II. SYMPTÔMES ET REMÈDES GÉNÉRAUX

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Ce chapitre traite de l'un des symptômes les plus communs à de nombreuses maladies et maux, à savoir la fièvre, et des moyens utilisés autrefois pour la combattre. En même temps, nous exposons les données recueillies dans les localités étudiées en ce qui concerne des types de fièvre autres que la fièvre ordinaire, et les remèdes utilisés à leur encontre. De plus, nous décrivons les systèmes employés pour activer la transpiration, qui a toujours revêtu une énorme importance dans le savoir populaire. Par ailleurs, une section est consacrée aux méthodes, aux procédés et aux éléments avec lesquels sont utilisées les frictions, ainsi que les maladies les plus communes auxquelles elles sont applicables.

La fièvre ou température, sukarra

L'information recueillie attribue majoritairement la fièvre à un processus infectieux du corps humain. À Moreda, Valdegovía (A); Tiebas, Sangüesa et Viana (N), ils disent que la fièvre arrive quand il y a quelque chose de mauvais dans le corps et celui-ci ne fonctionne pas correctement. La même réponse est donnée dans les enquêtes d'Abadiano, Amorebieta-Etxano, Durango (B), Astigarraga et Beasain (G), où ils signalent que la fièvre, sukarra, indique les vicissitudes du corps et signale une anomalie, premier symptôme de certaines maladies ou indice que quelque chose dans l'organisme ne marche pas bien.

Dénominations

En basque, il existe différents mots pour désigner tant la fièvre que les différents types de celle-ci. Dans nos enquêtes, nous avons recueilli comme dénominations courantes celles de sukarra pour le Gipuzkoa, la Navarre et Iparralde et kalentura pour la Biscaye et les zones d'Alava et du Gipuzkoa à dialecte biscayen.

Maladies affectées par la fièvre

La fièvre, sukarra, populairement appelée calentura, kalentura également en basque, s'évaluait autrefois en plaçant la paume de la main ou la joue sur le front. Ensuite, la température corporelle a commencé à être relevée au thermomètre, à placer sous l'aisselle, mais comme toutes les maisons n'en disposaient pas, comme c'était le cas avec d'autres objets, on demandait au voisin qui en avait un de le prêter. Aujourd'hui, il est présent dans toutes les maisons.

Remèdes contre fièvres grippales ou ordinaires

Autrefois, et parfois encore aujourd'hui, il était commun de mettre en marche tous les mécanismes nécessaires pour activer la transpiration, de type inhalations, vapeurs et application d'emplâtres pour abaisser la fièvre du malade. Dans certaines localités, le corps était frictionné avec de l'alcool, du vinaigre, des orties, etc., ou des infusions de différentes plantes étaient bues. Il était aussi courant de rester au lit pour essayer de suer, en chauffant le corps à l'aide de couvertures et de bouillottes, de rester bien couvert, de boire du lait chaud et, quand le malade “rompía a sudar” (commençait à suer), de changer périodiquement son linge pour qu'il ne reste pas mouillé.

Remèdes contre les fièvres de Malte et les fièvres typhoïdes

Pour cette section, nous avons pris comme exemple l'information de Bedarona (B). Quand un membre de la famille tombait malade de fièvre typhoïde, on faisait attention de ne pas contaminer les voisins ; son linge ne pouvait pas être lavé dans la rivière et ses déjections devaient être enterrées et couvertes de chaux. Si le malade se rétablissait, tout son linge, meubles, biens, etc., étaient transportés à l'estufa qui existait au chef-lieu, Ea. Il s'agit d'une salle à vapeurs sulfureuses, un lieu de désinfection qui se trouvait à environ 200 m du village. La guérisseuse de la localité voisine d'Ispaster se rendait de nuit au domicile des malades du typhus, si les parents sollicitaient ses services.

Transpiration

Nombre d'indispositions exigent de la transpiration ou s'améliorent en activant celle-ci. Dans les chapitres correspondants, nous allons la décrire comme l’un de plus des remèdes appliqués au malade. Ici, une mention générale est faite sur son utilité et sur l'ampleur des applications qu'elle a pour les maladies, selon ce qu'indiquent nos enquêtes, et les raisons avec lesquelles les informateurs défendent cette considération. Aux méthodes répertoriées dans cette section, il faut ajouter les vapeurs et les inhalations, les bains de vapeur et les remèdes pharmaceutiques employés de nos jours pour faire suer.

Maladies dans lesquelles on a recours à la transpiration

Pour cette section, nous avons pris comme exemple l'information de Ribera Alta (A). Dans cette localité, ils disent qu'autrefois, quand on avait la fièvre et on s’alitait, les vertus curatives attribuées à la transpiration et à la chaleur étaient telles que le malade ne buvait pas une seule goutte d'eau tant qu'il avait de la fièvre ; si la soif devenait insupportable, le maximum était d'humecter les lèvres du malade avec un peu d'eau.

Moyens pour activer la transpiration

Dans la plupart des localités étudiées, ils signalent que souvent les remèdes n'étaient pas appliqués isolément mais s'ajoutaient les uns aux autres. Ainsi par exemple, pour activer la sudation, on pouvait successivement se faire frictionner ou prendre un bain, inhaler des vapeurs d'eucalyptus, boire du lait chaud avec du miel ou une liqueur, et se coucher sous un monceau de couvertures dans un lit réchauffé par une bouillotte ou une bassinoire.

Frictions, igurzketak

Les frictions sont des massages appliqués sur la zone souffrante qui en a besoin. La zone touchée est frottée avec les mains qui exercent une pression plus ou moins importante selon le cas. Le mouvement réalisé peut être vers de l'avant vers l'arrière, ou rotatif. Il est effectué avec les mains enduites du liquide ou de l'onguent requis. Parfois aussi, la friction est donnée avec un linge, une brosse ou des plantes.

Maladies contre lesquelles sont utilisées les frictions

Dans la plupart des localités, l'expression populaire est “dar friegas” (frictionner) ; à Nabarniz (B) une expression équivalente en basque a été recueillie, à savoir bañoa emon ; les frictions se pratiquent pour que la personne qui les reçoit, ou une partie de son corps, “entre en chaleur”, pour faciliter la sudation et activer la circulation sanguine.

Ci-après nous avons regroupé les cas ou les maladies pour lesquels les enquêtes ont signalé une forte part de frictions pour soulager le mal : douleurs articulaires, du dos, rhumatisme, lumbago, torticolis ; rhumes, refroidissements, grippe, fièvre ; coups, gonflements, luxations, crampes d'estomac et contractures musculaires.