XIII. L’ESTOMAC ET LE VENTRE

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Les troubles gastriques, tripako minak

Populairement, il est toujours existé une certaine confusion entre l'estomac et les intestins parce tout ce qui se trouve dans dans le ventre, y compris les viscères abdominaux, était pris comme un tout.

Les informations recueillies indiquent aussi que les remèdes peuvent être complémentaires. Ainsi par exemple, pour résoudre un trouble d'estomac on peut boire une infusion de camomille ou d’une autre plante, jeûner pendant un temps et suivre un régime. Parfois les informateurs mélangent les maux entre eux : embarras gastrique, lourdeur d’estomac, brûlures... Pour d’autres, la distinction est claire entre constipation et diarrhée ou entre mauvaise digestion et ulcère d’estomac.

Pour certains, les troubles gastriques sont une cause de tristesse.

Dans quelques localités, l'intérêt de bien soigner son estomac est signalé car c'est une source de santé (Busturia-B) ou alors parce que “andar mal del estómago es cosa mala” (si l'estomac marche mal, mauvaise chose) (Amézaga de Zuya-A).

À Abadiano (B), quand on souffre d'un trouble gastrique, parce qu'on a trop mangé ou parce qu'on digère mal le repas, ils utilisent l'expression “Jana bidean gelditu”, autrement dit, que le repas est resté à mi-chemin. À Gorozika (B), ils signalent que la principale conséquence des troubles digestifs est la difficulté d'évacuer, obreu ezina. À Tiebas (N), ils constatent qu'aujourd'hui les troubles gastriques sont plus nombreux « à cause des saletés qu'on mange ».

Par ailleurs, nous voulons faire mention de l'hernie inguinale, etena, dans cette introduction aux problèmes gastriques et intestinaux car, populairement, elle a été considérée comme une grosseur qui apparaît dans la région abdominale sans avoir aucune désignation spécifique. Mieux, il n'existait aucun remède pour la traiter, à l'exception des bien connus bandages herniaires pour la contenir, mais à d'autres occasions il n'y avait pas d'autre solution que de recourir à la chirurgie.

Les vomissements, gomitua, goitikoa, oka

Types de vomissement

Les vomissements les plus communs sont ceux liés à un problème de l'appareil digestif, à un mal au ventre ou à une mauvaise digestion. Ils consistent à rendre ce qui se trouve dans l'estomac. À côté des vomissements gastriques, les enquêtes font aussi mention des coliques hépatiques. Pour la colique, le terme employé à Donibane-Lohitzune (L) était erraietakoa et sabela.

À Lekunberri (N), ils associent les vomissements biliaires aux problèmes hépatiques qui se traduisent par l'expulsion de bile par la bouche ; à Obanos (N), ils précisent que ce qui est expulsé est un liquide jaunâtre ou verdâtre et l'expression utilisée dans ces cas est que “ha tenido una vuelta de hígado” (il a eu un rendu de foie) et à Oñati (G), ils étendent le terme à ceux qui souffrent de la vésicule et qui rendent de la bile le matin.

Mais d'autres causes pour expulser de la bile ne sont pas exclues. Ainsi, à Amézaga de Zuya (A), il a été recueilli que les maux de tête et les coliques entraînent parfois de très forts vomissements au cours desquels “se echa hasta la bilis” (on rend jusqu'à la bile); à Durango (B) et à Aoiz (N), ils signalent qu'ils peuvent se produire avec les nausées en voiture ou à cause d'une maladie et, que comme l'estomac est vide, c'est de la bile qui est expulsée. À Elgoibar (G), ils disent que le vomissement qui se produit à jeun est de bile, bilixa.

