou le savon et on l’introduisait dans l’anus, où on la laissait jusqu’à ce qu’ait lieu la déposition (Bernedo). À Mendiola, ils signalent que parfois, au lieu d’une allumette on utilisait de petits cierges fins bénis le 2 février, à la Chandeleur. Ce remède a été remplacé par l’application de suppositoires de glycérine aux bébés constipés.

À Carranza (B) et Allo[1] (N), on mettait des calas aux enfants, c’est-à-dire des allumettes ou de petites morceaux de savon découpés en longueur, qui étaient introduits par voie rectale ; à Tiebas (N), on confectionnait des sortes de suppositoires avec le savon fabriqué à la maison, puis plus tard avec du savon Chimbo (sorte de savon de Marseille) et, à Orozko, on réchauffait le savon avec les mains pour lui donner une forme de mèche.

Les maladies respiratoires

Quelques-uns des remèdes appliqués aux maux respiratoires des enfants sont semblables à ceux utilisés pour les adultes, mais avec la précaution et la dose qu’imposent leur âge et leur condition.

À Arraioz (N) un mode de remédier le catarrhe des enfants consistait à les baigner complètement nus dans l’eau froide ; à Sangüesa (N), on leur donnait un sirop, appelé pan de pájaro (pain d’oiseau), élaboré avec le fruit des mauves ; à Moreda (A), on recourrait aux cataplasmes d’huile de lin et à Amézaga de Zuya (A) aux cataplasmes de poivre et de miel pour les bronchites infantiles.

À Elosua (G), pour le catarrhe de poitrine des enfants, on leur frottait la poitrine et la plante des pieds avec du cognac, puis on et plaçait du papier strass où avait été étendu une pâte de chocolat et de suif, recouverte d’ouate, on leur mettait une chemise chaude et on les couchait.

À Carranza (B), contre la toux, pour que les enfants ne prennent pas trop d’alcool, on versait le cognac dans un récipient, on le flambait et on le laissait brûler un moment “pour que le plus gros de l’alcool brûle” et on ajoutait à ce qui restait du lait et du miel. À Ataun (G), pour la toux des enfants, ils disent que l’infusion d’origan est bonne.

La coutume générale veut qu’on suspende des pieds les petits enfants et qu’on leur frappe le dos s’ils se retrouvent sans respiration ou pour qu’ils éructent.


  1. Ricardo ROS GALBETE. "Apuntes etnográficos y folklóricos de Allo (II)" in Cuadernos de Etnología y Etnografía de Navarra. Tome IX. Pamplona : 1976, p. 458.