Rites de la naissance au mariage a Lecumberry (Basse-Navarre)
II. 174. NAISSANCE ET BAPTÊME: D'OÙ PROVIENNENT LES ENFANTS D'APRÈS LA CROYANCE POPULAIRE DES ENFANTS? QUI LES CHERCHE?
Quand une famille avait un enfant présentant une tare, on ne disait pas grand chose. Mais dans le village, ou dans le voisinage, on disait: "A! Ba! Jainkoaren punimendia..." On le disait d'autant plus facilement que dans cette famille on n'avait pas toujours "suivi le droit chemin" (d'où l'allusion à la punition de Dieu).
Il y avait des gens diminués. On les gardait à la maison. On ne leur prétait pas une "attention particulière".
II. 182. COMBIEN DE PARRAINS ET DE MARRAINES ASSISTENT À LA CÉRÉMONIE? QUI PORTE LE BÉBÉ? QUELLE NORME SUITON POUR LA DÉSIGNATION DES PARRAINS? COMMENT INVITE-T-ON À ÊTRE PARRAIN OU MARRAINE? QUELS SONT LES NOMS AVEC LESQUELS ON DÉSIGNE LE PARRAIN ET LA MARRAINE?
C'est le vieux maître qui est le parrain du premier enfant, la marraine étant la mère de la femme. On lui donne son prénom et le prénom de la marraine dans le cas d'une fille. Ensuite, pour les enfants à venir, on choisissait parmi les oncles et tantes en fonction de leur âge, ou des situations.
II. 182 BIS. QUI PROPOSE LE PRÉNOM DE L'ENFANT? EXISTE-T-IL DES RÈGLES POUR LE CHOIX DES PRÉNOMS?
Les prénoms les plus connus étaient: Joanes, Jakes, Eriaut, Guilen, Domingo, Franxua, Miguel...
Bien que les gens aient deux noms, celui de leur famille et celui de leur maison, c'est ce dernier qui était le plus usité et qui l'est encore. Il n'y avait pas de "surnom". Une jeune fille mariée ne gardait plus son nom de jeune fille, dans la vie de tous les jours.
II. 185. FAIT-ON DES CADEAUX À LA MÈRE ET À L'ENFANT? QUI LES FAIT? EN QUOI CONSISTENT CES CADEAUX ET COMMENT LES APPELLE-T-ON?
On faisait des cadeaux pour les accouchements, mais ne prenait pas note de ces présents, alors qu'on le fait pour le mariage et l'enterrement. On marquait même le menu pour, à l'occasion, faire mieux si ce n'est deux fois plus. Maintenant on se ruine "moins" car on donne des cadeaux; le plus petit cadeau actuellement est de 1.000 E Le témoin cite l'anecdote: "Pour X... on a donné 1.000 F , car ils avaient donné 1.000 F pour notre fils". On voit aussi cela dans la vie de tous les jours où les gens s'endettent jusqu'à la fin de leurs jours pour faire mieux que le voisin (construire la maison, changer la voiture... ).
II. 186. QUAND, LA MÈRE SE PRÉSENTE-T-ELLE À L'ÉGLISE AFIN DE RECEVOIR LA BÉNÉDICTION "POST PARTUM"? COMMENT S'APPELLE CET ACTE? QUE PRÉSENTE LA MÈRE? QUE DOIT-ELLE FAIRE OU ÉVITER DE FAIRE JUSQU'À CE MOMENT?
