XI. LE SANG

De Atlas Etnográfico de Vasconia
Aller à : navigation, rechercher

Autres langues :
Inglés • ‎Español • ‎Euskera • ‎Francés

Ce chapitre est consacré à l'étude du sang, un fluide d'une grande importance dans la conscience populaire, qu’il s’agisse de sa bonne circulation en tant que fluide vital pour le corps que de l'alarme que déclenche son apparition si des dérangements imprévus se produisent. Les différents procédés pour nettoyer et fluidiser ce liquide au moyen de saignées sont décrits plus avant. Une section est consacrée au diabète, populairement connu comme du "sucre dans le sang", et une autre à l'anémie. Le texte aborde également les hémorragies nasales et les bénéfices ou le risque que les gens leur ont attribués. Les causes et les remèdes appliqués aux hémorroïdes et aux varices complètent le contenu de cette partie de l'ouvrage.

Impuretés du sang. Odola loditu

On estime que le sang est l'élément le plus intimement lié à la vie, le régulateur de l'état de santé et aussi, quand son équilibre est affecté, comme une cause de maladie et de mort. Ainsi le reflète le dicton:

La sangre nos cría (le sang nous fait grandir)
y la sangre nos mata (et le sang nous tue).

Il est intéressant de constater le lien populairement établi entre le sang et la sève des plantes et donc la relation avec les changements de saison. De même, l'usage du mot saigner est amplement répandu pour se référer à la sève qui coule des blessures des arbres (Carranza-B).

Il a été constaté que populairement cet état du sang est lié au printemps et à l'automne et donc à la pousse et à la chute des feuilles.

Les saignées

Différents types de saignées

Les procédés pour pratiquer une saignée étaient de deux types: effectuer une coupure avec un objet aiguisé afin de produire une hémorragie contrôlée ou appliquer des sangsues qui absorbent le sang considéré excessif.

Des descriptions apportées par les informateurs il ressort que la technique de la saignée est plus ancienne et a été plus restreinte.

À Apodaca (A), ils se souviennent qu'il était courant de piquer le bétail pour qu'il saigne, mais que pour les personnes ce n'était pas courant. Les saignées les plus connues étaient celles réalisées avec des sangsues.

Cette différence entre les deux techniques est peut-être due au fait qu'en général le procédé de la coupure était employé par des médecins tandis que la pose de sangsues était l'affaire de chacun, même s'il pouvait exister parfois des personnes expertes en la matière.

Le diabète

L'information recueillie sur le diabète est très mince. L'usage de ce nom a commencé à se répandre au cours de ces dernières décennies, mais plutôt sous la forme diabetis, l'expression la plus populaire étant “avoir du sucre dans le sang”.

Les informateurs n'ont que très peu de connaissances sur cette maladie et indiquent que l'une de ses principales manifestations est la polydipsie ou la soif excessive de la personne qui en souffre.

La méconnaissance populaire de cette maladie s'est traduite par un manque de remèdes élaborés pour pallier ses effets.

L'anémie, ahuldura

L'anémie reçoit le nom de debilidadea, debilidad, faiblesse, à Abadiano (B). À Goizueta et à Eugi (N), ahuldura. Azkue a recueilli le terme eruka (Baztan-N). À Lezaun (N), on disait de l'anémique qu'il "estaba negau".

Les gens assurent qu'elle se manifeste par un manque de vigueur ou d'énergie, mais aussi par l'allure triste ou abattue de la personne qui en souffre (Nabarniz-B).

En ce qui concerne les causes de l'anémie, à Amézaga de Zuya (A), ils pensent que la personne qui n'a jamais faim ou qui est très exigeante avec la nourriture peut finir par en souffrir, à Gorozika (B) qu'elle est la conséquence d'une mauvaise alimentation et à Orozko (B) qu'elle est due au fait de manger peu et mal.

Hémorragies nasales, sudurreko odol-jarioak

Le saignement de nez reçoit en basque le nom de sudurretik odola (Arberatze-Zilhekoa-BN), odol-golpea (Berastegi-G) ou surreko amorrajiak (Orozko-B).

Ces hémorragies n'étaient pas considérées nocives, mais bien au contraire car on dit qu'elles servent à expulser le mal. Par ailleurs, la réflexion est que si l'on saigne, c'est parce qu'il y a trop de sang ou parce que celui-ci est trop épais, gorda.

De plus, ils sont associés aux personnes obèses, dont on pense qu'elles ont trop de sang, ou aux adolescents et aux jeunes.

Hémorroïdes, odoluzkiak, et varices

Causes

On prétend qu'elles apparaissent chez les personnes constipées (Mendiola, Moreda, Ribera Alta-A; Carranza, Muskiz-B; Oñati-G; Obanos-N), en raison d'une alimentation trop riche en gras, en piquant et en charcuteries, et un régime alimentaire sain est donc recommandé pour les éviter (Vallée d'Erro-N). Chez les femmes, elles sont aussi associées à l'accouchement en raison de l'effort réalisé pour accoucher (Moreda-A; Carranza-B).

Remèdes

Les hémorroïdes sont source de douleurs et même d'hémorragies. Ces troubles ont été soulagés au moyen de divers remèdes populaires.

Pour calmer la douleur et l'inflammation qu'elles causent, l'emploi d'espèces végétales diverses était très répandu. Les traitements étaient communs. On buvait parfois des tisanes préparées avec elles, on prenait un bain d'eau ou de vapeur dans la zone concernée, et enfin parfois on les appliquait directement sur l'inflammation. Il existait aussi parfois une pratique magique qui consistait à les introduire dans la poche arrière du pantalon, dans le cas des hommes, ou en celle du tablier chez les femmes, et à attendre qu'elles sèchent.

Varices

Dans les localités étudiées, les informations concernant les varices sont très rares. À Carranza (B), on croyait qu'elles sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Dans ce village, on disait qu'il fallait faire attention à ne pas les blesser car on risquait de mourir par la perte de sang. Antan, par exemple, quand les femmes allaient faucher le blé, si elles avaient des varices elles portaient des bas épais pour ne pas se piquer avec la paille.