XIV. LE FOIE, LES REINS ET AUTRES VISCÈRES

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Ce chapitre traite principalement des maux hépatiques et rénaux, de la jaunisse, des maladies vésiculaires et de la rate, de même que des remèdes populaires qui ont été utilisés pour les combattre. Selon le principe général qui guide cet ouvrage, le corps humain est étudié à partir de la conception qu'en avaient les gens et c'est pourquoi les maladies cardiaques sont abordées dans ce chapitre puisqu'il s'agit d'un organe interne. Dans la dernière partie, quelques informations sont apportées sur l'hydropisie et le cancer, mais peu abondantes en raison des faibles connaissances qui existaient sur ces maladies, ainsi que des remèdes populaires appliqués.

Les maladies du foie, gibelekoa

Parmi les causes les plus citées, dans les localités étudiées, des maladies du foie se trouvent l’abus d’alcool, la mauvaise alimentation et une consommation excessive d'œufs.

La jaunisse, minoria, laruena

Causes de la jaunisse

Il est courant de considérer que la jaunisse est en lien avec une maladie hépatique ou un mauvais fonctionnement du foie. À Pipaón et à Obanos (N), ils mettent aussi en cause la vésicule ou la versícula, comme ils appellent populairement cette glande à Obanos ; à Mendiola (A), ils assurent que son apparition est due à des affections ou des problèmes hépatiques comme la cirrhose ou l’hépatite ; à Apodaca (A), on croit qu’elle a à voir avec la bile et à Arrasate (G) il a été recueilli qu’il s’agit de bile dans le sang.

À Berganzo (A), ils disaient que la jaunisse se produit parce que le sang s’accumule dans la gorge, étouffant le malade, et qu’elle peut le conduire à la mort. À Amorebieta-Etxano (B), certains informateurs disent que ceux qui ont le sang propre n’ont pas de maladies du foie et à Telleriarte (G), ils assurent que comme il s’agit d’un mal du sang, il faut le nettoyer le plus vite possible.

À Moreda (A), la maladie ou sa contagion est attribuée depuis longtemps aux mauvaises conditions de l’eau. La contamination provient du contact de l’eau et des fèces. Mais aussi de la consommation de légumes crus qui sont contaminés et qui n’ont été lavés ou désinfectés avec un petit trait d’eau de Javel. À Gorozika (B), on considère que c'est une maladie contagieuse et à Astigarraga (G) on l'attribue aux vers.

Les maladies de la vésicule, behazunekoa

Causes des maladies vésiculaires

Dans certaines localités il a été signalé que dans la mentalité populaire on ne distingue pas les maux hépatiques des maladies vésiculaires. Ce que les enquêtes ont consigné comme étant le mal le plus commun de la vésicule est l'existence de pierres dans cette glande, dont les coliques, qui sont douloureuses, sont la manifestation. C'est ce qui a été constaté à Mendiola, Moreda (A); Durango (B); Telleriarte (G); Goizueta, Lekunberri, Murchante, San Martín de Unx et Viana (N); à Obanos (N) ont dit que le mal est dû à une vésicule sale, avec des pierres. À Goizueta, il a été recueilli que ses symptômes sont les mauvaises digestions et les vomissements. À Murchante, on le considère comme une maladie récente qui avant n'existait pas.

À Telleriarte, on dit que les pierres dans la vésicule se forment à la suite d'une consommation abusive de légumes et à Viana que le chou, les oranges, les fraises et le melon sont nocifs. À Mendiola et à Moreda, ils signalent qu'aujourd'hui on sait qu'un facteur important est un haut niveau de cholestérol et dans ce dernier village ils mettent aussi en avant le rôle de l'âge ; à Valdegovía (A) et à Orozko (B), il a été noté qu'il peut être provoqué par les graisses et à Valdegovía également par l'abus de chocolat. À Beasain (G), les maux ordinaires de la vésicule étaient attribués au froid. À Oñati (G), les gens croyaient que les maux de vésicule étaient plus communs chez les femmes.

Les maladies des reins, giltzurrunetakoa

Maux et désignations

De façon générale, il a été recueilli que les maux les plus communs sont les coliques néphrétiques, les cystites, l’inflammation de la prostate et les incontinences urinaires des personnes âgées. Avec elles, on mentionne aussi avoir du sucre dans les urines (Agurain-A, Berastegi-G), du sang dans les urines (pixagorri à Donibane-Lohitzune-L), uriner peu et l’albumine.

Un mal très fréquent est l’infection de la vessie appelée cystite qui se caractérise par une envie fréquente d’uriner et des difficultés pour le faire, à côté d’autres symptômes comme des irritations, les urines troubles et parfois mélangées de sang (Mendiola-A); elle provoque en outre des gênes et des douleurs au ventre (Carranza-B).

Les coliques néphrétiques sont ce qui provoque l'expulsion dans l’urine de très petites concrétions, de calculs, voire de sang. Les douleurs de côté ont été parfois associées au fait d'avoir des pierres dans les reins ou à leur mauvais fonctionnement (Muskiz-B ; Astigarraga, Elgoibar, Hondarribia-G ; Arraioz, Murchante-N); ainsi qu'à une maladie hépatique (Muskiz), de la vésicule (Bidegoian-G) ou à une maladie liée aux glandes (Amézaga de Zuya-A).

Les maladies de coeur, bihotzekoa

Antan, les maladies de cœur étaient à peine connues dans la médecine populaire et donc leurs remèdes non plus. Parfois c'était après qu'une personne ait eu une attaque qu'on disait qu'elle souffrait du cœur (Lekunberri-N), ou on ne savait pas à quoi répondaient certaines fatigues qui ensuite étaient mises en rapport avec des problèmes cardiaques (Moreda-A).

Le cancer, minbizia

Dans les localités étudiées, une information commune est que jusque dans les années quarante ou cinquante c'était une maladie inconnue au niveau populaire ou qu'on savait peu de choses sur le cancer comme maladie, même en en souffrant. Quelques informateurs signalent que certaines morts se produisaient sans qu'on en connaisse la cause, très probablement dues au cancer. Dans certains villages ils disent que seuls les malades condamnés ou ceux chez qui la maladie est très avancée ont recours aux remèdes de la médecine populaire et aux guérisseurs pour le cancer.