Après l'accouchement, elles devaient en principe aller "elizan sartzia". Des personnalités fortes refusaient de le faire. Il faut dire que l'emprise du curé était très forte. Souvent on le consultait pour des affaires de famille dans lesquelles il n'avait pas, en principe, à intervenir. "Les curés étaient les rois". Les curés abusaient. Dans la maison X... il y avait des métayers; on les appelait xoilak, ils étaient pauvres et avaient peu de moyen, six garçons et une fille, en plus. Mme... aurait voulu que l'un de ses fils fasse sa communion en même temps que son frère. Son mari, qui n'était pas riche, allait faner ou travailler pour des gens moyennant une modeste retribution; il travailla ainsi un dimanche. Quelqu'un le vit et le dénonça au curé. Le curé demande à voir la femme et lui dit que son fils ne pourra pas faire la communion à la date convenue car son père travaillait le dimanche. La mère se plaint: sept enfants, une toute petite maison... rien n'y fait. En cachette de son mari, elle porta au curé un poulet, un kilo de sucre et du café. L'enfant pu faire la communion et depuis ce jour les aînés n'ont plus mis les pieds à l'église.
II. 196. JEUNESSE: EXISTE-T-IL DES GROUPES DE JEUNES GENS OU DES ASSOCIATIONS POUR CÉLIBATAIRES? A QUEL ÂGE LES JEUNES RENTRENT-ILS DANS CE TYPE D'ASSOCIATIONS? QUEL SONT LES FINS DE CELLES-CI?
On ne faisait pas des fêtes pour faire se rencontrer les célibataires.
II. 199. FIANÇAILLES, MARIAGE ET NOCE: QUELS MOYENS ET QUELLES RESSOURCES ADOPTE-T-ON POUR CAPTER LA VOLONTÉ D'UN HOMME OU D'UNE FEMME DÉTERMINÉE OU POUR S'ÉLOIGNER ET ROMPRE LES RELATIONS?
On ne rompait pas de fiançailles, si ce n'est pour une faute très grave. Souvent on réglait les situations devant des hommes de la commune, jugés respectables (de nos jours on irait voir un notaire).
II. 201. CÉLIBAT. SES RAISONS ET SA FRÉQUENCE POUR CHAQUE SEXE (STATISTIQUES). SORT ET MODE DE VIE DES VIEILLES FILLES. LES VIEUX GARÇONS, FONT-ILS L'OBJET DE MOQUERIES? CROIT-ON QUE LE MARIAGE ET LA PROCRÉATION SONT OBLIGATOIRES?
Il y avait des célibataires, souvent des cadets; autant de filles que de garçons. L'ainé restait à la maison, le second était automatiquement curé ou bonne-soeur; combien revenaient ainsi du séminaire sans vouloir continuer... L'enfant destiné aux ordres pouvait peser (financièrement) sur de petites maisons; on acceptait cela de bon coeur, c'était "pour le Bon Dieu".
On considérait qu'une personne célibataire avait raté sa vie. Il y a vait plus de célibataires hommes (60%).
Un homme célibataire, on disait gaixoa, dans le sens d'un "pauvre homme"; il n'avait pas réussi à accrocher les femmes. On dit donadoa, au célibataire.
On plaignait le couple sans enfant "O! Gaixo emaztia haurra nahi ta ezin ukan!" Personne ne disait ouvertement qu'il ne voulait pas d'enfant; ils auraient été excommuniés... . Une famille de 5-6 enfants était une famille normale. ("quel dommage qu'ils n'aient qu'un seul enfant" entend-on).
A la femme célibataire on dit mutxurdina. Ce n'est pas un terme péjoratif encore que l'on puisse dire "avoir des idées de mutxurdin". Tout autre est le qualificatif de mutxurdin zaharra.
Autrefois, mieux valait être une femme mariée, et avec des enfants, qu'une femme célibataire. Quant à l'homme célibataire, il était toute la vie domestique... Et puis il y avait aussi ces filles "placées", comme on disait, c'est à dire "bonnes" dans des maisons. Personne n'en voulait pour ainsi dire. "J'en ai connu une qui devait se marier avec X... mais tout fut fait pour empécher le mariage. Finalement, un jour elle se maria mais elle resta toute sa vie gaixoa; on la traînait dans la boue... ", elle ne se maria pas avec X... car ses parents à lui, empéchaient le mariage. Et le curé ne resta pas inactif dans cette histoire.
