XX. LA REPRODUCTION

De Atlas Etnográfico de Vasconia
Aller à : navigation, rechercher

Autres langues :
Inglés • ‎Español • ‎Euskera • ‎Francés

Ce chapitre traite des maux et des remèdes populaires donnés dans les situations ordinaires de la femme, qui la concernent en tant que telle et, le cas échéant, dans sa condition de mère.

La menstruation, hilekoa

La menstruation est un phénomène naturel chez les femmes (et des femelles d’autres mammifères) qui consiste en une évacuation de sang provenant de l’utérus pendant certains jours de chaque mois. Bien qu’il s’agisse d’un épisode ordinaire et périodique, les témoignages recueillis montrent qu'il s'agissait d’un sujet réservé au cercle féminin, et même entouré d'un certain mystère, dont on parlait peu. Il y avait des villages où c’était la mère qui avertissait sa fille qu'elle allait avoir bientôt ses règles (Durango-B). Certains informateurs signalent que quelquefois les mères n'informaient pas leurs filles sur les règles, qui devaient donc s'arranger avec ce qu'elles entendaient dans les conversations des personnes âgées et ce que racontaient leurs amies. Parler de ce sujet avec les pères était exceptionnel. Parfois les femmes disent qu'elles n'ont su de la menstruation que lorsque elles l'ont eue pour la première fois et que l'évènement leur a causé une certaine frayeur (Pipaón-A).

Certaines femmes considèrent la menstruation avec résignation comme une altération propre à l'organisme de leur condition et reconnaissent que quand elle se produit elle est ennuyeuse et embarrassante (Allo-N). Les femmes passaient de mauvais moments avec les règles et autrefois on a même cru que c'était le péché d’Ève pour avoir été expulsée du Paradis (Apodaca-A); pour certaines, c'était un ennui, un embarras et une saleté (Moreda-A).

Antan, pour absorber le sang des règles on utilisait des linges de coton ou de tissu-éponge qui se lavaient à l'eau de Javel et qui se conservaient pour être utilisés le mois suivant. Dans les années cinquante du XXe siècle ont fait leur apparition les serviettes hygiéniques en cellulose à jeter qui, aujourd’hui, sont très améliorées avec une meilleure absorption pour une moindre taille. Les tampons ont commencé à être utilisés à partir des années soixante et leur emploi est actuellement très répandu (Moreda-A).

Le grossesse et l’accouchement, haurduntza eta erditzea

La grossesse de la femme était vécue comme une situation naturelle, mais non exempte de certains troubles qu'on s'efforçait d'éviter. Parmi les plus communs, citons les nausées qui surviennent, surtout pendant les trois premiers mois de gestation. D'autres phénomènes étaient aussi habituels, comme le grossissement et le durcissement des seins, l’apparition d’œdèmes dans les jambes et les brûlures d’estomac. Malgré cela, la grossesse n'obligeait pas généralement à garder le lit et il était normal qu'elles travaillent jusqu’au dernier jour, même dans les durs travaux des champs (Sangüesa-N ; Artziniega, Moreda-A).

Actuellement, la femme enceinte cherche à éviter les efforts violents, soigne son alimentation et évite les boissons alcooliques et le tabac. Un suivi médical est habituel pendant la gestation. Au fur et à mesure que s'approche le moment de la naissance, elles assistent à des classes où elles pratiquent des exercices respiratoires et des mouvements de gymnastique qui facilitent l’accouchement[1].

En ce qui concerne l’accouchement et l'enfantement proprement dits, signalons que jusque dans les années soixante presque toutes les femmes accouchaient à la maison, avec l’assistance de la sage-femme ou du médecin. Plus anciennement, c'était des voisines connaissant le sujet qui se chargeaient d'aider à l'accouchement. À partir des années soixante, les femmes ont commencé à se rendre à la maternité et actuellement toutes le font[2]. De nos jours, le nombre d’accouchements gémellaires est en augmentation, ainsi que ceux de triplés, voire d'un plus grand nombre d'enfants.

Ils sont souvent la conséquence de la stimulation ovarienne et d'autres méthodes pratiquées dans les cliniques de reproduction assistée auxquels se soumettent les couples quand ils veulent avoir une descendance.

Les douleurs de l'allaitement

Les douleurs les fréquentes pour les mères allaitantes étaient au nombre de deux : le durcissement des seins qui pouvait provoquer une maladie gênante appelée pelo consistant en un engorgement des seins, avec retenue d'une partie du lait, et les crevasses aux mamelons. Les deux maux étaient parfois associés.

Les avortements

L’avortement est une interruption de la grossesse qui peut être volontaire ou involontaire. Quand elles veulent l'éviter, certaines femmes, de part leur état de santé, doivent garder le lit et un repos prolongé pendant la gestation. Antan, les familles étaient nombreuses et, en outre, tant le nombre d'avortements que la mortalité infantile étaient élevés. Il était fréquent de dire que tant le nombre d'enfants qui réussissaient à vivre que le sort de ceux mort-nés était un “dessein de Dieu”.

La ménopause, erretiroa

La ménopause est le retrait de la menstruation ou des règles de la femme, un fait qui se produit quand elle approche la cinquantaine. Certaines informatrices pensent qu'il vaut mieux qu'elle arrive plus tard, entre cinquante-deux et les cinquante-six ans (Durango-B). Elle ne se produit pas subitement puisque les symptômes se présentent progressivement et touchent plus fortement certaines femmes. À Apodaca et à Amézaga de Zuya (A), elles signalent qu'il se produit un changement hormonal avec disparition de la fertilité, ce qui affecte non seulement le caractère mais aussi l'état physique. À Nabarniz (B), antan, on disait que la femme qui n'avait pas de problèmes à la ménopause avait de quoi remercier le sort car elle évitait ainsi les nombreuses complications qui d'ordinaire lui étaient liées.

Le dérangement le plus courant chez les femmes à l'étape de pré- et post-ménopause est l'apparition des bouffées de chaleur. La chaleur subite qui envahit la femme entraîne une sudation importante et fait rougir ses joues. Les sueurs sont souvent nocturnes. Pour les atténuer, à Orozko (B), la femme utilisait habituellement le bord de sa jupe pour s’éventer. Actuellement, dans les zones urbaines, pendant la ménopause, certaines femmes portent un éventail dans leur sac.

En Vasconia continentale, comme il a été relevé dans les années cinquante, quant les femmes ménopausées souffraient de graves hémorragies, elles prenaient pendant quatre ou cinq jours une tisane de pointes d’orties, dont elles ne devaient pas abuser car elle pouvait nuire à un organisme déjà affaibli.


  1. ETNIKER EUSKALERRIA. Ritos del nacimiento al matrimonio en Vasconia. Atlas Etnográfico de Vasconia = Euskalerriko Atlas etnografikoa = Atlas ethnographique du Pays Basque. Tome IX. Bilbao : Etniker Euskalerria; [Vitoria-Gasteiz] : Eusko Jaurlaritza; [Pamplona] : Gouvernement de Navarre, 1998.
  2. Ce sujet a été amplement traité dans Ritos del Nacimiento al Matrimonio en Vasconia.