X. MARQUES DE LA PEAU. CHEVEUX ET ONGLES

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Marques de la peau

Verrues, garatxoak

La verrue est une grosseur cutanée bénigne. Il en existe plusieurs types. Les plus fréquentes sont celles appelées “verrues communes”, d'origine virale, à localisation variée, même si les plus fréquentes apparaissent sur les mains. Elles se caractérisent par l'existence d'une masse bien délimitée, proéminente, partiellement enchâssée dans la peau et douloureuse à la pression. À Muskiz (B), il a été recueilli que les informateurs distinguent trois sortes de verrues: les unes dures, d'autres qui pendent comme une peau et les troisièmes qui sont confondues avec les grains de beauté et ont des poils. À Bedarona (B), ils en mentionnent deux types : celles allongées qui sont des morceaux de peau qui pendent et celles qui sont planes et rondes. À Sangüesa (N), certains croient qu'il existe des verrues mâles et femelles, et quand il y en a plusieurs ensembles, en enlevant la femelle, les autres meurent ou se sèchent. À Moreda (A), ils notent que quand il fait chaud elles démangent plus et qu'elles sont plaisantes sur le visage de certaines personnes.

Taches et grains de beauté

Dénominations

Selon ce qu'ont recueilli les enquêtes, il est relativement courant de ne pas faire de distinction entre les taches de la peau (pecas) et les grains de beauté, bien que dans certains endroits on appelle pecas les petites taches et grains de beauté les grandes. On appelle même parfois pecas les taches blanches des ongles. On distingue aussi les taches qu'ont certaines personnes à la naissance, par hérédité ou en raison de leur peau très blanche de celles que peut avoir tout le monde à cause d'une exposition au soleil ou d'autres raisons. Dans certains villages (Allo, Goizueta-N), ils signalent qu'elles n'ont pas la considération populaire de maladie, surtout s'il s'agit de petites taches; par contre, si elles sont grandes, l'avis est différent.

Croyances

R. M. de Azkue a recueilli dans les années trente du XXe siècle plusieurs dictons et croyances sur les grains de beauté. Ainsi, dans certaines localités de Bizkaia, du Gipuzkoa et de Navarre, on disait de la personne dépourvue de grains de beauté, orainak, qu’elle était une sorcière et à Lekeitio (B) un dicton voulait que “oraiña daukana ezta sorgiña” (celle qui a des grains de beauté n'est pas sorcière). À Donibane-Garazi (BN), on disait que si le grain de beauté, sor-señalea, se trouvait à un endroit que l'on ne voit pas, son porteur s'enrichirait et à Barkoxe (Z) que s’il était sur le côté droit, c'était bon signe, mais mauvais s'il était sur le côté gauche[1].

On disait aux enfants que pour chaque mensonge qu'ils disaient des taches allaient leur apparaître sur les ongles (Apodaca-A); pour les enlever, selon un informateur de ce village, il fallait porter sur soi autant de petits cailloux ronds que de taches présentes sur les ongles et, au bout de trois jours, les ranger.

Cheveux et ongles

Calvitie, burusoila

Croyances et dénominations

L'idée selon laquelle, une fois qu'apparaît la calvitie, elle ne peut pas être stoppée est générale, même si les enquêtes relèvent des remèdes pour retarder ou empêcher son évolution rapide. Comme ils disent à Goizueta (N), “soila, soila geratzen da betiko” (celui qui est chauve, c'est pour la vie). De nombreux informateurs ont répondu sur un ton moqueur que se couvrir la tête avec un béret, un chapeau ou une perruque est la seule solution à la calvitie et à Moreda (A) on dit que les chauves ont moins froid à la tête que ceux qui ont une chevelure abondante. À Beasain (G) et à Tiebas (N), il a été recueilli ironiquement que si on pouvait faire repousser les cheveux “les riches ne seraient pas chauves”. Il a également été constaté que les cas de calvitie masculine sont plus fréquents que ceux de calvitie féminine et dans certains villages on note que jadis il y avait moins de chauves que de nos jours.

Les ongles, azazkalak

Azkue a recueilli pour les ongles les noms suivants en basque : atzazalak (B), azkazalak (G), azazkalak (BN) et azüzkülüak (Z). En Baztan (N) et à Oiartzun (G), selon ce qu'a constaté ce même auteur au début du XXe siècle, on croyait qu'Adam et Ève, avant le péché originel, portaient pour tout vêtement un ensemble fait d'ongles, azkazalak. Après leur péché et pour rappeler leur état antérieur, ils auraient porté ces écailles sur les doigts, eriak, les ongles étant ainsi les vestiges de leur habillement originel. Cette même croyance a été consignée dans notre enquête actuelle de Carranza (B), où il a été recueilli qu'avant le péché d'Ève et d’Adam au sujet de la pomme, au lieu de vêtements ils avaient tout le corps couvert de la même matière que les ongles. Comme ils ont péché, Dieu les a punis et les a dénudés, en ne leur laissant que les ongles au bout des doigts en rappel, pour que nous sachions comment était notre premier vêtement.

Transpiration des pieds

Dans les localités étudiées, on signale que la transpiration en général est bonne, comme l'atteste le dicton recueilli à Zerain (G) “izardia osasuna beti” (suer est signe de santé). Plus précisément, les informateurs mentionnent comme bénéfique la transpiration des pieds parce qu'elle élimine les toxines du corps. On pense que “no trae cosa buena” (qu’il n’est pas bon) empêcher la transpiration des pieds (Murchante-N). La préoccupation apparaît quand la sueur est excessive et surtout quand elle sent mauvais.

Causes

À Eugi (N), ils disent que le fait pour une personne de suer en quantité ou peu est affaire de naissance et que suer, izerdi egitea, est bon pour nettoyer le sang. Le problème se produit quand l'excès de transpiration dégage une mauvaise odeur, urrin gaiztoa. La même considération a été relevée à Nabarniz (B), où ils indiquent qu'il est sain de transpirer, mais que le problème se pose avec la puanteur, atsitasuna. À Telleriarte (G), ils pensent le fait d'être une personne qui tend à suer, izarbera, est quelque chose qui a à voir avec le sang; certains transpirent beaucoup, izarkorrak, et pour d'autres c'est le contraire. À Orozko (B), ils signalent que si le fait de beaucoup transpirer peut être dû à un travail excessif, il peut aussi s'expliquer par la faiblesse.


  1. Resurrección Mª de AZKUE. Euskalerriaren Yakintza. Madrid: 1935, p. 82.