Autrefois il n'y avait aucune histoire sur la mauvaise conduite possible de curés. On remarquait toutefois que de jeunes missionaires revenus d'Afrique, pouvaient se payer des voitures... et sortir toujours avec la même fille...
II. 202. LES JEUNES HOMMES, RENDENT-ILS VISITE AUX JEUNES FILLES CÉLIBATAIRES PENDANT LA NUIT? A CETTE OCCASION, PRONONCE-T-ON DES FORMULES SPÉCIALES OU ENTONNE-T-ON DES CHANSONS DÉTERMINÉES? CES VISITES, QUEL JOUR DE LA SEMAINE ONT-ELLES LIEU?
On racontait des histoires de famille ou autres. Ainsi, bien des hommes allaient voir des femmes les samedis soirs; on racontait les histoires en nommant les gens. Ainsi X... qui était très "coquin" faisait l'objet de plusieurs histoires. Un jour il va dans une maison voir la famille. La mère avait la chambre au bout du couloir, la fille, à l'autre. La mère entend "cric, cric, cric"; elle sort de sa chambre et dit: "Erran Maieder; zer da zantz hori?", alors la fille lui dit: "Sagiak ama" (la mère lui demande: quel est ce bruit, et la fille répond: des souris) enfin c'était les souliers vernis de son amoureux.
On racontait des histoires de laminak etc. mais guère durant artho-xuritzea. Ces histoires se racontaient plutôt lors de réunions de famille, entre adultes. Les enfants, à partir de 11 ans, écoutaient éventuellement. Les adultes étaient friands de ces histoires. Ils disaient aussi que lorsque l'on entendait tapper contre le mur de la chambre, c'était le dernier mort de la famille qui venait; on l'a entendu dire plus d'une fois.
Il y avait une présence continuelle des morts. Au fond de notre cour on entendait un souffle, hatsa, et j'avais une vieille tante qui venait passer la soirée avec nous. Elle venait de chez elle à pied, à 150 m. environ. On devait la raccompagner car elle disait: l'ai encore entendu de souffle et je suis sûre que c'est arima erratia..." Elle nous faisait peur! On allait à deux la raccompagner. Il est vrai qu'elle venait de perdre son mari. Dans les histoires on ne décrit jamais les morts; on ne parle que des bruits (pas des bruits liés aux animaux... ). A part les conteurs, ce sont les femmes qui racontent ce type d'histoire. Les hommes n'en parlaient jamais; le curé semblait à l'écart de cela (cette vieille tante dont il vient d'être question, ne parla jamais au curé de "hatsa").
Il y avait des histoires à propos des cheminées et de toutes sortes d'orifices qui faisaient communiquer la maison avec le monde extérieur. Ainsi on a en mis des chiffons dans le trou de la serrure pour ne pas qu' arima erratia passe, car (trima erratia pouvait entrer dans les maisons.
De toutes ces histoires il y avait une dominante: on pouvait rire, dire n'importe quoi, mais ne jamais faire allusion au curé, on ne touchait pas au curé!
Le chapelet se récitait en famille dans la cuisine. Dès le souper terminé, etxeko nausia se lavait les pieds dans bertza où on chauffait l'eau avant d'aller à table (quand ce n'était pas avec l'eau de la vaisselle, mais cela date d'il y a fort longtemps à ce que l'on nous disait). Tout le monde, homme, femme et enfants se mettaient à genoux autour de la cheminée et on récitait le chapelet sous la direction de etxeko andere. Cette pratique était encore connue dans l'entre-deux-guerres. Et puis tout le monde allait se coucher.
Les fâcheries étaient héréditaires, il y avait des haines entre maisons et les enfants assuraient la suite. Mais cela était autrefois (début du siècle?). Cependant certaines familles se disputaient (des maisons se disputaient).