Un troisième groupe de vomissements qu'ont relevé les enquêtes est celui des vomissements de sang. À Apodaca et à Moreda (A), populairement, on pense que derrière eux il existe un problème grave. À Mendiola, dans la Ribera Alta (A), à Durango (B) et Beasain (G), on les considère alarmants et qu'ils peuvent être un symptôme de phtisie ou de tuberculose, qui se manifeste sous forme de flegmes de sang. Dans la Ribera Alta, ils ajoutent que si les vomissements sont nombreux et suivis, cela peut être un signe de typhus. D'autres causes sont aussi pointées, comme celle d'être un symptôme d'hémorragie interne (Muskiz-B, Hondarribia-G, Murchante-N) ou d'ulcère (Bidegoian, Elgoibar-G ; Tiebas-N).

La diarrhée, beherakoa

Causes

À Bernedo (A), Durango (B), Hondarribia (G) et Aoiz (N), il a été relevé que la diarrhée est habituellement causée par la consommation d'aliments en mauvais état ; à Bernedo et à Hondarribia, pour avoir trop mangé.

À Durango et à Aoiz, ils l'attribuent à un refroidissement ; à Beasain (G), on précise qu'il est mauvais de se refroidir en se levant le matin et à Moreda (A) de prendre froid au niveau de la bouche de l'estomac ou de boire des boissons très froides. À Viana (N), pour éviter la diarrhée on dit qu'il ne faut pas boire de l'eau après un fruit. À Aoiz, ils mentionnent également les causes virales, autrement dit les épidémies. À Durango, ils disent que la consommation de certains médicaments peut aussi en être la cause.

À Allo (N), autrefois ils l'attribuaient à une chaleur excessive et aux conditions de vie précaires. Les informateurs les plus âgés se souviennent avec effroi des étés des premières décennies du XXe siècle, car lors des “canicules de la sainte Madeleine”, qui correspondent à environ dix jours avant et autant après cette festivité, qui tombe le 22 juillet, il se produisait la mort de 20 à 30 enfants déshydratés et avec diarrhée.

À Murchante (N), il a été recueilli que quand un bébé avait la diarrhée on l'expliquait généralement par le lait de la mère, qui était mauvais ou faible.

La constipation, estomago(ko) sikua / lehorra

Causes

Dans certaines localités étudiées, apparaît une distinction entre la constipation et les remèdes pour la soigner, et les purgatifs qui sont employés pour la prévenir, dont les informateurs disent qu'ils sont moins utilisés. Ainsi, dans la Ribera Alta (A), il a été relevé que les purgatifs comme prévention n'étaient employés qu'avec les enfants et à Astigarraga (G) que quand ils le sont pour prévenir on comprend qu'ils servent à “nettoyer l'intérieur”.

Dans plusieurs de nos enquêtes, ils notent qu'autrefois la constipation n'était pas un problème aussi répandu qu'aujourd'hui. À Carranza (B), ils signalent qu'on ne mangeait pas souvent de légumes, ni de fruits, hormis en saison, et que les haricots secs était un légume essentiel dans l'alimentation quotidienne. De même, à Telleriarte (G), ils disent que chez ceux qui mangent souvent des légumes secs, comme c'était autrefois le cas dans de nombreuses maisons, il n'existe pratiquement pas de problèmes de constipation. À Hondarribia (G), ils affirment qu'autrefois il n'y avait pas autant de constipation parce que le pain qu'on mangeait était moins raffiné et meilleur pour la santé. Mais il existe aussi des informateurs qui affirment que la chiche et peu diversifiée alimentation faisait qu'il y avait antan plus de personnes constipées.

À Moreda (A), ils attribuent la constipation à une alimentation sèche à base de riz, de viande grillée, de pâte de coing, des bananes… Il existe la croyance qu'elle touche plus les femmes que les hommes et qu'elle provoque l'apparition d'hémorroïdes. À Arrasate (G), pour la constipation, ils conseillent d'éliminer de l'alimentation certaines nourritures comme le pain blanc, le lait, les farines raffinées, les viandes, le riz blanc et le fromage.

À Muskiz (B), les informateurs donnent quelques recommandations pour pallier le problème de la constipation telles que déféquer à la même heure et au même endroit, et éviter les vêtements qui serrent trop le ventre, chose qui est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.