XII. MALADIES RESPIRATOIRES

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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Ce chapitre traite de différentes sortes de maladies respiratoires, petxukoak (Astigarraga-G) qui, parfois, ne sont pas faciles à distinguer ; comme c'est le cas avec le refroidissement, le rhume, le catarrhe, la grippe et autres, le mal commence par une douleur dans une zone de l'organisme qui en touche bientôt une autre, comme un rhume qui vire au catarrhe et touche d'abord le nez, puis s'étend à la gorge ou à la poitrine. Le cas est le même avec les remèdes, car s'il en existe certains propres à un mal donné, d'autres sont employés indistinctement pour certains maux et pour d'autres.

Il ressort des informations des enquêtes que les gens appellent rhume de préférence l’affection qui touche le nez, accompagné de congestion, d’éternuements et d’une mucosité abondante, et qui peut se compliquer avec des maux de tête et d'oreilles. Dans certains endroits, rhume et catarrhe sont des termes synonymes et utilisés indistinctement. Le catarrhe, en général, es un mal surtout centré sur la gorge et sa manifestation la plus typique est la toux, mais il peut se compliquer et atteindre d'autres parties du corps.

De façon générale, on peut dire que les rhumes sont attribués à des changements atmosphériques brusques, au froid et au fait de se mouiller et on connaît leur nature contagieuse (Carranza-B, Apodaca-A); on dit que pour les éviter il fallait être chaussé et changer de chaussures si elles étaient mouillées (Liginaga-Z). Certaines périodes de l'année, comme l'hiver, sont plus propices aux catarrhes, de même que l'été est favorable aux diarrhées, ce qui explique pourquoi dans certains endroits on en parle comme de “maladies de saison”.

Le catarrhe se manifeste, outre par une sensation de malaise générale, par des éternuements fréquents et par la congestion ou cargazón du nez et parfois de la tête, des yeux et des oreilles. Au fur et à mesure qu'il progresse, il tend à descendre par les voies respiratoires jusqu'à “descendre à la poitrine”. Une des conséquences les plus typiques du catarrhe est la moquitera ou sécrétion nasale intense (Carranza).

Dans les localités étudiées, il est fait mention de différentes sortes de catarrhe: de tête, de nez, moquillo (moquita) (morve), rhume, catarrhe de gorge, de poitrine et bronchite. Il est également fait référence à la grippe, à la sinusite et à l'asthme.

L'opinion générale était qu'un rhume se guérit seul en quinze jours, et en deux semaines en utilisant des remèdes, puisqu'on ne connaît aucun traitement efficace pour le combattre.

Iribarren a recueilli dans les années quarante que pour les gens toutes les maladies se réduisaient, en termes d'origine, à trois causes: refroidissement, faiblesse et indigestion et une des maladies mortelles sans échappatoire était ce qu'on appalait le pasmo pasáu, autrement dit la rechute dans le rhume.

Maux de gorge, eztarriko mina

Il était courant, si on souffrait d'un mal de gorge et de toux, de réchauffer le corps pour qu'il sue, de s'aliter, de boire des boissons chaudes et d'appliquer des remèdes maison comme pour le rhume. Outre le catarrhe de gorge, les enquêtes ont décrit dans cette section d'autres maux comme les angines et l'aphonie, voire même la grippe, vers lesquelles peut parfois évoluer ce mal.

Catarrhe de poitrine, bularrestua

Si les catarrhes qui se manifestent dans les voies respiratoires hautes ne sont pas traités à temps, ils “descendent dans la poitrine” et ces catarrhes de poitrine, considérés plus sérieux que les simples rhumes, se caractérisent par la toux persistante qu'ils provoquent et par l'impossibilité d'expulser les flegmes. Quand on “est très pris”, il se produit en respirant un bruit caractéristique appelé cantar de pecho. Les traitements de ces affections visent à faire en sorte que le malade “parvienne à expulser les flegmes pour que le catarrhe puisse mûrir”. On considère que certaines personnes, dont celles qui souffrent de problèmes bronchiaux, sont plus sensibles à “coger catarros de pecho” et qu'elles doivent donc veiller à bien traiter le plus simple refroidissement (Carranza-B). Le catarrhe de poitrine, bularrestua, est également défini comme un fort catarrhe accompagné du bruit que produit la grande difficulté à respirer et qui fait que la poitrine est fermée (Nabarniz-B).

Pneumonie, alborengoa

La pneumonie, ou plumonía comme disent certains, était une maladie crainte, la plus importante de part sa gravité, de toutes les maladies de poitrine, et qui parfois pouvait évoluer en double pneumonie[1] (Carranza, Orozko-B). On disait que c'était une maladie de novénaire car dans une période de neuf jours, soit le malade guérissait, soit il mourait (Hondarribia-G); “si la pneumonie ne s'en retourne pas dans les neuf jours, on meurt” (San Martín de Unx-N) ou que si les neuf premiers jours passaient sans la détecter, il n'y avait pas de salut pour le malade. Au bout de cinq ou six jours, les personnes qui en souffraient devenaient incontrôlables et il fallait souvent les attacher au lit (Abadiano-B).

Jadis, il existait la coutume que si une personne était alitée avec une maladie grave, comme la pneumonie, on brûlait de l'alcool dans sa chambre en y jetant de temps à autre un peu de laurier ou de romarin béni le dimanche des Rameaux (Hondarribia).


  1. L'expression "double pneumonie" a été très répandue dans de nombreuses zones de Vasconia pour signifier que le mal avait gagné les deux poumons ou qu'il était dans une phase très avancée et irréversible.