Autrefois les gens se comportaient comme des sauvages. Il y avait des bagarres à coups de makila. Les gens revenaient avec des balafres. Ils se battaient même avec les parapluies. Un jour, au retour du marché, à la maison D... qui faisait café et bar, 'j'ai vu un homme en tuer un autre avec un parapluie. J'avais 12 ans. C'était devant la porte". L'aubergiste sortant lui disant "tu as vu ce que tu as fait? Tu te rends compte?" Les gendarmes l'amenèrent en prison. C'était une bagarre de retour de marché, entre hommes qui avaient bu. En plus ces deux jeunes étaient de familles fâchées entre elles.
Il n'y avait pas d'alcoolisme dans le village, à vrai dire. On ne buvait que du vin; on en buvait bien. Mais de nos jours c'est très différent (deux cafés à Lekumberri... ).
On surveillait l'héritière dans les maisons. Elle ne recevait de visite qu'en présence des parents (l'un des témoins souligne qu'il y a des barreaux de fer aux fenêtres... )
Il semble que le samedi soir ait été le jour "favorable" pour les rencontres entre jeunes, emaztekia; mais cela ne concernait qu'une catégorie d'individus.
II. 205. DEMANDE EN MARIAGE. EST-CE UNE COUTUME QUE LES PARENTS ARRANGENT LE MARIAGE DE LEURS ENFANTS SANS COMPTER SUR LA VOLONTÉ DE CES DERNIERS? OU, METTENT-ILS DES OBSTACLES À LA VOLONTÉ DE LEURS ENFANTS?
Le mariage était très souvent "arrangé" et on devait se soumettre (ou partir). C'était ainsi autrefois. En fait la décision était celle du père; la mère comptait peu, elle s'effaçait. C'était la règle. Le père commandait; les maîtres vieux suivaient également, il n'avaient aucune autorité. Ils étaient très bien traités, surtout si c'était la fille qui avait la maison. Mais même de nos jours, les personnes âgées ne sont pas envoyées dans les maisons de retraite; on les soigne à la maison. Mais de nos jours, il y a du changement. Le témoin cite la maison X... où le vieux maître est parti dans une maison de retraite.
Les vieux restaient au coin du feu. La vieille maman tricotait et raccommodait.
Le curé avait un grand poids dans les arrangements de famille. Mais il y avait aussi une question de rang, kunza; on faisait également attention au visage allongé avec le menton "en galoche", on considérait cela comme une tare, quelque chose "dans le sang" de la famille.
Instituteur et curés jouaient le rôle de conseillers, surtout le dernier. Ceci avivait les querelles entre Xuri et Gorri d'autant plus qu'il y avait des abus de pouvoir.
Il y avait aussi les camps des Xuri et des Gorri.
On cherchait à marier les belles maisons et le curé jouait le rôle d'entremetteur. Il disait au père de famille: il ne faut pas que ta famille se marie avec X..., il vaudrait mieux qu'elle se marie avec Y.. Les mariages étaient arrangés. Du temps de mes parents les mariages étaient faits d'office "comme les arabes" (jusqu'en 1930); le patriarche était celui qui réglait tout. La maison devait avoir un avenir: tant d'hectares, tant de cheptel...
On était très fier de la maison et de la famille. Il y avait beaucoup d'orgueil. Celui qui faisait une faute dans ce système, causait la honte de tous. Il partait en Amérique.
Les fiançailles étaient quasiment le mariage. On ne restait pas fiancés longtemps.
II. 207. QUELS SONT LES RAPPORTS DES FIANCÉS AVEC LES AUTRES CÉLIBATAIRES? LES JEUNES HOMMES IMPOSENT-ILS UN TRIBUT AU FIANCÉ ÉTRANGER?
Le fait d'être fiancé ne modifiait en rien son comportement vis à vis des autres célibataires.
