Apéndice: Rôle des voisins durant le rite funéraire à Ossès/Ortzaize (BN)

De Atlas Etnográfico de Vasconia
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«Le voisinage: Ma maison natale se trouve dans l'un des quartiers les plus montagnards d'Ossés (Ortzaize), à Ahaize-mendi, à 5 Km. de l'église. Les maisons y sont éloignées les unes des autres et le premier voisin de ma maison est à 800 mètres. Au bourg, les maisons sont très rapprochées.

Chez nous, le premier voisin, lehenauzo, est le plus proche au point de vue distance. Il y a aussi un second voisin, bigarren auzo, qui est défmi sur le même critère. Il n'y a pas de «troisième voisin». Lehenauzoa est le plus important. Tous les autres voisins sont regroupés sous la dénomination de kartierra ou auzoak.

Le premier voisin: le premier voisin est le premier averti. En général, il connait toute la proche parenté de son voisin; il se charge de leur annoncer la nouvelle, le jour et l'heure des obséques: hilmezuak egiten ditu. II se charge également de commander le cercueil, la gerbe ou la croix. Il s'occupe de la collation (repas) aprés la cérémonie des obséques. Il va chercher la croix, lors de la mort, à l'église, tres souvent avec le second voisin.

Dans le cortége il occupe la premiére place, en tete, tenant la croix et en tenue de deuil. Aprés lui viennent les hommes de la famille, le second voisin et le reste du voisinage. A l'église, il s'installe au bout du premier rang, avec les hommes du deuil; l'extremité du premier banc donnant sur l'allée, où est le cercueil, lui est réservée. C'est lui qui fait la quéte. C'est lui qui annonce la collation offerte, et ce, en fin de cérémonie.

C'est lui qui, à la fin de la collation, dira à tous les convives de se lever et il fera une courte priére à la mémoire du défunt.

La premiere voisine: elle habille le mort. Elle marque les messes que l'on offre.

Dans le cortége, elle est en tete des femmes, suivie des femmes du deuil et des autres voisines; elle était vétue de mantaleta et portait deux ezko jusqu'à l'église.

Elle occupe également l'extrémité de la premiére rangée donnant vers l'allée. Elle est avec les femmes de la famille en deuil, alors que la seconde voisine, tout comme son mari, sont plus «fondus» dans la parenté, au sens large du mot.

La premiére voisine va, avant d'entrer dans l'église, allumer les deux ezkoak les placer sur une chaise devant elle. Pour l'inhumation elle les posera sur la tombe et les éteindra des l'inhumation achevée. (Autrefois la famille proche ou lointaine restait dans l'église. Seuls sortaient pour l'inhumation le premier voisin et sa femme, le curé, les porteurs de cierges. Quand le curé rentrait â nouveau dans l'église, aprés l'inhumation, tout le monde sortait de l'église, la famille en premier)

Le second voisin: Il est là pour suppléer au lehenauzo, celui-ci pouvant étre âgé ou atteint d'incapacité temporaire ou non. Le lehenauzo pouvait aussi avoir besoin d'aide.

Dans les quartiers éloignés, le trajet jusqu'à l'église pouvait durer une heure et demie. Dans ce cas là on se relayait. Comme on le yerra plus bas, le second voisin tenait lieu «d'éclaireur», argiketari, il pouvait aussi relayer les porteurs, dans les cas des longs trajets.

Bigarren auzoa eta kartierra: Dans le cortége il y avait quatre porteurs de lumiére, argiketari: le second voisin en était souvent, ainsi que ceux du quartier. Il y avait aussi les quatre porteurs, kutxaketariak. Dans le cas de notre maison éloignée, les éclaireurs portaient simplement un cierge qu'ils allumaient en s'approchant du village; ils se relayaient avec les porteurs lors des poses. Tous ces hommes étaient en tenue de deuil. Seules les chaussures n'étaient pas de circonstance, vu le long trajet et on les mettait juste avant d'arriver au village.

Généralement le voisinage est au complet pour sortir avec le mort de sa demeure terrestre et pour le suivre sur deux rangs, hommes et femmes, dans le cortége funébre»[1].


 
  1. Témoignage recueilli auprès de Antoinette Lekunberri et de sa fille Tehexa Lekunberri.