IX. INFECTIONS ET MALADIES CONTAGIEUSES DE LA PEAU

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Infections de la peau

Engelures, ospelak

Dénominations

Les engelures sont une tuméfaction, plus ou moins circonscrite, de la peau des mains, des pieds, des oreilles et du nez causée par le froid. Une information qui se répète dans les enquêtes est l'association des engelures avec le froid et les changements brusques de température, ainsi qu’avec le fait qu'elles sont gênantes car “elles piquent beaucoup”.

Sabañón (engelure) est le nom commun général qui est donné en espagnol à cette affection cutanée. Le mot sabayón a aussi été enregistré (Lezaun, Obanos-N). En basque, deux dénominations se répètent dans nos enquêtes: ospela / mospela (Olaeta-A; Abadiano, Durango, Orozko, Zeanuri-B; Astigarraga, Ataun, Beasain, Berastegi, Bidegoian, Elgoibar, Elosua, Hondarribia, Oñati, Telleriarte, Zerain-G; Arraioz, Bozate, Eugi, Goizueta, Lekunberri-N) et azkordina (Abadiano, Amorebieta-Etxano, Bedarona, Bermeo, Dima, Durango, Gorozika, Lekeitio, Lemoiz, Muxika, Nabarniz-B). À Arrasate (G), ils appellent ospela l'engelure au pied et azkordina celle des mains. D'autres termes relevés sont ceux de ziarra (Ataun-G), aundiubak (Izurdiaga-N), mandoa (Sara-L), odol gaiztoa (Donibane-Lohitzune, Sara-L), anjelura (du fr. engelures) (Donoztiri, Heleta, Uharte-Hiri-BN; Donibane-Lohitzune-L) et iñherdua (Liginaga-Z).

Causes

Le froid, la mauvaise circulation sanguine et une alimentation déficiente sont quelques-unes des causes les plus répandues auxquelles les informateurs attribuent la formation des engelures, qui disparaissaient avec l'arrivée du beau temps. Dans certain cas, il a été noté que les engelures étaient considérées comme un signe d'excellente santé (Izurdiaga-N). Aujourd'hui, ce mal est quasiment inexistant.

À Amézaga de Zuya (A), il a été recueilli que les engelures se forment quand la peau est contrainte de supporter d'intenses et forts contrastes de température. Ainsi, autrefois, les hommes en avaient quand ils travaillaient à l’extérieur pendant les dures journées d'hiver et les femmes en lavant le linge dans l'eau glacée des rivières et des fontaines. De même, à Abadiano (B), on signale que les jours propices à la formation d'engelures étaient ceux où on effectuait certaines tâches agricoles hivernales, comme ramasser les navets. Dans la vallée d'Erro (N), on signale que les engelures apparaissaient en hiver si on restait longtemps à l'air libre. Les bergers étaient habituellement les plus touchés et l'un d'eux se souvient qu'ils avaient généralement des engelures jusqu'aux oreilles.

Furoncles, zaldarrak

Causes et dénominations

L'idée relativement générale est que les furoncles apparaissent chez les adolescents et les jeunes. Au XVIIe siècle, Oihenart a recueilli un dicton qui coïncide avec l’information relevée par nos enquêtes: “Ezta zaharra duena zaldarra” (qui a un furoncle n'est pas vieux).

À Bidegoian (G), on signale que les furoncles étaient plus fréquents chez les hommes et chez ceux qui ont un sang fort. À Berastegi (G), on les considère comme un signe de virilité et de force physique et sexuelle. À Moreda (A), ils disent qu'ils apparaissent chez les jeunes robustes, en âge de se développer, parce qu'ils “no purgaban y les daba guerra la sangre” (ils ne se purgent pas et le sang leur donne du fil à retordre). On assurait que chez les filles ils disparaissaient tout seuls quand elles arrivaient à l'âge adulte.

Furoncle à l'aisselle, txoriak

Le furoncle ou pustule qui se forme à l'aisselle est appelé golondrino (Mendiola, Moreda-A; Obanos, Viana-N). Il a aussi été décrit comme une grosseur ou un bouton sans tête qui apparaît à l'aisselle et à l'aine, de la taille d'une noix environ et parfois même d'un œuf (vallée de Carranza-B). Pour le désigner, les termes recueillis en basque sont xoriak (Sara-L), kurintxoak et azikontxoak (Berastegi-G), mot qui dans ce dernier cas s'utilise aussi pour parler des ganglions et de l'apophyse du genou. À Carranza (B), un remède connu pour guérir ces abcès consistait à chauffer dans une casserole de la poix accompagnée de sucre, d'huile, d'oignon haché, de miel, d'un blanc d'œuf et de vin; pendant que cette mixture refroidissait, on y rajoutait du vin et de l'huile jusqu'à ce qu'elle s'épaississe. Le cataplasme était mis dans un linge et le tout était placé sur l'abcès. Un autre procédé consistait à appliquer une pommade à base d'huile, de lierre et de cire vierge.

Maladies contagieuses de la peau

Gale, hatza

Antan, et à l'époque actuelle, il était fréquent que les gens ne fassent pas de différences entre les maladies de la peau et mélangent les diagnostics et les remèdes, et naturellement les noms entre gale, eczéma et teigne. À titre d'exemple, une des façons de dénommer la teigne en basque est ezkabia, un terme provenant du latin scabies qui signifie gale. La confusion de noms, selon Barriola, doit être attribuée au manque de distinction chez les gens entre des processus similaires[1]. Nos enquêtes qui reflètent les réponses données par les informateurs n'échappent pas non plus à ces considérations.

Causes et dénominations

À Zerain (G), on pense que la gale est due à une infection du sang, odola zikin, et que pour qu'elle apparaisse pleinement il est bon de boire chaud, du vin ou du café. Les gens se rappellent qu'elle démangeait beaucoup et était très désagréable. À Elosua (G), on la reconnaissait parce que tout le corps et les interstices des doigts se couvraient de boutons. À Orozko (B), ils assurent qu'elle produit des démangeaisons insupportables et que l'une des zones les plus sensibles est l'interstice des doigts, opinion qui a aussi été recueillie à Abadiano (B) et à Bernedo (A).

Teigne, ezkabia

Causes

À Mendiola (A), il a été recueilli que la teigne se caractérise par des taches squameuses de couleur rosée qui causent de grandes démangeaisons. À Allo et à Tiebas (N), ils signalent qu'elle produit de petites calvities ou cercles dénudés sur la tête. À Agurain (A), elle est connue sous le nom de gasepia une maladie que se manifeste par la chute des cheveux et dont le remède consiste à raser les cercles qui se forment dans la chevelure. À Abadiño (B), on constate la chute des cheveux ou de la barbe en cercles en raison d'un parasite. À Izal (N) a été relevée une maladie appelée basasos qui se manifeste par la chute des cheveux ; dans ce village, on croyait que la teigne était transmise par les brebis. À Ainhoa (L), comme l'a recueilli Azkue au début du XXe siècle, on disait qu'il ne fallait pas toucher le roitelet, erregexupita, parce qu'il causait la teigne, azteria[2].


  1. Ignacio Mª BARRIOLA. La medicina popular en el País Vasco. San Sebastián: 1952, p. 38.
  2. Resurrección Mª de AZKUE. Euskalerriaren Yakintza. Madrid : 1935, p. 113.