II. 209. QUELLES SONT LES CONTIDIONS QUE L'ON ÉTABLIT PAR RAPPORT AUX PERSONNES ET PAR RAPPORT AUX BIENS?
Le contrat était passé avant le mariage mais le nouveau venu ne commandait pas dans la maison, du jour au lendemain. Le pouvoir changeait de main petit à petit mais ça ne faisait guère dans de bonnes conditions. E y avait toujours des histoires, des fâcheries. Maintenant c'est autre chose les jeunes construisent à côté par exemple et vivent séparément ou louent une maison au village. Ces cohabitations ne se faisaient pas bien. De nos jours, en plus, les jeunes font l'école d'agriculture; ce n'est plus du tout comme avant. Autrefois le pouvoir du patriarche était absolu, les jeunes souffraient.
On n'était pas tenu de loger un vieil oncle ou une tante dans la maison familiale. On le faisait parfois. On connait le cas: les jeunes vivent en bas et les vieux en haut. Ils cohabitent le midi pour manger ensemble; le soir ils se contentent d'un bol de soupe, du lait, ou des châtaignes, etc. qu'ils préparent eux-mêmes, sans l'aide des jeunes.
Les biens d'une maison doivent être transmis dans leur totalité. Pour cela les parents étaient prêts à tous les sacrifices. Le maître de maison en disposait à sa guise cependant, sauf si c'était la femme qui était héritière. C'est lui qui en demeurait le chef jusqu'à sa mort et passait le relais au jeune maître une fois les "arrangements" établis avant mariage, car il n'y avait jamais de testament. C'est ainsi que les parents étaient les patrons et les jeunes qui s'installaient étaient comme des domestiques; ils en souffraient beaucoup. Ils n'avaient pleine jouissance de leurs biens qu'à la mort des vieux maîtres ou quand ces derniers ne pouvaient plus gérer.
L'aîné héritait d'office. H n'y avait pas de contestation.
Les biens d'un oncle ou d'une tante, sans enfant, étaient mis aux enchères.
On adoptait des enfants, souvent faute d'héritier.
Voir 205.
II. 211. EN QUOI CONSISTE GÉNÉRALEMENT LA DOT? EST-ELLE CONSTITUÉE AVEC LES BIENS ACQUIS OU AVEC LES BIENS RACINES DE LA FAMILLE? QUI LA PAYE? LES PARENTS DE L'ÉPOUX OU CEUX DE L'ÉPOUSE? QUAND, COMMENT ET SOUS QUELLE FORME RÉALISE-T-ON SA REMISE?
Autrefois (avant la première guerre) il y avait des usuriers. Ils prétaient de l'argent, on n'allait pas devant le notaire. On avait aussi de l'argent grâce aux personnes parties en Amérique; les émigrés envoyaient de l'argent.
On ne pouvait pas disposer de la maison. Il fallait la transmettre avec les meubles et tout. Les etxeko nausi savaient combien "valait" leur bien; les hommes seuls évaluaient. Ces vieux calculaient bien; ils savaient combien ils avaient de terre, de bêtes, etc... et ils savaient aussi les biens de leurs voisins.
On pouvait faire des dotations, c'était courant quand un jeune se mariait on pouvait lui donner des têtes de bétail.
En ce qui concerne la dot, le "patriarche" payait à l'autre "patriarche" la dot de son enfant en têtes de bétail ou en argent. S'il n'y avait pas d'argent, les deux hommes discutaient de la superficie de terrain pouvant remplacer la somme due. Dès que cette dernière était rassemblée, alors on devait restituer la parcelle de terre considérée.
II. 213. EST-CE UNE COUTUME QUE LES FIANCÉS OFFRENT DES VÊTEMENTS OU D'AUTRES OBJETS AUX PARENTS DE LEUR FUTUR CONJOINT? EN QUOI CONSISTENT CES CADEAUX?
Il n'y avait aucun cadeau entre fiancés, ni entre époux. C'était leur premier enfant qui était leur cadeau.
