XVIII. MORSURES ET PIQÛRES, HOZKA

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Les morsures de chien, txakur-haginkada

La principale crainte liée aux morsures de chien a été de contracter la rage. Cette maladie était autrefois un grand motif de préoccupation, car la présence d'animaux porteurs de la rage était plus habituelle, il n'existait pas de vaccin contre l'hydrophobie et les victimes mourraient irrémédiablement sans qu'on puisse rien faire pour éviter leur fin.

Traitement de la blessure

Habituellement, la première opération consistait et consiste à bien laver la blessure.

À Apodaca (A), si la morsure était profonde, on la faisait bien saigner. Ce remède a été utilisé avec une certaine fréquence chaque fois qu'il se produisait une blessure ou une piqûre profonde, pour la désinfecter et éviter une infection.

Quant à l'application de liquides très chauds afin de désinfecter la blessure, à Amézaga de Zuya (A) ils considèrent fondamental de la laver avec de l'eau bouillie ou de l'huile très chaude. Ils appliquent ensuite du cérat. Comme désinfectant ils utilisent aussi de l'eau oxygénée.

À Zerain (G), après le lavage à l'eau chaude, ils appliquaient un cataplasme de feuilles de mouron des champs et de miel qui se mélangeaient en les chauffant. Dans ce même village, ils considéraient que le mieux pour nettoyer les morsures de chien était de préparer une mixture à parts égales d'huile et de vin, que l'on chauffait et que l'on appliquait très chaude pour brûler la blessure, à la température que pouvait supporter la victime sans dommage. Ensuite, elle recevait un cataplasme à base d'huile et de vin dans la même quantité, de trois plantes, à savoir Anagallis arvensis à fleur blanche et à fleur rouge et Glehoma hederacea, outre un peu de cire vierge. Le tout était mélangé et appliqué sur la lésion. Il fallait le changer tous les jours.

À Arraioz (N), on chauffait de l'huile avec de l'ail et quand elle était bien chaude on l'appliquait sur la blessure. À Lekunberri (N), on désinfectait aussi la zone mordue avec de l'huile et de l'ail frit.

Les morsures de serpent, sugeak pikatu

Les morsures causées par certains de ces reptiles étaient considérées très vénéneuses, surtout celles de vipères. Ainsi, dans la Vallée d'Erro (N) on dit : “Si te pica la víbora, no vivirás une hora” (Si la vipère te pique tu ne vivras pas une heure).

À Bedarona (B), si une vipère mordait quelqu'un et s'échappait, le lendemain on revenait là où l'évènement s'était produit pour pouvoir la tuer car on disait de cet animal qu'il revient toujours au même endroit.

À Carranza (B), on pense que les serpents pican (piquent) au lieu de mordre et qu'ils le font avec le réspere, terme utilisé pour désigner leur langue bifide.

Les agressions d'autres animaux

À Carranza (B), le crapaud est un autre de ces animaux considérés vénéneux, au point que certains assurent qu'une bonne part du venin des serpents provient de la consommation de crapauds dont ils sont supposés se nourrir. On dit que si on touche un crapaud ou s'il projette quelques gouttes en le tuant, des cloques ou des blessures se forment sur la peau, appelées sapinas qui sont très douloureuses et difficiles à guérir.

À Orozko (B), ils disaient qu'il ne fallait pas s'approcher des crapauds car ils lâchent un liquide par des espèces de verrues qu'ils ont sur le dos et qui, au contact de la peau humaine, provoque des boutons. Chez les enfants il existait la croyance que les crapauds pissaient si on les dérangeait, en visant les yeux, ce qui pouvait laisser la personne aveugle. Pour leur jeter des pierres il fallait donc se tenir à une certaine distance d'eux.

À Astigarraga (G), avant de ramasser le foin, on avertissait les enfants que le lézard, fréquent dans l'herbe du pré, sautait au cou des personnes et ne les lâchait plus jusqu'à ce que sonnent les cloches de sept églises.

À Bermeo (B), on connaît cinq espèces de poissons dont les épines sont considérées vénéneuses. Il s'agit de la rascasse (Scorpaena scrofa), de la grande vive (Trachinus draco), du poisson torpille (Torpedo marmorata), du kabra gorria (sébaste-chèvre, Helicolenus dactylopterus) et de celui appelé pataria. Si, une fois ces animaux dans l'embarcation, on se piquait avec leurs épines, surtout celles de la rascasse, elles produisaient de fortes douleurs. Pour les combattre, jusqu'à l'introduction de l'ammoniaque, on frappait avec un bâton le doigt ou l'endroit où s'était logée l'épine afin d'expulser la plus grande quantité possible de sang et avec lui le venin, voire la propre épine. Le traitement était complété en buvant de l'eau de mer pour calmer les douleurs. Quand en haute mer on se piquait avec une épine quelconque, vénéneuse ou non, on faisait saigner la blessure et parfois aussi on mettait le membre touché dans de l'eau avec un peu d'eau de Javel.

Les piqûres d'insectes. Eztena sartu

Abeilles et guêpes

Les deux insectes responsables du plus grand nombre de piqûres étaient l'abeille et la guêpe (Liginaga-Z). L'abeille laisse son aiguillon fiché dans la peau et il est donc habituel de le retirer d'abord avant d'appliquer un remède pour calmer la douleur et l'inflammation.

Une information courante est qu'il fallait frotter la zone où s'était produite la piqûre avec trois herbes différentes.

L'ail, si utilisé dans la pharmacopée populaire, était aussi appliqué dans le cas de piqûres d'abeille. À Elosua (G), ils se frottaient avec une gousse d'ail pour calmer la douleur. À Abadiano, Amorebieta-Etxano, Gautegiz-Arteaga (B), Arrasate, Telleriarte (G), Arraioz et Eugi (N), il était également considéré efficace de les frotter avec de l'ail. À Beasain (G), certains disent qu'il est bon de hacher une gousse d'ail pour bien en frotter la piqûre. À Busturia (B), on appliquait de l'ail et du vinaigre. À Nabarniz (B), de l'oignon ou de l'ail.

Dans certains villages, il a été constaté que la piqûre d'abeille, bien que douloureuse, peut être bonne pour la santé, plus précisément pour les personnes qui souffrent de douleurs rhumatismales.

Moustiques, taons, poux et puces

Ils se souviennent à Apodaca (A) qu'en été les moustiques commencent à piquer, surtout pendant la nuit. Chez certaines personnes ils produisent des gonflements et quelques-unes sont plus touchées que d'autres. Dans ce cas, on croit que cela est dû au fait qu'elles ont un sang sucré ou la peau fine. À Durango (B), on pense aussi qu'elles ont le sang sucré.

À Moreda (A), pour éviter les piqûres des moustiques, on les fait fuir avec la fumée de tabac. On dit également que si on se frotte le corps avec une lotion de vinaigre cela évite les piqûres. Si elles se sont déjà produites, on prend des inhalations de thym et de romarin. À Elgoibar (G), quand les moustiques attaquent, on se frotte la zone avec de l'ammoniaque. À Nabarniz (B), ils considèrent utiles les frictions avec de l'ail ou avec du citron à l'endroit de la piqûre. À Bedarona (B), ils utilisaient du vinaigre ou une moitié de pomme de terre.