II. 214. OÙ ET COMMENT SONT PUBLIÉS LES BANS? QUELLES PRATIQUES OU QUELLES COUTUMES OBSERVE-T-ON À L'OCCASION DES BANS?
Il ne fallait pas se marier au mois de mai ni pendant la période de l'Avant.
On se mariait la veille à la mairie et le lendemain à l'église. Il n'y avait pas de simple "mariage civil".
II. 215. COMMENT RÉALISE-T-ON LE CHOIX DES TÉMOINS? QUELLES SONT LES OBLIGATIONS DE CES DERNIERS?
Les témoins étaient pris entre les cousins, les amis et les premiers voisins.
II. 217. QUI INVITE-T-ON À LA CÉRÉMONIE DE LA NOCE? QUI FAIT LES INVITATIONS?
Pour le mariage on faisait savoir au gens qu'ils étaient invités, on leur disait. Il faut dire que très souvent on se mariait dans le village ou dans les environs (on se déplaçait alors en bicyclette).
Les parents et les enfants décidaient des invités. La liste était faite d'un commun accord, avec les parents. Les invitations se faisaient de vive voix (marchés, etc.) tant par les parents que par les jeunes.
II. 219. ORGANISE-T-ON DES CORTÈGES OU DES SUITES QUI ACCOMPAGNENT LES MARIÉS LORSQUE CES DERNIERS SE RENDENT À LA CÉRÉMONIE DU MARIAGE? OÙ SE RÉUNISSENT CES SUITES?
Cortège: de la maison de la mariée, si c'est l'héritière, (sinon on se marie toujours là où est la maison) à l'église. Les cortèges se faisaient classiquement dans les années 1950. En tête la mariée avec son père (ou son parrain si la fille est orpheline), en fin de cortège, le marié avec sa mère.
L'emplacement est strict dans le cortège, les places étaient définiés avant le départ: tel garçon avec telle fille, etc., autant que possible on met le cavalier avec la jeune fille qui pourrait faire la future mariée...
II. 220. QUELS VÊTEMENTS PORTENT LES MARIÉS ET LES PERSONNES QUI FORMENT LEUR SUITE? QUELLES PARURES? DANS QUEL ORDRE LES SUITES VONT-ELLES À LA CÉRÉMONIE ET Y REVIENNENT?
Jusqu'en 1880 environ, les veuves étaient toujours vêtues de noir, toute leur vie. Les femmes, en ce temps, se mariaient en mantaleta.
II 222. LES MARIÉS, FONT-ILS CÉLÉBRER DES MESSES EN MÉMOIRE DES ÂMES DE LEURS ANCÊTRES, PORTENT-ILS DES OFFRANDES ET DES LUMIÈRES SUR LE TOMBE FAMILIALE? QUAND PRATIQUENT-ILS CELA?
S'il y avait eu un deuil dans l'année ou repoussait le mariage d'un an, souvent.
II. 223. CONDUITE DU CONJOINT ADVENTICE AU DOMICILE CONJUGAL. QUI L'ACCOMPAGNE? DANS QUEL ORDRE VONT-ILS?
Après la messe on allait à la maison en cortège. S'il y avait un appéritif, on allait à l'auberge et on en repartait tous. Mais souvent l'appéritif reprenait dans la maison.
II. 224. YA-T-IL COUTUME D'AVOIR UNE CHARRETTE DE MARIAGE? QUELS OBJETS Y A-T-IL DANS CELLE-CI? COMMENT SONT DÉCORÉS LA CHARRETTE ET LES BOEUFS OU LES VACHES QUI LA TIRENT? QUI GUIDE LA CHARRETTE? COMMENT S'APPELLE L'ORNEMENT? Y A-T-IL DES ANIMAUX QUI FONT PARTIE DE CELUI-CI? QUI APPORTE DES CADEAUX ET QUELS CADEAUX?
Presentak: 8 à 10 jours avant la cérémonie on amenait les cadeaux en charrette, à la maison. C'était un jour sur semaine. On faisait alors un repas pour ce present-eguna, c'est presentako bazkaria. Il n'y a, à cette occasion, que la maîtresse de maison et ses invités. Les futurs mariés venaient parfois, pour le dessert par exemple. Cette pratique ne se faisait que dans les grandes maisons. A cette occasion, venaient les femmes, surtout si elles ne venaient pas au mariage; c'est une affaire d' etxekandere.
La chambre future est cirée; il y a là les meubles neufs faits par le menuisier du village. La couturière a bien rangé le trousseau dans l'armoire qui reste ouverte; certaine femmes (visiteuses) poussaient même les piles de linge pour s'assurer qu'il y en avait bien sur deux rangs. Tous les présents sont installés sur la table. La vieille etxekandere les montre et annonce: telle maison a donné ceci, telle maison cela, etc.
II. 226. ANNONCE-T-ON AUX ANIMAUX DOMESTIQUES LE MARIAGE DE L'HÉRITIER DE LA MAISON? QUI RÉALISE CETTE ANNONCE? COMMENT?
Bien avant le mariage, les pères se réunissaient dans la future maison. Après avoir pris un bon casse-croûte, il visitaient les lieux (étable, porcherie... ).
II. 227. Y A-T-IL UNE CÉRÉMONIE SIMULANT LA VENTE, L'ENLÈVEMENT OU LA DISPUTE ENTRE BANDES PAR RAPPORT À LA MARIÉE?
Lorsqu'un étranger au village venait voir sa future fiancée, il était accueilli à coups de cailloux ou de bâton. Il ne s'aventurait pas seul!
II. 229. UNE PRATIQUE RITUELLE A-T-ELLE LIEU PENDANT LE BANQUET DE NOCE? OÙ A LIEU CELUI-CI? QUEL EST L'ORDRE DES PLATS? DANS QUEL ORDRE SONT PLACÉS LES CONVIVES? LES MARIÉS, DOIVENT-ILS SE TENIR PENDANT LE REPAS À DES PRESCRIPTIONS DETERMINÉES?
Le repas était long, comme de nos jours, une demi-journée (actuellement on tend à le faire le soir, au restaurant). On se mettait à table à 1h 30 et on en sortait ver 5 h. On dansait entre les plats, on chantait... Le charpentier faisait le service du vin.
Le repas de mariage ressemble à celui de l'enterrement, c'est une grande fête, mais on n'invite pas aussi loin dans la parenté pour un mariage. Les voisins sont toujours invités sans exception et on prend une "cuisinière" (femme habituée à faire des repas pour beaucoup de gens); les voisins sont pris dans le voisinage au sens large (pour la mort on n'invite que lehen auzoak).
En principe le repas a lieu le samedi, avec la cérémonie. Le jeudi a lieu present-eguna: viennent ceux qui sont invités ce jour là et qui peuvent aussi venir au mariage (ce qui n'est pas obligatoire). On leur offre un repas, dans la maison. Le vendredi, les voisins viennent aider; en fait, les femmes viennent aider la cuisinière.
Le jour du mariage en plus d' etxeko bixkotxa, une personne faisait katalan broxa.
Pour les communions c'est encore le même type de repas mais avec beaucoup moins de monde.
Poule au pot, bouillon-tapioca. Entrée. Sauce de veau-champignons ou rôti, ou gigot avec divers légumes, ou haricots et petits pois. Fromage. Dessert.
II. 231. UNE DANSE SPÉCIALE A-T-ELLE LIEU? QUELS SONT LES JEUX ET LES DIVERTISSEMENTS QUE L'ON CÉLÈBRE? QUELS INSTRUMENTS DE MUSIQUE JOUE-TON? QUELLES CHANSONS ENTONNE-T-ON?
On dansait jantza luzia; comme de nos jours. La jeune mariée guidant le cortège. On sortait aussi sur la place du village pour danser; c'était surtout la noce qui dansait alors. Parfois la farandole allait danser dans le village de la mariée, s'il n'était pas très éloigné.
II. 232. COMBIEN DE TEMPS DURENT LES FESTIVITÉS DE LA NOCE?
Il y avait ainsi deux jours de fête. Pas "voyage de noces". Dans les grandes maisons, le second jour il y avait un repas servi par la mariée, son époux servait le vin.
Prenaient part à ce repas: les premiers voisins ainsi que la parenté, avec les cuisinières.
II. 233. CÉLÈBRE-T-ON LE LENDEMAIN DE NOCES? QUAND? EN QUOI CONSISTE-T-IL?
Voir 232.
II. 235. COMMENT EST JUGÉ L'ADULTÈRE, DE QUELLE FAÇON ET PAR QUI EST-IL PUNI?
Il y avait bien plus de femmes trompées que de maris. Ils étaient très coureurs! Il y avait bien des histoires... on se demande comment il n'y avait pas plus de filles enceintes (et pourtant, beaucoup l'étaient avant mariage... ).
On faisait le charivari aux adultères et on faisait une traînée de fleurs de porte à porte de maison. On faisait cela tous les samedis soirs, du temps de ma jeunesse. On faisait de même pour un remariage de veuf car on estime qu'il aurait dû donner une bonne pièce à la jeunesse du village. L'adultère aussi devait payer.
Le charivari se faisait avec des casseroles, des cloches de vache, etc. C'était encore courant dans les années 1940-1950.
II. 236. SÉPARATION D'ÉPOUX EN MAUVAIS TERMES. CE FAIT, EST-IL FRÉQUENT? DIVORCE; SA FRÉQUENCE ET SES MOTIFS. CONCUBINAGE DE PERSONNES DIVORCIÉES.
Les séparations étaient rares, c'était une honte! On a connu des cas, le mari partait alors en Amérique.
II. 237. COMMENT SONT JUGÉES ET TRAITÉES LES UNIONS LIBRES? DURÉE ET EFFETS DE CES DERNIÈRES. SITUATION DES ENFANTS NATURELS ET DE LEUR MÈRE.
Il y a eu des enfants naturels, C'était la honte pour la fille surtout pour la famille un peu mais pas pour la maison ou le village. Il y avait une maison dans un village avec cinq enfants dont trois filles. L'une des trois est tombée enceinte d'un garçon que l'on dit xoila c'est à dire d'une maison très modeste dont les parents n'étaient pas du même
"rang" que ce patriarche, père des filles. On ne voulait pas que la fille sorte avec ce garçon, mais elle finit par tomber enceinte. Le pére la mit à la porte de la maison. Le jour elle se cachait dans la forêt à côté du village; le midi et le soir, en accord avec la mère, une soeur apportait en cachette du père, le repas, pour qu'elle vienne le manger dans la maison X... Alors quand le "fiancé" vit cela, il partit en Amérique et lui envoya de l'argent pour qu'elle le rejoigne. Elle partit et sa fille naquit là bas. Mais elle vécut bien trois mois à l'abandon. Sa mère était très malheureuse et le père se moquait bien de ce qui pouvait lui arriver. Ceci est un cas extrême, mais en régie générale on mettait la fille dehors. On ne cherchait pas a priori à retrouver le garçon pour "s'arranger". Ou alors la décennie après on les mariait de force. Mais souvent la fille était déçue dès le premier jour du mariage et passait une vie triste. Ainsi cette fille de Béhorleguy mariée de force; le docteur qui les accouchait disait un jour: "ah les filles de la maison X..., elles sont belles comme le jour; elles se marient avec des hommes qu'elles n'aiment pas; elles sont déçues le premier soir de leur mariage et après, elles flétrissent comme une rose". Des filles coquettes, elles vivaient terrées dans les maisons. Si les familles riches tendaient à mettre les filles à la porte, les maisons pauvres étaient bien plus conciliantes, elles savaient accepter.
Enquête réalisée par Michel Duvert